« De quoi s’agit-il ? Ayant obtenu du Chef de l’Etat des ressources pour des opérations précises, ces ressources n’ont pas été entièrement dépensées. Il restait environ deux cent millions (200 000 000) de francs CFA, cantonnées à la banque. Lorsqu’une autre urgence s’est signalée, au lieu de redemander un concours, j’ai juste écrit au Ministre des Finances, pour signaler l’existence du reliquat dont je sollicitais une autorisation pour l’utiliser. Surprise ! c’est une équipe lourde qui a été envoyée, par des gens qui soupçonnaient qu’il n’y a probablement plus d’argent, et que ma démarche pouvait cacher quelque chose. Le compte d’emploi leur a été présenté, et le solde qui y apparait a été retrouvé tel quel à la banque. « Renvoyez-nous rapidement cet argent », c’était la réponse à notre sollicitation. Il faut espérer qu’on l’a destiné à un usage louable, à défaut de servir la CRTV.»
Donc Amadou VAMOULKE, l’ancien directeur général de la CRTV va finalement passer 12 ans de sa vie en prison et payer une amende de 47 millions F CFA. Le Tribunal Criminel Spécial en a décidé ainsi, malgré les justifications de cet homme en détention préventive depuis 2016. Amadou VAMOULKE a été ainsi reconnu coupable de détournement de la somme de 617,5 millions de FCFA en coaction avec l’ancien ministre des Finances, Polycarpe ABAH ABAH condamné à 17 ans de prison.
Mardi, le tribunal qui le traine comme un déchet depuis des années a prononcé la sentence. L’ancien journaliste et président aussi de l’Union des Journaliste du Cameroun (UJC) n’est pas rentré dans sa cellule sans confier son testament au tribunal.
« Suis-je encore un authentique citoyen de ce pays ? Ou un paria sans protection que l’on peut priver de liberté parce qu’on l’a décidé et mis en œuvre en utilisant les rouages de l’Etat ? Et cet Etait est-il toujours le protecteur de tous ?»
La contre-sentence prononcée par le prisonnier est d’autant plus sidérante qu’elle interpelle à la fois les « ennemis » et la justice qui juge les citoyens sans prendre en compte des certains paramètres dont la jalousie et la concurrence.
Comment quelqu’un peut-il être interpellé, jugé et condamné pour mauvaise gestion alors qu’aucune faute de gestion n’a été repérée dans ses cahiers ?
« La prison ? Pourquoi ? Je n’ai pas la réputation d’un gestionnaire indélicat, au contraire. Je crois même savoir que c’est ma probité reconnue qui a été déterminante dans ma nomination à la tête de la Cameroon Radio and Television (CRTV). »
Les années qu’il a passées et va en prison sont à mettre sur le dos des personnalités dont des membres du gouvernement qui le considèrent comme une personne à neutraliser.
« Comme cela a été dit hier par un des Avocats de mon co-accusé, le Ministre ABAH ABAH, nous sommes tous les deux, avec tant d’autres, des victimes du fameux « Rouleau Compresseur », concocté par de très hautes personnalités pour écraser ceux qu’ils désignent comme étant des ennemis à neutraliser absolument. »
Amadou VAMOULKE croit fermement en lui et en une justice divine. S’il n’a pas été acquitté par la justice des hommes, il est convaincu d’avoir été un honnête serviteur de son pays. Mais il a affaires à de puissants hommes à qui il ne peut résister.
« La leçon que je tire de cette histoire d’ennemis désignés malgré eux c’est que lorsque des personnes intrinsèquement mauvaises disposent des moyens officiels leur permettant s’assouvir leurs tendances de misanthropes, c’est-à-dire de gens sans empathie, elles installent le malheur autour d’elles et créent ce genre de situation que nous déplorons tous.»
Et en terme de malheur installé, la justice n’est pas si loin des comptables si elle joue le jeu des misanthropes. Elle a beau se vanter de dire la loi, mais aura-t-il des arguments nécessaires et suffisants pour se dédouaner devant Dieu ?
« Car on vous jugera du jugement dont vous jugez et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » : Amadou VAMOULKE se souvient et se console de ces propos contenus dans la Bible.
Augustin Roger MOMOKANA
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