
Deux grandes plumes du journalisme, deux visions du journalisme. Ce qui ressort de l’observation faites sur deux réactions de journalistes qui, face à la loi, ont affiché des comportements différents.
« Je sais par expérience que c’est quand il est sur la bonne piste que le bon journaliste est persécuté ; alors il doit persévérer », écrit Pius NJAWA dans « Le Bloc-notes du bagnard».
Le premier s’appelle Pius NJAWE. Il est le fondateur et directeur du quotidien Le Messager. Un jour, il a cru devoir informer ses lecteurs d’un malaise cardiaque qu’a eu le président de la République alors qu’il présidait la finale de la Coupe du Cameroun de football au Stade Ahmadou Ahidjo. Il sera par la suite interpellé, jugé et condamné sans qu’il revienne sur l’information qu’il a partagée avec les lecteurs. Laquelle se résumais par une question sur l’état de santé du président de la république du Cameroun. Pendant son procès, le procureur de la république lui conseillât : « Monsieur Njawé, même si le président de la République est malade, vous devez écrire qu’il est en parfaite santé ! » Pius NJAWE sait qu’être journaliste c’est prendre des coups, y compris les plus tordus. Ainsi, le 13 janvier 1998, il est condamné à 24 mois d’emprisonnement ferme et écroué à la Prison centrale de New Bell à Douala.
«Je suis donc libre. J’ai ma liberté grâce à une caution morale. On m’a demandé d’écrire une lettre d’excuse; j’avais dit des choses qui étaient inexactes. C’était ou j’écrivais cette lettre là ou j’allais en prison c’est tout. Les autorités ont estimé que j’en savais trop et qu’il fallait dire la source de mes informations par rapport à la mort de Martinez Zogo. »
Le second s’appelle Xavier MESSE. Non seulement il est lui aussi un directeur de publication, mais aussi et en plus il enseigne le journalisme à l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC) de Yaoundé. Invité sur les antennes de Balafon Fm, il s’est fendu une déclaration sur la primeur de l’information au sujet de l’arrestation et de l’assassinat de l’animateur radio Martinez ZOGO. Convoqué par l’équipe mixte d’enquête, il a curieusement pondu une lettre d’excuse pour avoir menti : effet du buzz d’un maitre du journalisme ?
A l’analyse des deux cas, il apparait que Pius NJAWE qui ne se trouvait pas dans la loge présidentielle au moment du malaise du président s’était comporté en journaliste professionnel. Il aurait pu, pour éviter la prison, sacrifier sa source. Le faire lui aurait évité d’être jeté à New Bell. Cela aurait entaché sa réputation de grand journaliste, de journaliste professionnel. Contrairement à Pius NJAWE, Xavier MESSE a livré sa source. Il a tenté de sauver sa peau au lieu d’assumer la crédibilité de l’information qu’il a servie aux auditeurs, au lieu d’assumer son destin en tant que grand et maitre du journalisme.
Pour que l’on en arrive à la comparaison entre Pius NJAWE et Xavier MESSE, il a fallu que Zéphirin KOLOKO, dont le nom a été balancé aux enquêteurs par l’invité radio Balafon comme étant son informateur à propos de l’assassinat de Martinez ZOGO fasse une déclaration à l’issue de la confrontation avec Xavier MESSE devant les enquêteurs :
«Au cours de son audition mardi dernier devant la commission mixte police-gendarmerie mise en place par le Chef de l’État, Xavier Messè m’a cité nommément comme étant sa source d’information. D’où ma convocation que j’ai découverte sur les réseaux sociaux. Après confrontation entre Xavier Messè et moi devant la commission, il s’est avéré que je n’ai jamais discuté à ce sujet avec lui le 18 janvier 2023 ni à 3h ni à 5h comme il a indiqué sur les antennes de Balafon Radio. Mais il se trouve que j’ai échangé avec Xavier sur le sujet le dimanche 22 janvier 2023 après la découverte du corps. Xavier a affirmé que c’était l’émotion. Les enquêteurs courroucés ont voulu placer Xavier Messe en garde à vue. Nous avons milité pour sa libération contre une demande d’excuse rédigée séance tenante par Xavier Messe. Une demande dans laquelle il a reconnu s’être trompé à mon sujet à radio Balafon et au sujet de l’État du Cameroun. Le dossier a donc été classé », a souligné KOLOKO.
Augustin Roger MOMOKANA
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