
Le paludisme est, avec la tuberculose et le virus du sida, l’un des fléaux majeurs de l’humanité, responsable notamment de la mort de près de 800.000 personnes chaque année dans le monde. La dernière révolution dans son traitement a été l’arrivée dans les années 1990 des dérivés de l’artémisinine, substance naturelle antipaludique présente depuis deux mille ans dans la pharmacopée chinoise.
L’OZ439, un nouveau traitement à l’essai
En 2009, des chercheurs thaïlandais et le spécialiste français François Nosten annoncent l’existence de souches de P. falciparum résistantes à l’artémisinine près de la frontière cambodgienne. Cela était d’autant plus inquiétant que cette région avait déjà vu l’apparition des souches de P. falciparum résistantes à la chloroquine qui ont causé la mort de millions de personnes en Afrique. Face à ce nouveau défi, l’OMS vient de lancer un plan d’endiguement mais elle va probablement pouvoir aussi compter sur le puissant renfort de l’OZ439 dont le mode d’action inspiré de l’artémisinine, a jusqu’à présent rempli le cahier des charges attendu: il est efficace par voie orale en une seule dose, ce qui facilite son usage dans les zones reculées, étant entièrement chimique, il pourra être produit industriellement à faible coût. Il a déjà montré son innocuité chez l’homme même à très fortes doses. Mieux, il peut, à la différence des dérivés synthétiques de l’artémisinine, prévenir aussi l’infection à Plasmodium, surpassant en cela la méfloquine utilisée actuellement par les touristes. Les premiers essais chez l’homme ont démarré en Thaïlande.
Des faux médicaments sur le marché
Des analyses réalisées en Asie et en Afrique subsaharienne montrent que plus d’un tiers des médicaments utilisés contre le paludisme sont des faux ou sont de mauvaise qualité. Une situation qui est apparemment aggravée par la présence dans cette partie du monde d’un très grand nombre de médicaments anti-malaria qui sont de mauvaise qualité, voire même faux, rapportent des chercheurs américains et britanniques dans la revue Lancet Infectious Diseases.
Sur les 1437 échantillons de médicaments prélevés dans sept pays d’Asie du Sud-Est, 35% ont échoué les tests chimiques, 46% avaient des défauts d’emballage et 36% étaient tout simplement des faux. Des faux qui contiennent dans le meilleur des cas des faibles doses de produits actifs, ce qui favorise l’apparition des résistances aux médicaments contenant de l’artémisinine.
Dans le pire des cas, les médicaments analysés contenaient des produits désormais interdits à cause de leurs effets secondaires graves, dont certains cancérigènes.
Guy Michel TEZANO