Le syndicat national des enseignants du supérieur (SYNES) annonce une « grève générale » le jeudi 14 octobre 2021. Elle fait suite à la torture infligée par le directeur de la sécurité militaire (SEMIL) du Cameroun, Colonel Emile BAMKOUI, à son membre, le Docteur Fridolin NKE.
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 11 octobre 2021.
« Une grève générale d’un (01) jour sera observée par tous les enseignants du Supérieur des institutions universitaires publiques du Cameroun, pour protester contre les atteintes graves aux libertés académiques des enseignants du Supérieur en général et les actes de torture infligés au Docteur Fridolin NKE en particulier ; Cette grève sera observée dans la journée du Jeudi 14 octobre 2021 », rapporte le communiqué du président du bureau exécutif national du SYNES.
Outre la grève de 24 heures les enseignants du Supérieurs font des injonctions au gouvernement camerounais. Parmi les trois points énumérés, le SYNES demande des actions administratives et judiciaires appropriées contre les auteurs d’acte d’enlèvement, de séquestration et de torture subies par Dr Fridolin NKE.
Les actions prises à l’encontre des personnes incriminées doivent être rendues publiques, afin que la communauté nationale en soit édifiée. Il s’agit, en gros, de nommer les personnes ayant participé à cette action, de rapporter les niveaux de responsabilités ainsi que sanctions qui en découlent à l’issue des procédures administrative et judiciaire.
Par ailleurs, le Bureau exécutif national, par cette même voix de son président, Professeur MTOPI FOTSO Blaise « prévient la communauté nationale de ce que la réitération des actes d’intimidation et de torture à l’encontre d’un enseignant donnera lieu, au besoin, à des actions plus énergiques, pour rendre effectif le respect, la dignité et la liberté académique ».
Pour mémoire, les enseignants du supérieur constitue le premier corps d’élite de l’Etat par sa mission et son apport à la formation de la ressource humaines chargé de servir l’Etat au plus haut niveau. Pour ce fait, ils méritent une protection particulière de l’Etat, face aux menaces pouvant surgir aussi bien pendant l’exercice de leurs fonctions qu’en dehors.
Retour sur les faits
A travers une vidéo, le 20 septembre 2021, depuis le bureau du Colonel BAMKOUI, Directeur de la sécurité militaire (SEMIL), Docteur Fridolin NKE, enseignant de philosophie à l’Université de Yaoundé I déclare : « j’ai déjà reçu trois gifles. Une de lui [colonel Bamkoui] et deux autres de ses éléments. Je suis ici contre mon gré. J’ai été arrêté parce que j’ai une affaire dans une compagnie où on m’a convoqué ce matin. C’est le Colonel Bamkoui qui m’ordonne de faire ce direct contre mon avis. »
Cette mésaventure de l’Universitaire fait suite à un débat idéologique avec le Colonel sur la guerre dans le NOSO. L’Universitaire demande aux soldats aux fronts de déposer les armes, ce que le Colonel assimile à l’incitation à l’insurrection.
Cette vidéo a étalée à la face du monde les méthodes barbares utilisées par la sécurité militaire, en violation flagrante du droit humain. Imposer à un individu, quel qu’il soit et quelle que soit l’objet de l’accusation, de raconter en mondovision son enlèvement et les tortures qu’il est entrain de subir est un acte défie à la justice.
Et le SYNES relève que le Cameroun dans le préambule de sa constitution a pris l’engagement conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte des Nations Unies, la Charte africaines des droits de l’homme et des peuples et toutes les conventions internationales y relatives que, « Que toute personne a droit à la vie et à l’intégrité physique et morale. Elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité. En aucun cas, elle ne peut être soumise à la torture, à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
Génération 90, un groupe de réflexion et d’action regroupant d’anciens dirigeants de la contestation estudiantine des années 1990 et 2000 quant à elle est intervenu, par une déclaration, pour demander la « révocation du COLONEL BAMKOUI et sa traduction sans délai devant la justice militaire ».
Depuis qu’il a reçu les gifles du Colonel Emile BAMKOUI, Dr Fridolin NKE se plaint constamment de ses yeux qui coulent et de violents maux de tête.
Augustin Roger MOMOKANA