Qualifions cela de honte. 40 véhicules (Fortuner, Pick Up Hilux, Corolla)de la honte offerts aux administrateurs civils (cinq préfets et 35 sous-préfets) alors que les enseignants sont aux abois et en dehors des salles de classe. Des enseignants qui, par leur stratégie de grève démontrent qu’ils sont les seuls à pouvoir façonner le monde. Loin de les abrutir, loin de noircir leur esprit, la craie et le tableau noir leur apportent plutôt un génie créatif extraordinaire.
La méthode et la démarche de leur grève sont tout simplement extraordinaires. Porte-paroles non identifiables, par conséquent impossible neutraliser, de les intimider et de les corrompre. Même l’armée n’y aurait pas songé. Ce n’est pas parce qu’ils sont enseignants que l’Etat doit leur manquer le respect ! L’urgence absolue d’apporter des solutions appropriées et définitives aux problèmes des enseignants s’impose.
Alors que les enseignants observent depuis deux semaines déjà un mot de grève en signe de protestation contre le traitement que l’Etat du Cameroun-leur employeur-leur inflige, ce dernier qui dit partout n’avoir pas de l’argent réalise pourtant l’exploit d’acheter 40 nouveaux véhicules aux préfets et sous-préfets. Des centaines de millions dépensés pour des fonctionnaires pas dans la nécessité.
L’État camerounais, qui s’en fout des enseignants en grève, n’a pas cru devoir suspendre le projet de d’acquisition de nouvelles voitures pour les administrateurs civils afin de se pencher sérieusement sur la résolution de la crise des enseignants qui, malgré le rôle qu’ils jouent dans la transformation du pays, ne bénéficient pas de l’attention des dirigeants.
Ce que les enseignants réclament à l’Etat, n’est pas impossible. Il s’agit plutôt des revendications qui ne méritaient pas d’être mises sur la place publique. Comment comprendre que des agents de l’Etat recrutés peuvent-ils faire 20 ans matricules, sans salaires, dans une fonction publique qui applique le principe d’un poids deux mesures ?
D’ailleurs, cette grève des enseignants a plongé le gouvernement dans un dilemme, lui qui a l’habitude de réprimer ou d’infiltrer pour casser les grèves. Les enseignants ont changé de stratégie : zéro marche dans les rues, zéro leader déclaré. Conséquence, ils restent dans les campus, mais ils lâchent la craie et le tableau noir. « On a Trop Souffert » et « Craie Morte » sont entrain de toucher les esprits. C’est l’impasse totale.
Face à ce serpent de mer, le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Joseph LE, s’est engagé : « J’ai lancé ce jour, une initiative à résultats rapides (IRR), en vue du traitement en 15 jours, de plus 8000 dossiers des enseignants reçus du MINESEC et du MINEDUB les 14 et 23 février 2022. J’ai prescrit à mes collaborateurs abnégation et rigueur au travail. »
Pour mémoire, OTS est un mouvement inédit dans l’histoire des mouvements sociaux au Cameroun. Par sa méthode, sa démarche, la détermination. « Ces enseignants démontrent qu’ils ont appris des erreurs précédentes et évitent jusqu’ici le piège dans lequel le gouvernement adepte de la répression veut les faire tomber», analyse un compatriote.
Augustin Roger MOMOKANA