Au Cameroun la corruption a pignon sur rue, malgré les discours et la multiplication des organismes pour l’éradiquer. Visiblement elle ne s’est jamais aussi mieux portée. Elle a gagné tous les échelons de notre société. Chacun y va comme bon lui semble, à sa guise.
Les instruments mis en place pour la neutraliser ont depuis affiché leurs limites. Ils ont fini, à la surprise générale, par succomber au charme de la « dulcinée ».
La CONAC (commission nationale anti-corruption), l’ANIF (agence nationale d’investigation financière), la Justice, le CONSUPE (contrôle supérieur de l’Etat), les comités ministériels, semblent dépassés ou sont tombés dans la nasse tendue par le fléau.
La CONAC a beau rapporter quelques cas avérés de corruption, rien n’est fait pour sévir contre les incriminés. La corruption dont on parle au Cameroun est semblable à l’ouragan qui balaie la ville de Dallas aux Etats-Unis. Chacun observe, impuissant ( ?) ses ravages.
Le parent qui débourse de l’argent pour inscrire son fils dans un lycée ou dans une grande école. Le proviseur qui mouille sa hiérarchie afin de sécuriser son poste. Les enfants qui boivent et fument comme le mineur péruvien. L’élève paie de l’argent à l’enseignant en contrepartie de bonnes notes. Le policier qui exige de l’argent au chauffeur pour le laisser passer sans contrôle. Le transporteur qui surcharge sans état d’âme et le passager qui se laisse surcharger. Le gendarme qui brandit la menace du déferrement pour d’extorquer de l’argent au citoyen convoqué. Le receveur municipal ou le trésorier payeur qui exige son pourcentage. Le juge qui encaisse de l’argent pour remettre en liberté un criminel avéré. Le préfet qui se transforme en agent immobilier. Le maire qui ferme les yeux face à l’ouverture d’une mine au cœur de sa ville. Le fonctionnaire retraité qui doit « voir » le directeur qui, à son tour, ira « voir » le ministre pour que sa pension retraite « passe ». Le ministre qui nomme ses « petites » à la tête des services déconcentrés ou les enrôle pour les missions officiels. Le président de la république qui n’inquiète personne.
Le mal est grave et profond. Il a atteint un degré élevé qu’il faille, pour le juguler, exorciser véritablement le pays tout entier. Raser les initiatives passées et trouver une nouvelle formule, c’est-à-dire, en passant par la mise en application de certaines dispositions légales à l’instar de l’article 66 de la constitution qui oblige une catégorie de responsables à la déclaration de leurs biens.
Au-delà du dispositif législatif, engager une véritable campagne de sensibilisation aux risques et effets de la corruption sur l’avenir du Cameroun.
Augustin Roger MOMOKANA