
« Il faut dire que nous venons de mettre sur pied un mouvement dont le GADD a été désigné pour assurer la coordination. Il a pour mission de réunir les participants à ce premier forum et d’aller à la rencontre des différents autres acteurs qui n’ont pas pu être ici aujourd’hui ; de vulgariser aussi les différents travaux issus de ce forum. Nous avons eau beaucoup d’échanges enrichissants, par exemple, sur les différentes certifications qui entourent l’agriculture biologique. Ce qui n’était pas connu de la plupart des acteurs. Le Groupement d’Appui pour le Développement Durable (GADD)ayant déjà lancé son logo… je pense que d’ici deux ans on parlera d’une agriculture véritablement biologique au Cameroun, sous l’impulsion des différents acteurs qui ont pris part à cette grande et première rencontre à l’échelle nationale » : AMAVI ANOUGUE est Animateur des Programmes au Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE), une organisation basée au Bénin et au Cameroun.
Le Cameroun veut faire de l’agriculture biologique une réalité à la fois économique et sociale. Economique dans la mesure où elle se veut une filière génératrice de revenus et d’emplois. Et sociale parce que les produits bios jouent un rôle essentiel dans la préservation de la santé du consommateur.
Telle est la résolution qui se dégage à l’issue du Forum national sur l’agriculture biologique qui vient de se tenir à Dschang et auquel a pris part, du 1er au 3 décembre 2020, plus d’une vingtaine d’acteurs privés et publics de la filière agriculture biologique venus des quatre coins du Cameroun à l’invitation du GADD.
« C’est une première au niveau du Cameroun. Tous les acteurs fiables de la filière au Cameroun étaient président et compte tenu de la qualité et de l’intensité des échanges nous avons pensé qu’il est nécessaire de maintenir la flamme afin que dans les prochaines années, au niveau du Cameroun, qui porte le flambeau de l’agriculture biologique ».
Le Forum sous le thème « agriculture biologique au Cameroun : une opportunité de développement durable » a permis aux participants : producteurs, organisations, administrations publiques (MINADER, MINEPIA, ANOR, Commune de Dschang) de croiser leurs vues sur les problématiques qui entravent ou peuvent militer en faveur du développement de la filière au Cameroun.
L’Agence municipale de gestion des déchets (AMGED) de la Commune de Dschang, acteur majeur au Cameroun de l’amendement organique se réjouit de l’impact du forum sur la vulgarisation du compost.
« Les agriculteurs utilisent le compost, mais ils avaient de la peine à engager cette transition vers cette agriculture qui se veut durable et que nous appelons agriculture biologique. Ce forum était très important pour nous parce qu’il va élargir le spectre des utilisateurs de compost. S’engager dans l’agriculture biologique signifie qu’on a un intrant qui réponde aux normes de ce type d’agriculture », Joël MOUMBE SAIGNE est le responsable du pôle valorisation des déchets à l’AMGED.
La véritable difficulté est celle de la structuration et de l’organisation des acteurs de la filière. D’où la décision, à l’unanimité des participants venus des quatre coins du Cameroun, de confier au GADD de piloter le processus de mobilisation, d’imprégnation et d’éducation des acteurs en vue de la mise sur pied d’une structure faitière nationale.
Selon Guy Jacques WAMBA, expert Systèmes de certifications tierces, le défi se pose également au niveau de la certification des produits. Et il importe de savoir qu’il existe « trois niveau de certification: la certification par le producteur ou par le SPG qui est communautaire, puis une certification des organismes, enfin une certification tierce… On a vu dans notre atelier que tout le monde appelle ce qu’il fait +bio+. Chacun a compris et pour le moment nous nous battons pour la certification locale. »
Le GADD a l’avantage d’avoir parmi son équipe des experts de haut vol dont Hervé BOUAGNIMBECK, expert en agriculture biologique et coordonnateur du bureau africain d’IFOAM de 2014 à 2016. Grâce à son appui, un travail de fourmi devra être fait s’agissant de la mise sur pied des Systèmes participatifs de garanti (SPG) qui sont des sortes de plateformes d’acteurs au niveau local.
« Le GADD accepte de piloter le forum », a réagi le coordonnateur du groupement alors qu’il vient d’être proposé pour conduire le processus devant partir sur un plaidoyer et se poursuivre par la mobilisation et l’éducation des acteurs et potentiels acteurs. En gros, il s’agit « de mettre les acteurs ensemble afin qu’ils puissent regarder dans la même direction ». Les absents sont ainsi priés de rejoindre le forum institué à Dschang.
Marie Pauline VOUFO, directrice de rédaction et envoyée spéciale de LA VOIX DU PAYSAN, repart de Dschang conquise par les réflexions et les perspectives envisagées pour l’avenir de l’agriculture biologique au Cameroun : « Pour avoir la bonne information agricole il faut être au bon endroit. Le forum national sur l’agriculture biologique est le bon endroit où trouver la bonne information pour une bonne production agricole. Ici pendant trois jours nous avons été non seulement au contact de cette information mais au contact des producteurs d’information et des producteurs agricoles bio. Ça ne court pas les rues. Et quand vous êtes en face d’un producteur qui témoigne de ce que lui apporte l’agriculture biologique vous êtes plus à même de répercuter l’information non seulement comme un reporter qui restitue ce que disent les autres, mais comme quelqu’un qui adhère. Pour dire que ce cadre m’a donné l’occasion d’être une militante de l’agriculture propre. »
Léon NGUEFACK, producteur basée à Balevonli, se félicite de la tenue de ce forum qui lui donné l’occasion de toucher du doigt, à travers la visite de terrain, les réalités du GADD qui est un producteur à grande échelle : « la découverte du champ expérimental du GADD à Fokamezo m’encourage à améliorer mon travail. La qualité des produits que j’ai vu là-bas m’a définitivement convaincu que le bio peut nourrir l’Homme. Les différents exposés et échanges, toutes aussi très enrichissants. Les éléments de changement que je compte apporter à ma pratique c’est de produire personnellement mes intrants, à savoir le compost et le biopesticide. »
Augustin Roger MOMOKANA