
Interdiction des doctorats professionnels dans les universités publiques au Cameroun
Dans une lettre du Premier ministre, signée du secrétaire général de ses services, il est demandé au ministre de l’Enseignement supérieur (MINESUP) de prendre « instamment tous les dispositions nécessaires afin de mettre définitivement un terme à toute initiative tendant à l’instauration du doctorat professionnel, sous quelle que forme que ce soit… »
La sortie du Chief Joseph Dion Ngute n’est pas anodine. Elle fait suite à une information qui lui est parvenue selon laquelle une université publique, ou encore d’État selon l’appellation usuelle, aurait entrepris de renforcer son offre de formation par la mise en place des « doctorats de spécialités ».
Cette décision s’inscrit en faux contre la Directive N°2/06-UEAC-0196-CM-14 du 11 mars 2016 portant organisation des études universitaires dans l’espace CEMAC dans le cadre du système LMD.
La lettre du premier ministre pointe –indirectement- l’Université de Douala qui, a entrepris d’instituer les « doctorats de spécialités » dans le but d’étoffer son offre de formation. Le professeur le Professeur Magloire Ondoa, recteur de cette université, devient à ce titre un récidiviste car, il y a quelques mois, alors qu’il était encore le doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques à l’université de Yaoundé il a été arraisonné par le professeur Adolphe Minkoa She pour la même cause.
Même si le doctorat professionnel est prisé, il demeure qu’il n’est pas encore à l’ordre du jour dans l’espace Cames où le LMD fait office d’autorité. Mais certains pourraient supputer que serait rien d’autre qu’une manie pour extorquer de l’argent aux étudiants fortunés.
Alex Gustave Azebaze croit devoir dire avec l’épistémologue Faustin Etouke que « Les adjectifs *classique*, *professionnel* ou *spécialisé* accolés au mot DOCTORAT ne sont d’aucune pertinence, attendu que toute thèse doctorale est précisément censée être l’étude la plus aboutie sur un domaine de connaissance spécialisé… »
Le Premier Ministre a choisi de conformer le Cameroun aux textes internationaux, en l’occurrence ceux du Cames qui, lors de la dernière session en juillet dernier à Cotonou, a tiré les oreilles au gouvernement camerounais sur le dossier.
Quoi qu’il en soit, le Premier ministre Chief Joseph Dion Ngute attend du MINESUP qu’il lui adresse un « projet de décret actualisé réglementant l’organisation du cycle de doctorat dans les institutions universitaires du Cameroun ».
Augustin Roger MOMOKANA