Cette publication est la deuxième d’une série de trois chroniques sur le thème de la « protection des terres agricoles ». Elle est une réflexion de CHEUTEU Jean Marie. Il est Ingénieur Général d’Agriculture, spécialiste du Développement rural.
Les populations peu avisées jugent le niveau de développement d’une ville ou d’un village par le nombre de constructions et non par la qualité ou le meilleur usage de l’espace réservé aux constructions ou aux plantations agricoles.
On parlera des projets d’aménagement ou d’urbanisation d’une zone en pensant à la privation des agriculteurs de leurs terres pour les constructions et les habitats.
Tandis que les agriculteurs cultivent les routes et leurs abords par manque de terres, certains Camerounais insolemment riches enterrent des milliards non productifs dans des constructions privées de luxe, occupant de vastes terres agricoles, voire des villages entiers sans être inquiétés par les impôts.
Tout en respectant la notion d’habitat social, il est curieux de constater que ces types d’habitats de luxe sont occupés habituellement par les veilleurs de jour et de nuit ou par l’Agent d’entretien et rarement par les propriétaires ou leurs familles confortablement installés dans les grandes villes, dans les hôtels ou à l’étranger.
Il est intéressant de s’interroger sur la productivité économique de ces espaces avec leurs investissements ainsi que les taxes régulièrement versées à l’État suite à leur production. Hors ces terres agricoles même exploitées artisanalement par les paysans auraient produit beaucoup de denrées alimentaires, générées beaucoup de taxes dans les divers circuits de commercialisation et améliorées l’environnement naturel.
Et si ces opérateurs au lieu de constructions non productives injectaient leurs milliards dans des espaces plus grands pour la production agricole ou agro industrielle, quelle en serait la rentabilité pour les opérateurs eux-mêmes ? La société par des emplois, l’économie nationale par l’accroissement du PIB sans oublier surtout la sécurité ainsi que la souveraineté alimentaire de notre pays en seraient garantis.
Les urbanistes gagneraient à mettre en valeur les terres non agricoles pour l’habitat et préserver les terres agricoles même en plein cœur de la ville pour le développement de l’agriculture urbaine et périurbaine.
Découvrez que le quartier populaire « Ngui » à Dschang, pour ceux qui comprennent la langue YEMBA, doit son nom par le fait que cette zone était jadis non seulement une terre agricole, mais surtout une terre spécialisée pour l’agriculture de contre saison.
Aujourd’hui occupée par les habitats, les populations qui y résident font régulièrement face à des menaces d’inondations donnant la mort aux êtres humains en plus des dégâts matériels. Les pouvoirs publics ont fermé les yeux sur ce scandale qu’ils ont eux-mêmes créés. Cette zone naturellement agricole aurait due produire de la nourriture pour alimenter la ville de Dschang et ses environs que de devenir une zone à risque pour les populations de la ville et ses environs.
CHEUTEU Jean Marie
Ingénieur Général d’Agriculture
Spécialiste du Développement Rural
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