
« Est à compter de la date de signature de la présente décision, interdit le phénomène de morgue systématique. En dehors des cas de force majeure et de ceux ayant bénéficié d’une dérogation, les corps des fils et filles Balatchi décédés doivent immédiatement être conduits au terroir (village), pour inhumation avec conduite du rituel approprié de deuil dans le délai connu, la semaine traditionnelle de huit (08) jours. »
Balatchi est une chefferie supérieure de deuxième degré de la Commune de Batcham, département des Bamboutos, dans la région de l’Ouest. A l’instar de nombreux groupements de l’Ouest, ce village fait les frais des dérapages de toutes sortes en ce qui concerne le respect des us et coutumes. La sortie de Sa Majesté KENFACK TANGA FOUOTSOP II ne surprend personne, même si la mise en application intégrale des dispositions de la décision pose le problème du respect du calendrier officiel. Aussi se demande-t-on ce qui se passera dans le cas d’un deuil survenu le jour ouvrable.
« Uniquement en pareille circonstance sont escomptés les expressions de recueillement et de lamentation. Ainsi sont donc également interdits tout recours aux animations et sonorisations diverses », décide le successeur FOUOTSOP TANGA.
C’est l’une des décisions de l’année au Cameroun. Le chef supérieur Balatchi, Sa Majesté KENFACK TANGA FOUOTSOP II, a pris une importante décision dans le sens de restaurer les us et coutumes en ce qui concerne les deuils de plus en plus confondues aux funérailles.
Concrètement, le garant des us et coutumes Balatchi s’insurge contre une pratique devenu courante qui consiste pour les familles, y compris les plus démunies, à déposer la dépouille de leur défunt à la morgue et à programmer les obsèques plus tard.
Cette pratique courante vise, croit-on savoir, à mobiliser auprès des amis et connaissances, des tontines, les ressources financières et matérielles nécessaires à l’organisation du deuil qui doit durer huit jour, conformément au calendrier traditionnel. Port du noir obligatoire à partir du huitième jour pour tous les membres de la famille éplorée.
Ainsi, les obsèques sont transformées en un juteux business où les orphelins enfouissent d’énormes sommes d’argent, bafouent les traditions en la matière. Au lieu du deuil, l’on assiste à une fête au mort où les invités paradent comme s’il s’agissait des funérailles.
« Toutes les parties prenant à un deuil sont tenues de se mettre ensemble dans la concession principale, et y veiller dans la solidarité et l’unité », indique Sa Majesté qui charge le chef du village concerné à veiller à la stricte application de sa décision. Le chef de village dispose du pouvoir de discrimination pour accorder, selon la taille du deuil, la création des lieux de réception supplémentaires.
Dans la pratique courante, l’on se rend compte que les orphelins ne prennent plus part à la veillée dans le domicile parental. Ils sont dans « leur lieu de deuil » pour offrir à manger et à boire à leurs invités. Dans un lieu où la musique dansante ou la fanfare dicte sa loi.
Les exigences aux beaux-fils ont également été revues. Désormais, aucune famille ne pourra plus exiger une enveloppe de plus de 20 000 FCFA comme argent du cercueil. En plus, le vin de raphia fait son grand retour. Le beau est tenu de porter 02 casier de bières, 20 litres de vin de raphia en deux dame Jeanne de 10 litres chacune, une poule ou un coq selon le sexe du défunt, un linceul, une couverture.
« En cas de sollicitation d’une messe de circonstance le jour de l’inhumation, un temps d’une (01) heure sera consacré dans la cérémonie aux célébrants (prêtres, pasteurs, etc.), ce après quoi le déroulé du reste du programme reviendra à la famille.»
Augustin Roger MOMOKANA / Photo: J’aime Balatchi
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