
Auriol TCHOUMI, un jeune Camerounais interpelle la conscience du gouvernement camerounais face à la rude concurrence des Chinois sur le marché du détail au Cameroun. Il s’est exprimé au travers d’une vidéo en boucle sur les réseaux sociaux. Ce cri de détresse sera-t-il entendu ?
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 05 octobre 2021.
Selon ce jeune camerounais les chinois ont pris le monopole du marché du détail au Cameroun. Pour cela il demande au Chef du gouvernement de protéger la jeunesse camerounaise face à la déferlante chinoise.
Auriol TCHOUMI est un jeune entrepreneur dans le secteur du print et de la communication digitale depuis quelques années, comme il le précise d’entrée.
« Monsieur le Premier Ministre, il y a deux jours, vendredi dernier notamment, en passant devant l’endroit dit *Rond-point CCC*, j’ai fait le constat selon lequel l’entreprise CCC qui est en cessation d’activités depuis presque cinq ans et peut-être plus aujourd’hui, a cédé une partie de ses installations à des Chinois qui ont déjà fait un branding. Ça va s’appeler China Mini Mail. »
Selon le jeune entrepreneur, cette cession participe à l’autodestruction du tissu économique camerounais, notamment en ce qui concerne le détail ou la distribution. Dans la mesure où les camerounais qui allaient se ravitailler en Chine n’ont plus droit au visa. Les autorités chinoises leur refusent désormais le sésame, les redirigeant vers les enseignes tenues au Cameroun par leurs compatriotes.
Ce commerce de distribution et du détail pour lequel les Chinois ont pignon sur rue au Cameroun a été possible grâce au laisser faire du gouvernement camerounais, peu soucieux de la rude concurrence à laquelle sont soumis les importateurs locaux.
« Qu’est-ce que ça veut dire le China Mini Mail ? Ça veut dire que depuis deux ans, les Chinois ont mis sur le marché beaucoup de produits : les accessoires de la mode, de cuisine, etc. Ce sont des accessoires qui ne coûtent pas chers pour se les procurer. Les jeunes camerounais ont compris que sur la plateforme Ali Baba ils peuvent faire des achats en Chine, faire transiter cela au Cameroun et les revendre. Il y a des limes couteaux, des jeux d’assiettes, les jeux de marmites. Je ne peux pas tous les citer (…) L’article qui vous est revenu à 10 000 FCFA vous le revendez à 13000 FCFA et vous avez 3000 FCFA de bénéfice. »
Ayant constaté que ce marché est accessible et ouvert à tous les Chinois ont décidé de fermer les vannes et de venir eux-mêmes s’installer au Cameroun pour se livrer au commerce de détail. Se joignant ainsi aux Libanais qui ont le monopole dans le commerce du vêtement importé.
En ce qui concerne le marché de la sérigraphie, par exemple, notre jeune homme d’affaires fait savoir qu’il lui est impossible d’obtenir la moindre commande. Parce que les Chinois sont présents partout, y compris au niveau des prestations aux partis politiques à l’instar du RDPC et du MRC.
« Vous prenez le marché des banderoles, Monsieur le Premier Ministre, ce n’est plus possible. La plaque de la direction générale des Impôts à Yaoundé. Les deux enseignes-là, c’est fait par MCP (Matériel Chinois de publicité). Donc moi TCHOUMI je ne peux pas gagner un marché à Yaoundé. C’est le Chinois qui va le faire. Et on va me dire que *écoute ! Ce que le Chinois fait à 100 000 tu vas le faire à 150 000 FCFA*. Monsieur le Premier Ministre, si le Cameroun me donne 50 000 FCFA c’est tuant ? C’est tuant si mon pays me donne 50 000 FCFA ? »
En attendant la réponse du Chef du gouvernement, Auriol TCHOUMI annonce une grève de la faim pour cette semaine. « Excellence, je suis né dans la pauvreté, j’ai grandi dans la pauvreté, mais j’ai choisi de ne pas mourir dans la pauvreté. Ce n’est pas mon pays qui va m’empêcher de pouvoir vivre dignement (…)», tonne notre compatriote.
Et d’ajouter : « Excellence, c’est un fils de la République qui vous parle. C’est un fils de la Patrie qui vous parle. Excellence, vous êtes entrain de nous pousser à commettre l’irréparable pour nous, pour notre avenir. On va facilement y arriver. Dans moins d’une semaine, peut-être dans quatre jours, je vais aller m’asseoir là-bas et faire ma grève de la faim. Je vais aller m’asseoir devant ce MINI MAIL. Que le Chinois fasse du gros oui, qu’on achète des machines en Chine oui. Mais que le Chinois vienne faire du détail au Cameroun, parce que les Libanais font du détail, parce que les indiens font du détail, on ne peut pas continuer comme cela. »
A genoux, il demande au Premier Ministre de sauver les commerçants camerounais. Il s’agit de protéger les commerçants camerounais car, « nous sommes vos enfants, nous sommes la relève de demain, nous sommes ce que vous appelez fer de lance, s’il vous plait sauvez nous ! », implore-t-il pour conclure.
Augustin Roger MOMOKANA