
L’artiste n’existe pas parce que nous l’aimons
Ma personne,
#Nyangono du Sud refuse de s’insérer dans le paysage artistique en respectant les codes bien connus de nous tous. Ça a déjà commencé ! wayayouille !
A propos de la musique de Nyangono du Sud. Quel est votre problème ? Mets-toi tout simplement dans la piste. On danse !
Une « facebookeuse » a écrit, en commentaire au post d’une connaissance, que j’encourage la médiocrité. Parce que j’ai écrit quelques mots sensés et élogieux sur l’art tel qu’il est pratiqué par le musicien Nyangono du Sud. Elle s’insurge contre Nyangono du Sud en ces termes :
« Devons nous penser ou même croire qu’il est un artiste, un vrai? Le Cameroun a t’il besoin des gens qui font de L’art juste un instrument de jeu ou bien des gens qui gens qui utilisent cet Art pour façonner le peuple, pour leur donner de l’espoir et le goût à la vie? »
Ce que j’avais dit est simple. Et je sais de quoi je parle. Le phénomène Nyangono du Sud n’est pas nouveau dans le domaine de l’art. Les artistes peintres peuvent le témoigner. Lorsqu’un « esprit sort de nulle part » et s’impose là où des « baobabs » ont mis 30 ans pour accéder cela devient incompréhensible et inadmissible. Avez-vous entendu parler de Jean-Michel Basquiat ? Il s’agit d’un peintre. Avez-vous entendu parler de Vassily Kadinsky ? De Jackson Pollock ? Je vous suggère de lire sur ces deux artistes.
Ce qui se passe en ce moment au Cameroun, avec le phénomène Nyangono du Sud, est tout simplement l’expression de notre analphabétisme artistique. Nous n’imaginions pas que la musique soit autre chose que celle que nous connaissons depuis un siècle. Nous n’étions pas prêts à cohabiter avec ce type d’artiste. Parce que Nyangono du Sud refuse de s’insérer dans le paysage artistique en respectant les codes bien connus de nous tous. On a toujours écouté ceci et, un matin, un chibagnard sorti de nulle part vient nous dire que c’est plutôt cela que l’ont doit désormais écouter ?
Ce que je te conseille, ma personne, voici :
L’artiste n’existe pas parce que nous l’aimons. Même s’il a besoin de notre compagnie, de notre reconnaissance. Ce qui lui importe le plus c’est qu’il évacue ses sentiments, ses frustrations, ses rêves, son bonheur intérieur, ses ressentiments.
Vous l’aimez ou pas, c’est votre affaire. Parce que justement l’art est personnel, subjectif, conspirateur, impertinent et imprévisible. Méfiez-vous de croire qu’est artiste celui qui est passé [absolument] par un atelier ou une académie. Il n’en est rien du tout. Vous trouverez des génies parmi les anciens académiciens, comme parmi ceux qui n’ont été dans aucune école. On appelle ces derniers les « naïfs ». Autodidactes ou naïfs parce qu’ils ne travaillent sous aucune influence extérieure.
T’est-il arrivé de haïr une personne avec qui tu n’as pas affaire ? Comment tu fais alors ? Tu te fais bien évidemment violence, tu t’auto-censures. Parce que cet élan d’animosité vis-à-vis du semblable n’est pas acceptable. Il y en a qui, face à cette situation, vont jusqu’à s’infliger une peine privative. Ce faisant ils polissent leur raison. Ceci pour faire comprendre aux uns et aux autres que Nyangono du sud même s’il est un artiste atypique mérite notre attention, notre considération. D’ailleurs que nous le voulons ou pas, il fait sa route. Et il le fait tellement bien que nous voyons en lui un produit bien modelé pour répondre aux attentes d’une clientèle avisée. Nous n’allons pas aborder la contribution des médias et de son activité commerçante dans cette chronique.
Lorsque nous parlons de Nyangono du Sud, nous parlons de l’artiste. Pas du businessman. Nous parlons de cet artiste qui ne veut pas être artiste comme les autres. Cet anti-artiste qui défraie la chronique parce qu’il est exceptionnel. Parce qu’il est un produit commercial. Il l’est parce que l’art a cessé d’être celui que nous connaissions avant lui : l’enfer ou s’acoquinent les imitateurs Cet anti-artiste est à la fois humoriste, chansonnier, comique, danseur, mannequins. Observe ses spectacles et vous comprendras de quoi je parle. Dans l’humour il y a eu des gens comme Louis de Funès, Charlie Chaplin, et plus proche de nous Jean Miché Kankan. Dans la musique vous avez eu Michael Jackson. Il s’agit des gens de la même race. Ils déconstruisent les codes de l’art tels que nous les avions connus avant leur avènement. Pourquoi vous obstinez-vous à penser que l’art ne devrait pas nous être servi autrement ? On ne parle pas de l’art comme on parle du gaz domestique ou de la fabrication du savon. L’art, on le découvre, on le contemple, on l’écoute, puis on l’aime ou on le déteste. Ne sois pas comme ces gens qui vous disent qu’ils étudient l’art et construisent des discours à l’opposé de celui de l’artiste. Des discours conspirateurs. Ils créent quelque chose de différent. Ils assassinent les émotions de l’artiste. Ils ont appris à assassiner les artistes. C’est leur job et il l’assume tant bien que mal.
Nyangono du Sud chante faux. Sa voix est stridente et naïve. Justement c’est une des choses qui font de lui un artiste atypique. Un grand artiste. Il a été suffisamment courageux de prendre le risque de s’autoproclamer artiste musicien. Ce courage, ce magnétisme extraordinaire, ces tenues sur mesure, ces déhanchements katinoïques ou ramtamplanesques de ses danseuses, ses petits foulées de boxeur font de lui un artiste majeur dans la meute. Nyangono du Sud est un « joueur » et il joue parfaitement sa partition qu’il a savamment composée. Le plus important aujourd’hui la question n’est plus de savoir s’il est artiste ou pas, mais qu’il maintienne la flamme allumée. Qu’il ne baisse pas la garde face aux critiques et aux animosités de toutes sortent qui tentent de l’étrangler. « Wayayouille ! »
L’art, c’est quelque chose de bizarre dont les hommes tombent amoureux sans raisons scientifique.
Momokana