Le Dr Francis Ampère Simo Kouam, spécialiste du droit des médias et de la santé à l’Université de Yaoundé II-Soa était à Bafoussam vendredi 29 avril dernier, dans la cadre d’un atelier de renforcement des capacités des journalistes et communicateurs exerçant dans la région de l’Ouest. Notre journal lui a posé quelques questions.
Comment réagissez-vous face à l’interdiction formelle de meetings de certains partis politiques par des sous-préfets, ceci par rapport au régime de déclaration de manifestations publiques en vigueur au Cameroun ?
Cela procède de l’ignorance de la loi par l’autorité administrative. Il y a beaucoup d’ignorance parce que le régime des manifestations est un régime de déclaration. Les organisateurs des événements devraient simplement informer les autorités administratives de la tenue de ces événement ; pour que les autorités les accompagnent dans l’atteinte de leurs objectifs. Mais on a comme impression que les autorités interprètent le régime des manifestations comme étant un régime d’autorisation. C’est une aberration.
Le préfet du Ndé a fait un malaise au cours de la cérémonie d’installation du nouveau sous-préfet de Bangangté. Du coup les forces du maintien de l’ordre ont saisi les appareils photo et les camera des journalistes et photographe présents à la place des fêtes. Quelle réaction le spécialiste du droit que vous êtes émet à ce sujet ?
Il s’agit, une fois de plus, d’une aberration. Parce que nullement le fait de filmer une autorité administrative dans un état de malaise ne constitue une atteinte à l’ordre public pour que leurs matériels de travail (des journalistes et photographes, ndlr) puissent être saisis. C’est un abus regrettable dans un Etat démocratique.
Un regard sur la formation que vous venez de conduire ici à Bafoussam et à l’intention des journalistes et communicateurs de la région de l’Ouest ?
Mon intention, en acceptant de conduire cet événement, était les capacités des journalistes et des communicateurs de la région de l’Ouest dans le cadre de leur activité quotidienne. Notamment en les amenant à publier désormais seulement les informations qui ont un intérêt général et en respectant les canons de l’écriture journalistique. En respectant les principes de l’éthique et de la déontologie professionnelle.
S’il fallait faire un résumé de la journée… les deux exposés que j’ai présentés le premier portait sur « Eléments pour un traitement responsable de l’information ». Je suis allé tour à tour de l’éthique professionnelle à la déontologie et aux limites de la liberté de la presse. Je me suis rendu compte que les journalistes à l’Ouest avaient un problème d’éthique, c’est-à-dire qu’ils se savaient pas exactement comment prendre la bonne décision quand ils sont face à une situation. Aujourd’hui je crois qu’ils ont compris que l’information qu’ils doivent publier est spécifiquement celle qui a un intérêt général. Et sur le plan déontologique qu’ils devaient viser, de manière obsessionnelle, la vérité en faisant recours très souvent à l’objectivité pour le traitement de l’information. Sur le plan du droit des médias qu’ils avaient intérêt à respecter la vie privée, le droit à l’image des individus et veiller à ne pas porter atteinte à la dignité, à l’honneur et à la considération des personnes. Ce n’est que sous cette base-là qu’ils peuvent exercer de manière professionnelle le journalisme au Cameroun et principalement dans la région de l’Ouest.
Propos recueilli par Momokana Augustin Roger
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