Lorsque des profanes regardent un spectacle de performance, il leur est difficile, si ce n’est impossible, de pouvoir le décrypter. Cela d’autant qu’il s’agit généralement d’un spectacle muet, où le performeur ne communique pas pas avec les témoins de sa prestation dans une langue qui leur est familière.
Loin de considérer cet « art nouveau » comme de la sorcellerie, ils questionnent les organisateurs et des témoins avisés pour s’en faire une idée. Peut-être que sa magie c’est les gestes, les mouvements du corps, les pas de danses, et sa grande capacité à hypnotiser le témoin.
Les pensionnaires de l’orphelinat « La Source », à Baleveng, ont fait parler d’eux samedi 18 novembre 2023 à travers une performance rituelle derrière la tribune de la Place de l’Indépendance à Dschang. Ce lieu est symbolique pour être le lieu de convergence de tout le pays bamiléké mobilisé pour célébrer l’indépendance du Cameroun obtenu le 1er janvier 1960.
Cette tribune offerte aux « enfants de Dieuzyl » par la Compagnie Zora Snake, dans le cadre de la 6e édition de la Biennale Internationale MODAPERF, en valait la chandelle. En en juger par la qualité du public et surtout la beauté de l’écriture géométrique servie par ces jeunes artistes à l’avenir prometteur.
Tout a tourné autour de la coutume et des traditions locales. Notamment la puissance de l’art médicinale africaine, l’importance des tradithérapeutes dans la continuité de la société. Mais dans un territoire parfois hostile à l’être humain.
Mais avec des accents de la solidarité, des appels à l’union et surtout une amitié profondément encrée dans les cœurs. L’Afrique est à la traine certes, mais est porteuse d’espoir car dans le sang de ses enfants coule la joie, et l’altruisme, et surtout l’espoir et la conviction de réussir son entreprise.
La prestation des pensionnaires de l’Orphelinat « La Source » de Baleveng a démontré qu’enseigner l’art dans nos écoles peut être une solution efficace aux multiples crises qui enterrent notre pays. L’art ne se nourrit pas de la violence, il construit et favorise l’émergence de la paix.
Sinon comment le chauffeur d’une agence de transport peut-il céder aux caprices de la jeunesse au point de suspendre son voyage, afin de permettre à cette cinquantaine de passager de retour d’une cérémonie traditionnelle qu’ils vivent ce spectacle d’une quarantaine de minutes, avant de reprendre le chemin ?
La Biennale Internationale MODAPERF a poursuivi les activités de sa 6e édition dimanche à Sonkeng, groupement Bamendou, et lundi à Yaoundé, participe à la construction de l’identité de Dschang comme un carrefour des cultures du monde. Ici, en une semaine, se sont succédés des artistes venus de la Belgique, de la République du Congo, d’Allemagne et du Cameroun.
Cette 6e édition de la Biennale Internationale MODAPERF ouverte le 15 novembre et qui s’achève le 20 courant a pour thème « L’A(e)ncre mémoires : territoire, corps et développement local ».
Augustin Roger MOMOKANA