
Le dehors n’est pas bien. On parle comme ça les gens disent que « ha ! c’est juste un mauvais vent qui passe. Ils n’ont qu’à bavarder, ils finiront par se taire et nous allons continuer à jouir de nos prérogatives. Est-ce que c’est nous qui avons fait pour occuper des fonctions aussi hautes de l’État? »
Depuis la mort par assassinat de l’animateur radio Martinez ZOGO, le Cameroun est dans l’expectative. Le peuple attendait la sortie de son chef à l’occasion de la fête de la jeunesse, il n’a même pas effleuré le sujet lors de son message du 10 février. Du coup son discours a été reçu avec une grande déception. Il devrait se morfondre pour ça.
Pourquoi le président Paul BIYA a-t-il gardé le silence alors que l’affaire toucherait de hautes personnalités de l’État dont certains parmi ceux qui lui chuchotent les choses dans les oreilles ? Pourquoi le président Paul BIYA a-t-il choisi le silence au moment où il ne le fallait pas ? Pourquoi le Président BIYA ne s’est pas souvenu que sa présidence est sous le slogan : « Rigueur et Moralisation » ?
Aucune explication ne serait juste si elle ne vient de lui-même qui est le faiseur de tout ce beau monde dont les frasques secouent la République, traine la nation dans la gadoue au lendemain d’un crime odieux, crapuleux, satanique, démoniaque, infernal, traumatisant, républicanicide. Pourquoi Paul BIYA ne parle-t-il pas ?
Martinez ZOGO est parti en martyr. Ceux qui servent la République et leurs complices l’ont voulu ainsi. Ils ont fait cela parce qu’ils se sentent si puissant qu’ils ont oublié qu’ils doivent répondre du président de la République. Ils ont fait cela parce que le premier camerounais leur a donné une telle latitude qu’ils peuvent à tout moment confondre leur personne à sa personnalité. Ils ont fait de Martinez ZOGO un héros national. Il mérite bien ce statut pour la cause qu’il défendait. D’ailleurs, il doit avoir déjà été accueilli là-haut par UM NYOBE et les autres.
Ceux qui ont commandité et exécuté Martinez ZOGO ne sont pas des hommasses. Ce sont des personnalités de la République. Des personnalités à l’abri du moindre besoin. Ce ne sont pas des buveurs du matango ou du bili bili, des gens qui fréquentent les tchapalos ou les tourne dos. Ce sont les gens qui peuvent passer toute une année sans humer l’air de la rue. Ils fréquentent les palaces, les hôtels cinq étoiles, parlent des choses qui concernent l’État et la République, dorment dans les villas surveillés par des caméras et des hommes en tenue armés jusqu’aux dents. Ils mangent du caviar et boivent du pétrus. Comment se retrouvent-ils donc dans un crime de bas étage ? Comment peuvent-ils tomber si bas ? Comment des hommes d’affaires, des membres du gouvernement, des officiers supérieurs de l’armée, des responsables des services de renseignements de l’État ont-ils pu voler si bas. C’est sans doute la question qui turlupine encore le Président de la République. Quelle mouche a donc piqué tout ce beau monde pour qu’il décide de mettre fin aux jours d’un journaliste qui dénonce seulement leur prévarication de la fortune publique ?
Paul BIYA ne parle pas, mais il doit [absolument] agir.
Paul BIYA doit agir à deux niveaux. Il doit poser deux actes forts. Le premier acte que le peuple attend de son dirigeant en cette circonstance douloureuse et éprouvante est que les enquêtes soient rapidement bouclés, les coupables remis à la justice ; et la justice rendue. Les enquêtes sont en cours. Des personnalités sont déjà sous mandat de dépôt. D’autres courent toujours. Pourtant, pour que la justice soit saisie et bien rendue, il faudrait que le ministre de la justice, garde des sceaux, dont le nom ne cesse d’être cité dans cette scabreuse affaire de sang humain soit déposé et mis à la disposition des enquêteurs afin qu’ils puissent établir sa culpabilité ou le disculper. On ne saurait rendre justice dans cette affaire alors que le ministre de la justice demeure en fonction.
Le second acte attendu du président de la république, c’est qu’il opère un véritable nettoyage du gouvernement. Il s’agit d’un remaniement qui met tout le gouvernement dehors, ouvre des enquêtes sur tous les ministres « alignés » dans la lutte pour sa succession. Afin de démanteler les ramifications de cette bataille qui, en réalité, est un signe de l’exaspération des uns et des autres face à sa longévité au pouvoir. Impatient d’attendre son départ, sa résignation, ils ont fini par se livrer une bataille de positionnement qui, malheureusement, n’est pas sans causer de dégâts aussi bien humains que politiques et diplomatiques.Mais il y a un réel danger de vouloir sacrifier tout le monde. D’où l’ambarras qui peut habiter Paul BIYA en ce moment où sacrifier un, deux membres de son gouvernement ne signifierait qu’ouvrir les vannes pour la neutralisation de tous les prévaricateurs et les grands rêveurs.
Mais si Paul BIYA s’abstient de faire d’importantes livraisons à la justice, il aurait alors choisi de préserver son pouvoir au lieu de sauver la République qui s’embourbe avec d’interminables dossiers: Marinez ZOGO, Covid Gate, CAN Gate, etc. les railleurs de la république sont très attentifs et ne l’attendent pas sur ce coup-là.
Augustin Roger MOMOKANA
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