
« Si la multiplication des péages avait des atouts économiques comme l’on veut nous faire croire, il y a fort à douter que c’est le département de la Menoua qui pouvait en bénéficier. Lorsqu’on remarque avec quelle boulimie certaines élites du pays détournent des projets porteurs au bénéfice de leur localité, l’on comprend très mal pourquoi quand il s’agit de dépenser pour franchir ces barrières, c’est plutôt la Menoua qui est sollicitée », une élite politique de la Menoua sous anonymat.
Les populations du groupement Baleveng de l’arrondissement de Nkong-Ni, département de la Menoua, et les pouvoirs publics ne s’accordent pas sur le choix du site devant abriter un péage routier automatique.
La construction en perspective, d’un péage routier automatique, à quelques encablures du pont de « Douzem » sur l’axe routier, Bafoussam-Dschang, notamment, sur le site de l’ancien délocalisé, abandonné au bénéfice du lieudit Kiagni (limite du groupement Baleveng avec le groupement Bamendou), se précise.
Le 16 octobre dernier, les pouvoirs publics ont procédé aux travaux de balisage préalable au démarrage du chantier. Il s’est agi, également, du recensement des populations riveraines. Cette deuxième, de sources bien informées, induirait l’ouverture du processus devant aboutir à l’expropriation pour cause d’utilité publique.
La construction annoncée d’un péage routier automatique à Nkong-Nzem n’est pas du goût des riverains. Selon Abram GUEDONG et Paul FOGHAP, les deux porte-parole des riverains, le projet viendra détruire un patrimoine multiséculaire inestimable.
« Nos propriétés sont des terrains familiaux hérités de nos ascendants. Ils y ont vécu et nombre sont décédés ; leurs tombes sont là. Le péage automatique est venu tout prendre. Où va-t-on nous recaser étant donné que le village Baleveng et Bafou ne disposent plus de terrain non occupés ? »
Au-delà de la bataille pour l’abandon du droit coutumier sur le patrimoine foncier, se pose le problème de mobilité des riverains du péage. Comment sera-t-il réglé le droit de passage des riverains ?
« Quand nous avons été au mis au parfum qu’il abritera le péage automatique, le chef supérieur du groupement et le comité de développement, mobilisés, ont écrit une lettre de protestation au gouvernement pour l’en dissuader. Afin que nous ne tombions pas dans les désagréments de l’ancien péage. Dans le libellé de la correspondance, ils ont lui demandé de l’ériger soit à la limite entre le groupement Baleveng et Bamendou, soit à la limite entre le groupement Baleveng et Bangang étant donné les enjeux de la route du désenclavement du bassin agricole de l’Ouest, soit sur le site du péage de Santchou », expliquent les deux porte-paroles.
DONGMO David, le maire de la Commune de Nkong-Zem, partage l’avis des populations de sa municipalité. Répondant à notre confrère Le Messager il qualifie de « fondées, légitimes » les revendications des populations.
«Le problème qui se pose est de savoir où l’on va recaser, décemment, les riverains du site qui seront déguerpis. Comment peut-on avoir deux péages dans un même département ? » S’inquiète le maire DONGMO David.
Cette question a toujours nourri les discussions dans les chaumières, que ce soit à Dschang ou dans les milieux des élites de la Menoua. De sorte que la surprise du préfet de la Menoua, MBOKE Godlive NTUA, qui qualifie la position du maire DONGMO David de « la duplicité de l’édile de Nkong-Ni » relève tout simplement de la méconnaissance de la forte pression que subirait le maire de la part, à la fois, de l’élite extérieure comme de la population locale.
Selon une élite politique, la question des péages, loin d’être un avantage économique dans la Menoua, constitue plutôt une frustration et un mépris gravissime. Car l’on ne peut pas comprendre comment deux péages distants l’un de l’autre de moins de 20 km. Il est même question maintenant que l’on élimine même l’un de ces péages de la Menoua.
« Il s’agit ici de dire et d’insister qu’il faut absolument éliminer l’un des deux postes de péages de ce département pour être juste et éviter de frustrer encore cette unité administrative et plus particulièrement cette localité de Baleveng. Qui risque dans ce nouveau projet de souffrir durablement du déguerpissement des populations et de l’inconfort dans les déplacements. L’on doit, pouvoir, à terme, avoir un seul péage dans la Menoua, si l’on ne veut pas pousser les populations à bout avec une pression telle qu’elle se retrouve obligé, chaque fois, de protester. La loyauté et la courtoisie qui a toujours transparu dans les discours ne doit pas laisser l’impression de la faiblesse et engendrer des abus révoltants. »
Avec AZAP NDONGO