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Les conclusions du Deuxième rapport du recensement général des entreprises effectué en 2016 sont alarmantes. Il conclue à la « mortalité des entreprises ».
L’opération réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) sur la période de 2009 à 2016 permet de tenir des « indicateurs de la démographie des entreprises » nécessaires à l’atteinte des « objectifs de la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique (SNDS) ».
Un constat se dégage d’emblée : la mortalité des entreprises est réelle. Dans la mesure où « sur les 6 458 entreprises de départ, il apparait que 2 316 ont cessé leur activité pendant la période intercensitaire, la quasi-totalité (environ 95 %) ayant arrêté l’activité avant 2014. Ce qui permet de situer le taux global de cessation d’activités à près de 36 % sur la période sous revue », relate le rapport de l’INS.
Qu’est-ce qui explique cette mortalité des entreprises ?
Trois principaux facteurs expliquent la mortalité des entreprises : le capital humain (la difficulté des promoteurs à inscrire leur entreprise dans l’objectif de répondre à un besoin réel), le capital social (la capacité de transformer un problème en opportunité d’affaires) et l’environnement économique (l’absence de la culture entrepreneuriale chez les promoteurs d’entreprise).
Mais il y a également « D’une part, les éléments exogènes tels que le coût du travail, le niveau de taxation et la concurrence sur le marché ; d’autre part, les éléments endogènes tels que le manque d’expérience managériale du ou des créateurs, la méconnaissance du secteur, le manque d’initiative ou tout simplement le manque de jugement entrepreneurial de la part du créateur d’entreprise », précise l’étude.
La répartition spatiale des entreprises disparues.
L’étude a été menée sur l’ensemble des 10 régions du Cameroun. Mais l’ampleur de la cessation est plus ou moins cruciale d’un lieu à l’autre. C’est ainsi que la région du littoral est la plus touchée avec 1495 entreprises fermées. Suivent Les régions du Centre (484), de l’Ouest (135) et du Nord-Ouest (42) suivent respectivement l’Est (35), l’Adamaoua (29), le Sud-Ouest (24), le Nord (23), le Sud (21).
En outre, cette mortalité précoce touche le plus le secteur tertiaire (84,3%). Il est suivi du secteur secondaire (11,8%), du secteur non déclaré (3,2%) et du secteur primaire (0,6%). Notons que les entreprises les plus touchées sont les très petites entreprises (TPE) qui généralement sont des entreprises individuelles. Elles sont plus vulnérables, aux côtés des autres catégories que sont les grandes entreprises, les moyennes entreprises et les petites entreprises qui disposent des sources beaucoup plus importantes pour conquérir le marché et résister aux secousses.
Un autre détail important du rapport concerne le genre et la formation des créateurs de ces entreprises. Les femmes échouent plus, elles sont jeunes, peu instruites.
Quelles perspectives pour inverser cette tendance ?
Des recommandations sont formulées pour tenter de sortir de cette mortalité qui hante le tissue entrepreneurial au Cameroun. Ce sont des moyens qui s’opposent aux déterminants de la cessation.
La première vise la mise en place d’un système de surveillance de proximité auprès des entreprises, ceci dans l’objectif de pouvoir « déceler à temps les signaux de détresse que pourrait émettre une entreprise et de le référer aux structures compétentes en temps opportun » ; d’entreprendre des nouvelles études plus systématiques sur la mortalité des entreprises ; de créer un environnement propice à la survie et à la pérennité des entreprises ; de favoriser le développement d’une culture entrepreneuriale, notamment auprès des jeunes ; de créer un environnement propice au développement des PME.
Augustin Roger MOMOKANA