Le village Atchouazong, dans le groupement Foréké-Dschang, département de la Menoua, organise ce week-end des funérailles en hommage à feu Ndongson René, l’ancien maire de la commune de Dschang décédé en 1995. En marge du match de gala joué mercredi 28 novembre au stade du Cenajes (Centre national de la jeunesse et des sports) lequel a été sanctionné par la large victoire de la Diaspora sur le Cameroun ( 6-1) notre reporter s’est entretenu avec Gabriel Ndongson.
Gabriel Ndongson est résidant à Chicago, aux Etats-Unis. Il a accepté d’évoquer avec nous des sujets liés aux funérailles organisées en la mémoire de ses défunts parents.
Monsieur Gabriel Ndongson, les festivités des funérailles de vos parents sont effectivement amorcées avec ce match de football dont la finale a opposé la diaspora aux locaux. Dans quel état d’esprit organisez-vous ces funérailles ?
Dans un état d’esprit serein. Le match de gala a connu un franc succès. Et il vient arrondir la liste des manifestations déjà réalisées dans le cadre de ces funérailles. Hier c’était le nettoyage général de la concession. Tout s’est bien déroulé. Tout à l’heure on sera au village pour le Akoup et le Kezah.
Vous êtes parti des Etats-Unis pour les funérailles. Qu’est-ce cela représente pour vous ?
Je crois que les funérailles ont une importance capitale pour nous. Elles font parties de notre existence, de notre identité. Je dois vous rappeler qu’en ce qui me concerne je célèbre à la fois les funérailles de mon père et de ma mère. Ma mère que j’ai perdue lorsque j’avais quatre ans. Mon père qui est parti en 1995. Vous comprenez donc que je ne pouvais pas m’amuser avec ces funérailles qui, à mon avis, ont toute une signification.
Organiser ce type de manifestation nécessite d’énormes ressources. Combien pourriez-vous avoir mobilisé pour cette occasion ?
Les ressources, on ne les calcule pas. Parce qu’il s’agit d’un événement qui est unique. Je viens de vous parler de quatre ans quand je perdais ma mère. Ce qui signifie que depuis je pensais et attendais ce jour. Mon père qui est parti en 1995, je pensais à ce jour. Je me suis préparé depuis pour que cet événement soit couronné par un succès.
Pour beaucoup de personnes les funérailles sont stressantes, certes, mais elles sont aussi source du développement.
Exactement. Mais je dois dire que c’est stressant pour ceux qui ne se sont pas préparés. Pour moi c’est un événement pour lequel on ne doit pas lésiner sur les moyens. Je peux vous dire que j’accueille des amis qui viennent des Etats-Unis. C’est des amis que j’accompagne partout dans le monde : Madagascar, Afrique du Sud, etc. Aujourd’hui, c’est un événement qu’ils attendaient pour venir au Cameroun. Dès demain ils vont commencer à atterrir ici, venant de New York, Washington, Chicago, etc. Ils viennent pour m’assister.
Vous abordez là le côté touristique des funérailles de vos parents. Qu’est-ce que vous leur proposez pour agrémenter leur séjour ?
Ils vont découvrir la culture africaine et camerounaise sur place. Chaque fois qu’ils voient un truc sur le Cameroun à la télévision, ils manifestent leur désir de venir le vivre sur place. Hé bien aujourd’hui ils ont l’occasion de vivre leur rêve. Pendant leur séjour ils vont non seulement découvrir les danses et consommer les mets de chez-vous lors des funérailles, mais en plus ils vont découvrir les sites touristiques phares tel le musée des civilisations, et autres. Mon frère Barthélémy Ndongson s’est chargé de concocter un programme qui, je l’espère, leur fera plaisir. Sur le plan touristique, c’est un événement qui va permettre à des Africains de la diaspora de découvrir ce que nous avons à Dschang comme patrimoines touristiques. J’ai hâte de les accueillir et de leur faire découvrir ces particularités de notre terroir. Je sais qu’ils repartiront d’ici convaincus de ce que la musique n’est pas que du rap, du rock…
Justement, et parlant de musique il y a un single qui a été spécialement composé et chanté en hommage à votre père Ndongson René. Comment cela a-t-il été possible ?
J’ai été agréablement surpris par cela. Lorsque tout à l’heure, au stade, on assistait au match de gala, j’ai suivi les noms de mes frères, celui de mon père dans une chanson. Ce qui m’a beaucoup ému. C’est une musique qui a été bien faite. J’ai ressenti son fond. La mélodie me châtiait. Cela fait partie de l’héritage des funérailles que nous organisons.
Pour vous, les funérailles ont-elles des limites ?
Je crois que les funérailles n’ont pas de limites, d’autant plus qu’elles sont un catalyseur des rassemblements. Ces funérailles que nous organisons aujourd’hui m’ont permis de revoir mes frères et sœurs avec qui on ne s’est pas vu il y a 15, 20, et 30 ans. Pour cela vous comprenez bien pour quoi, à mon avis, les funérailles n’ont pas de limites. Beaucoup de personnes pensent qu’aller aux funérailles c’est aller boire une bière ou manger quelque chose. Ça va au-delà. Il y a des retrouvailles et des rencontres que nous faisons aux funérailles.
Evoquez, en quelques mots, la mémoire de votre père. Quel type de papa était-il ?
Mon père là où il est doit dormir tranquillement, paisiblement. Il doit savoir que ses enfants ont su rehausser sa mémoire. Aujourd’hui tout se passe comme s’il n’était pas mort. Parce que toute la ville de Dschang vibre aux rythmes de ses funérailles. Il a été maire de Dschang, et à ce titre aussi il a contribué à la construction de Dschang, vous le savez très bien.
Parlez-vous de son principal trait de caractère qui vous a le plus marqué.
Il était d’un caractère exigent. C’était quelqu’un pour qui le travail était sacré. L’un de mes petit-frères a relevé que le seul moment qu’on pouvait voir le sourire sur le visage de mon père c’était quand on rentrait du champ avec les machettes. Cela voudrait dire que mon père aimait les travailleurs ; et lui-même il était travailleur. Aujourd’hui les résultats sont là. Parmi nous vous avez des ingénieurs, dont votre humble interlocuteur, des médecins, des greffiers, etc. Tout ceci prouve qu’il a toujours prôné le travail, mais en passant par l’école.
Je vous remercie.
C’est plutôt moi qui vous remercie pour l’opportunité qui m’est donnée de parler des funérailles des mes parents qui se déroulent du 28 novembre au 1er décembre.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA