Bedjobo Simplice est le délégué régional des Enseignements secondaires pour la région de l’Ouest. Il a présidé, mercredi 21 février 2018, au Lycée Bilingue de Dschang, la cérémonie Marquant la 19ème Journée Internationale de la Langue Maternelle couplée aux Arts.
Monsieur le Délégué régional, dites-nous, pourquoi avoir choisi la Menoua pour la célébration de la 19ème édition de la Journée Internationale de la Langue Maternelle couplée aux Arts ?
Je viens d’arriver dans la région de l’Ouest, il y a pratiquement six ou sept mois. Je devais commencer quelque part. Si j’ai choisi la Menoua ce n’était pas pour des raisons particulières parce que, autant je mettrais du temps ici autant je ferai le tour de tous les autres départements. Et puis, le bilinguisme a déjà été célébré dans le Nkoung-Ki. C’était normal que nous changions de cap, et je crois que mon choix du département de la Menoua ne m’a pas déçu. Je suis comblé par la qualité des préparations et puis les compétences de nos enfants sur le plan linguistique ; et même sur le plan culturel nous avons vu des expositions sur l’art culinaire, sur l’art tout court. Nous avons compris que nos enfants dans la Menoua sont ancrés dans leurs cultures : d’où notre satisfécit.
Quelle place l’enseignement de la langue maternelle occupe-t-elle dans le système éducatif camerounais ?
Ce n’est pas seulement au Cameroun. Vous savez, personne, vous ne pouvez-vous définir sans votre langue. On réfléchit d’abord par sa langue, par sa culture. Dans la loi d’orientation, le Président de la République dit que l’enseignement secondaire a pour mission également d’enseigner les langues maternelles. C’est parce qu’il y a un intérêt particulier. L’enseignement de la langue maternelle enracine l’enfant dans sa culture. Vous comprenez que lorsque vous n’apprenez pas votre langue à l’enfant vous l’éloignez de ses sources culturelles. Et puis, lorsqu’on parle de mondialisation, vous comprenez que c’est l’apport de chacun pour construire quelque chose de commun. Vous n’irez pas les bras ballants. On parle de mondialisation aujourd’hui, hier on a parlé d’universaliser. C’est une espèce de tontine où chacun doit apporter quelque chose. D’où la nécessité pour nous, n’est-ce pas, de nous ressourcer et d’enseigner ces langues dans nos établissements.
Dans votre discours de tout à l’heure vous dénonciez certains établissements scolaires qui tardent à se mettre au pas, cela tout en prenant l’engagement solennel de veiller à ce que l’enseignement des langues maternelles soient effective dans tous les établissements sous votre charge. Qu’est-ce qui fait problème et comment entendez-vous procéder pour faire appliquer cette mission républicaine ?
Justement je m’en suis pris à certains chefs d’établissement qui ne trouvent pas la nécessité de faire enseigner ces langues-là. Le véritable problème est que la formation est encore embryonnaire. Au niveau de l’école normale on forme par vagues. Dans toute la région nous avons 21 enseignants formés.
Vous savez qu’il y a dans nos villes et villages des gens qui maitrisent quand même nos langues. Tout à l’heure j’ai parlé des vacataires. Ce qui signifie en clair que nous devons nous appuyer sur les vacataires, nos frères et sœurs qui ont appris à lire et à écrire la langue dans les quartiers pour pouvoir initier les enfants dans nos établissements, en attendant que tous les établissements soient couverts par des enseignants sortis des écoles normales.
Existe-t-il une politique nationale pour inciter les jeunes à choisir l’enseignement des langues nationales ?
Elle existe. Il y a dix ou quinze ans, est-ce que vous pouviez imaginer cela ? C’est une filière, et lorsque l’enfant part du secondaire il sait déjà ce qu’il peut faire à l’université avec le département des langues et cultures africaines. A notre époque ça n’existait pas. Donc à partir de l’université il y a déjà une préparation à entrer à l’école normale pour cette filière-là qui vise la revalorisation de nos langues.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA