
Acteurs sociaux
Malheureusement les gouvernants n’ont pas encore de recettes miracle pour tuer le vers dans le fruit. Car sinon comment des intellectuels, des hommes politiques, des acteurs de la société civile, des activistes, des commis de l’Etat pourraient-ils encore se permettre des actes et des déclarations aussi tapageuses ? S’agirait-il toujours de la recherche du buzz ? En tout cas un tel dérapage porte des germes de la fissuration et de l’implosion de la stabilité de notre pays.
Bilinguisme
Si le bilinguisme dont on parle matin, midi et soir pouvait à lui tout seul être le moteur du développement, le Cameroun serait aujourd’hui au même stade que le Japon ou de la Malaisie. Malheureusement le bilinguisme de façade que promeut le Cameroun est une valeur d’emprunt dont la majeure partie de la population ne s’y accommode que très difficilement. Sur dix enfants inscrits pour les cours de langue, huit le font parce qu’ils souhaitent émigrer. Imaginons donc sérieusement un peuple qui ayant abandonné ses propres langues et traditions voudrait faires des importations des piliers de son développement. Je n’y crois pas du tout. Parce que plus de la moitié de nos enfants qui n’ont pas pu progresser à l’école ne serait pas des nulles s’ils avaient été enseignés dans leurs langues maternelles qui sont des propulseurs de l’excellence.
Communication
Le prétexte de la célébration de la 51e édition de la Fête nationale de l’Unité, le 20 mai, a permis au ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, de donner une conférence de presse où il a été question de dénoncer vertement le tribalisme et la xénophobie qui connaissent une côte vertigineuse au Cameroun. Il les qualifie de discours de haine. L’exclusion manifeste dans les nominations aux hautes responsabilités de l’Etat est finalement dans les rues et peut, si rien n’est fait dans l’urgence, créer des tensions ouvertes entre les tribus qui ne manquent plus l’occasion pour se tirer dessus. Ce qui peut constituer une menace pour la stabilité et la cohésion nationale.
Conscience collective
Notre sentiment d’appartenance à un même pays représente notre conscience collective. Mais parvenons-nous toujours à manifester cela dans des actes patriotiques? Si nous enlevons à quelqu’un son appartenance au Cameroun – cas du débat sur la double nationalité -, alors la conscience collective n’existe plus ni pour cette personne ni pour toutes les autres qui dès lors se sentiraient exposées à une exclusion similaire. Le fait que tous les fils d’une même mère, d’une même famille, d’une même tribu ou d’un même pays se sentent protégés d’égal poids par les lois les rassure et leur impose la même appréciation, à quelques degrés près et le même amour pour leur communauté. Car ce n’est pas le défaut de la conscience collective qui fait problème, mais les écarts d’actes et de comportements entre les fils qui rendent son expression difficile ou impossible.
Démocratie
Comment le discours de haine est-il une entrave à la démocratie ? Lorsqu’une personne vous insulte, méprise votre famille ou votre communauté du fait qu’elle soit plus dynamique, audacieuse et entreprenante que la sienne. La démocratie n’a aucun problème lorsqu’elle se trouve au niveau du peuple. C’est quand elle se trouve dans les mains des représentants du peuple qu’elle devient la monarchie et cruelle. Une fois encore, à cause de la maladresse qu’ont des élus d’accomplir exactement et objectivement leurs missions. Ils savent qu’en se faisant élire, ils ont obtenu des pouvoirs qui font d’eux des supérieurs, des blindés. Alors ils n’écoutent plus du tout, plutôt ils s’écoutent. Et dès lors que le peuple constate qu’il devient incapable de les ramener à l’ordre, alors il fait recours aux médias et aux réseaux sociaux, ainsi qu’aux manifestations de rue.
Education
Le plan national d’éducation et de formation à la culture citoyenne annoncé par le porte-parole du gouvernement est une lueur d’espoir. Bien dessinée et encadrée, il aura un effet positif et transformationnel. Dans le cas contraire elle va exacerber le fléau. Pour qu’elle soit efficace, elle doit intégrer comme valeurs la promotion de la justice sociale, de l’équité, de la responsabilité, de la démocratie, du respect du bien public. Il s’agit d’une réforme profonde qui devra partir à la fois de la refonte des curricula scolaires et des nouvelles orientations de la gestion publique. La lutte contre la corruption nous a déjà suffisamment démontrés qu’il existe des Camerounais qui n’ont plus peur d’aller en prison. Le Camerounais, sans exclusive, ont besoin d’une séance d’ordalie collective.
Haine
La haine est un projectile mortel lancé sur un individu. Elle va du mépris, de la stigmatisation, de la discrimination, de la violence verbale, du sentiment de supériorité pour se concrétiser par l’humiliation et la volonté d’anéantir autrui. Ceux qui ont l’argent veulent faire des pauvres leurs serpillères. Ce manque d’humilité, cette propension à l’intolérance, ce sentiment de supériorité et de suprématie fabrique des montres fabrique de véritables monstres dans les deux camps. Dans la mesure où celui qui humilie n’est pas à l’abri de la riposte proportionnée de l’humilié.
Injustice sociale
Injustice sociale ! Pourquoi la pauvreté est-elle si cuisante au Cameroun ? Parce que la corruption, la gabegie, le favoritisme, le clanisme, le sectarisme, et l’impunité y ont tissé leur nid. Favorisant la personnalisation du pouvoir à toutes les strates. De telle sorte que l’intimidation, l’injustice se sont imposées comme normes sociales.
Multiculturalisme
Incarnation de la diversité sociolinguistique du Cameroun, le multiculturalisme en soit ne peut pas fusionner les Camerounais tant que les inégalités observées dans la répartition du gâteau national ne sont pas aplanies, au profit de la méritocratie, de l’excellence et l’intérêt national. Les cultures lorsqu’elles se rencontrent ne s’observent pas en chiens de faïence, elles se meurent en termes de qualité, de densité et de propriétés dominantes. Ce rapport de force n’est perceptible que lorsqu’une étincelle jaillie. Parce que celle-ci déclenche l’instinct de survie chez chacun.
Patriotisme
Camerounais, ayons l’amour pour votre patrie. Ne soyons plus comme ces gangsters qui sévissent sans tenir compte de leur propre maison. Avoir de l’amour pour notre pays c’est respecter le Cameroun comme étant un patrimoine inaliénable, un don sacré que nous devons protéger de toutes nos forces afin que ni son intégrité ni son unité ne soit atteint par quelle que force que ce soit. Pour manifester notre patrie, nous devons respecter avant toute chose les symboles de notre pays : l’hymne national, le drapeau, la devise, les armoiries. Nous ne saurions être patriotes et pyromanes à la fois.
Référendum
Le 20 mai 1972, les Camerounais des territoires anglophones (occidental ou méridional) et ceux du territoire francophone (Cameroun) ont été invités à se prononcer sur une nouvelle forme de l’Etat dite unitaire, par opposition à l’Etat fédéral en vigueur depuis le 1er octobre 1961, jour de la réunification des deux Cameroun. A l’issue de ce référendum constitutionnel remporté par le « Oui », le Cameroun est devenu un Etat unitaire, c’est-à-dire la République Unie du Cameroun. Ainsi, la date du 20 mai a été choisie par Ahmadou Ahidjo comme journée de célébration de la fête nationale.
« Approuvez-vous, dans le but de consolider l’unité nationale et d’accélérer le développement économique, social et culturel de la nation, le projet de constitution soumis au peuple camerounais par le président de la République fédérale du Cameroun et instituant une République, unie et indivisible, sous la dénomination de République unie du Cameroun ? »
Unité nationale
Pour qu’il y ait unité nationale, chaque Camerounais doit accepter de perdre du poids. Parce que la moindre obésité due aux avantages indûment gagnés crée des conflits entre les fils d’une même mère, d’un même père, d’une même communauté, d’une même tribu, d’un même pays. A cause du sentiment de frustration, de favoritisme et d’injustice ressenti par l’autre. Ce n’est donc pas parce que les enfants d’un même père vivent sous le même toit qu’ils sont unis. Ce n’est pas parce que les Bamilékés vivent ensemble avec les Bétis ou les nordistes qu’il y a unité nationale. Il ne peut jamais y avoir d’unité nationale tant que par rapport aux autres certains se sentiront frustrés. Ainsi les disparités créées par les hommes et le déséquilibre social qui en découlent sont des sabots sur l’unité nationale. Comment célébrer l’unité nationale dès lors que nous avons conscience de tous les manquements qu’elle accuse du fait de nos égoïsmes ?
Xénophobie
Le Cameroun a franchi le rubicon. Du tribalisme il en est à la xénophobie. Des camerounais rejettent d’autres Camerounais. Comme si ces derniers étaient des envahisseurs. C’est dire que l’hospitalité légendaire unanimement reconnue à notre pays ne sera plus qu’une supercherie dans les années à venir. Si les décideurs ne prennent pas des mesures radicales. Comment peut-On être universitaire et xénophobe en même temps ? Le plus grand marqueur de la xénophobie c’est lorsqu’un universitaire, supposé et prétentieux intellectuel éjacule que certains membres de la communauté nationale doivent rentrer chez soi. Le chez soi c’est où ? À l’Ouest, dans et le Nord-Ouest. Puisque le professeur et intellectuel s’adressait aux Bamilékés. Le chez eux comment ? Par insinuation qu’ils ont leur origine là-bas sur les montagnes des grasslands et ici.