Certains parlent de l’effet Maurice Kamto. D’autres admirent l’attitude impériale du président du Conseil constitutionnel. Une troisième frange se demande à quoi servira tout ce remue-ménage si, comme le soutien le candidat Joshua Osih, il n’y a pas eu élection dans les régions anglophones du Cameroun.
Que ce soit l’un ou l’autre, admirons le débat démocratique au Cameroun et l’intérêt soudain des Camerounais pour la politique. Ce débat est juridique, même s’il concerne l’élection présidentielle du 7 octobre.
Le premier argument est le constat fait, quelle que soit la localité où l’on se trouve : en campagne ou en ville, les gens ne sont pas indifférents à ce qui se passe au Conseil constitutionnel.
Des foules sont constituées devant les buvettes, les salles de jeux, les boutiques de vente de téléviseurs. Jamais on n’avait vu cela en dehors du football, lorsque les Lions indomptables livrent des rencontres capitales.
Maurice Kamto, scandé « c’est notre idole » par la foule réunie au Palais des Congrès à Yaoundé où siège le Conseil constitutionnel, qui ne laisse personne indifférente.
L’éloquence, le professionnalisme et la maitrise du droit par les avocats, le calme et l’attitude parfois embarrassée du Conseil constitutionnel sont autant des éléments qui ont permis au peuple de découvrir le Droit. Il est riche de curiosités (admissibles et inadmissibles).
Les facultés de droits, les demandes d’accès à la profession d’avocat pourront connaitre un fort taux dans les années à venir. Entendu que le Droit n’est pas synonyme de mensonge, de calomnie, mais de justice. Mais derrière cette mobilisation de notre peuple peut transpirer la soif du changement. Chacun voudrait être le témoin de ce combat de la justice pour le changement.
Quel que soit le verdict du Conseil constitutionnel la démocratie sortira vainqueur. Que Paul Biya conserve son fauteuil, que Maurice Kamto accède à la magistrature suprême, que Joshua Osih obtienne l’annulation du scrutin, le droit a triomphé. Le peuple a bien compris ce qui se passe derrière les officines chargées du processus électoral.
« Lorsque vous avez pour seul outil un marteau, pour vous, tout est un clou. Votre seul réflexe c’est de cogner ! », Pr Maurice Kamto.
Augustin Roger MOMOKANA