Le Cameroun a lancé, en grande pompe, son budget 2023 le 16 janvier. Tout un événement au niveau central et niveau des régions. Des cérémonies qui ont permis aux organisateurs de croquer une bonne partie du budget d’investissement public (BIP).
Pour l’exercice qui a démarré le 1er janvier, le budget de l’État est de « 6 345,1 milliards de FCFA en ressources et en charges. Il se répartit en 6 274,8 milliards de FCFA pour le budget général et 70,3 milliards de FCFA pour les 12 Comptes d’Affectation Spéciale (CAS)», explique le « budget citoyen » publié par le Ministère des Finances.
A quoi ce budget va-t-il servir ? Les principales charges ou postes de dépenses se déclinent comme suit : « (i) du remboursement de la dette (27,7% du total) ; (ii) du paiement des salaires des fonctionnaires et des autres agents de l’État(20%) ; (iii) des dépenses d’investissement (18,6%) ; (iv) des achats des biens et services (17,1%) et, (v) des transferts et subventions (16,5%). »
Comme l’on découvre, le Cameroun est acculé par la dette et doit consacrer 27,7% du total à son remboursement. Les salaires des fonctionnaires et des autres agents de l’État occupent le deuxième principal poste de dépenses, soit 20% de l’enveloppe budgétaire.
En termes de salaires, il va sans dire que les Camerounais n’ont aucune information précise sur les salaires des leurs dirigeants (Chef de l’État, Bureau du Sénat, président de l’assemblée nationale, Bureau du Conseil Constitutionnel, Bureau de la Cours Suprême, bureau du Conseil économique et social, Premier Ministre, ministres, ambassadeurs, secrétaires généraux, exécutif des conseils régionaux, Directeurs généraux, conseils d’administration, les directeurs de l’administration centrale et assimilées, etc.)
Aborder la question de salaires signifie éventrer le salaire brut, et prendre en compte tous les avantages en nature, entre autres, le droit à la sécurité, le droit au véhicule, les bons de carburant, l’assurance le logement, autres. Cela permettrait de comprendre pourquoi les salaires peuvent être au-dessus de la portion du budget de l’État consacré à l’investissement.
Par ailleurs, mentionnons que si la construction des routes et infrastructures (1 019,8 milliards de FCFA), l’éducation (814,4 milliards de FCFA), secteur de la défense et de la sécurité trône au premier rang, la dotation générale de la décentralisation (252,6 milliards de FCFA) a connu une croissance, passant de 240,2 milliards en 2022 à 252,6 milliards en 2023.
En général, l’on observe que la part consacré au fonctionnement est largement supérieure à celle destinée à l’investissement. En matière de décentralisation, « les dépenses d’investissement pèsent 18,4% de la dotation générale de la décentralisation et celles de fonctionnement 81,6%. » Ce constat interpelle l’attention des décideurs, notamment pour la réduction du trait de vie de l’État, la politique axée sur l’événementiel, les missions parfois fantaisistes, etc.
Augustin Roger MOMOKANA
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