«À 5 h 38, le mardi 20 août 2019, Ayuk Tabe et Cie ont été condamnés à la réclusion à perpétuité par le tribunal militaire de Yaoundé », a annoncé l’équipe de la défense.
Le Tribunal militaire de Yaoundé a condamné mardi 20 août, à la prison à vie, Sisiku Ayuk Tabe et ses 9 lieutenants. Outre la condamnation, le rebelle et ses hommes devront payer une amende de 250 milliards de francs CFA à l’État du Cameroun. Quel message porte cette sentence de la justice militaire ?
Le président autoproclamé de l’Ambazonie (2017), Julius Sisiku Ayuk Tabe (54 ans) et 09 autres personnes dont des journalistes, étaient poursuivis depuis des mois pour « apologie et financement des actes de terrorisme, sécession, insurrection, hostilité contre la patrie, atteinte à la sureté de l’Etat, propagation de fausses nouvelles, et défaut de carte nationale d’identité ».
Cette figure majeure de la contestation anglophone et 49 autres personnes avaient été enlevées en janvier 2018 dans un hôtel d’Abuja, au Nigéria, par les services du renseignement nigérians, et extradés quelques temps après vers Yaoundé où un procès leur a été intenté depuis décembre 2018.
Durant leur procès, Sisiku Ayuk Tabe et Cie n’ont jamais reconnu leur appartenance à la République du Cameroun, se proclamant ressortissants d’un État, « fantôme », appelé Ambazonie.
Cette condamnation a provoqué l’escalade de la violence verbale sur les réseaux sociaux. Pour les uns, il ne fait aucun doute que l’ouverture du dialogue est imminente. D’où cette condamnation dans le but de permettre au régime de Yaoundé de marquer quelques points en décrétant une amnistie pour Sisiku Ayuk Tabe et Cie.
Comme quoi, la condamnation à la réclusion à perpétuité de Sisiku et Cie n’est pas un affront au respect de la légalité et à la primauté du droit comme pourraient le penser certains. Il s’agit d’un processus normal en prélude aux pourparlers devant conduire au dialogue entre les parties, pour un retour définitif de la paix et de la cohésion sociale au Cameroun. Désormais les regards sont rivés sur Etoudi, d’où devrait être prononcée la grâce présidentielle.
Mais cette décision de la justice, incomprise par l’opinion publique, pourrait compliquer les choses et durcir les positions indépendantistes, s’agissant notamment de la réouverture des écoles fermées depuis trois ans déjà dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest.
Augustin Roger MOMOKANA