À cause de l’affaire rocambolesque de la CAN 2019, et l’actualité burlesque des gilets jaunes en France, un fait inédit s’est produit ce week-end et est passé inaperçu: Le Sommet du G20 vient de s’achever à Buenos aires en Argentine. Et pour la première fois au milieu des 20 chefs d’états les plus puissants du monde, un autre personnage s’est invité. Lui n est pas chef d’un État ou monarque d’un royaume, mais il est tout simplement le chef d’une institution, d’une association : GIANNI INFANTINO!
C’est la première fois que la FIFA et son chef sont invités à la grande messe des puissants de ce monde. C’est implacablement la première fois qu’on reconnaît que c’est lui le roi du monde !
Jamais le football, produit phare et exclusif de la FIFA n’aura pris un tel pouvoir de domination dans le monde. Jamais! Que ce soit la FIFA elle même ou ses démembrements (UEFA, CAF, Fédérations nationales) n’auront acquis une telle influence sur la vie des nations.
Quand le président de la FIFA ou de la CAF éternue, tous les pays sous influence sont pris de fièvre. Même le président de l’ONU, des USA, de la France, de l’union européenne ou de l’Union africaine n’ont autant d’impact dans le monde.
Une résolution du conseil de sécurité de l’ONU peut être boycotté par des états, mais pas une injonction de la FIFA ou de la CAF!
Une menace du président des USA, de la France ou de la Russie peut être ignorée, mais pas une simple recommandation du président de la FIFA ou de la CAF !
Seule la FIFA peut s’octroyer le luxe de refuser l’attribution de l’organisation de la coupe du monde 2026 au super Géant USA, malgré ses infrastructures complètes et ultramodernes. L’ONU ne peut pas même tergiverser si le pays de l’Oncle Sam réclame quelque chose.
Seul le président de la CAF peut décider d’augmenter le nombre d’équipes qui participe a la CAN pour les faire passer de 16 à 24 sans que personne ne bronche. Lui seul peut décider d’arracher la CAN 2019 au Cameroun pour la donner au Maroc. D’arracher celle de 2021 a la CIV pour la donner au Cameroun et de ne même pas évoquer le cas de la Guinée qui s’échauffait déjà pour 2023..! Ahmad Ahmad est devenu le nom le plus prononcé au Cameroun, bien loin devant les autres hommes politiques du pays. Il a même relégué au second plan l’actualité du contentieux post électoral dans ce pays. Je parie qu’il sera bientôt la prochaine superstar en Côte d’Ivoire !
Fort heureusement, le football de part les institutions qui la dirige n’a pas qu’un pouvoir d’influence perverse. Il développe aussi les états à la vitesse supersonique ! C’est grâce aux compétitions comme la CAN que des pays se dotent d’infrastructures modernes à une vitesse exponentielle. Le leg en termes d’hôpitaux, de routes, d’aéroports, d’hôtels de luxe, de routes et d’emplois directs et indirects est incomparable. Aucune bonne volonté gouvernementale, aucun autre événement ou aucun autre sport n’a la capacité de booster aussi rapidement le développement des états !
Le rôle politique du football est encore plus marquant: Il consolide des unités nationales fragilisées, il redéfinit la configuration des futurs remaniements ministériels, il légitimise quand les résultats sont bons des pouvoirs fragiles ou chancelants des États et même des collectivités territoriales. Il arrive qu’un maire ou un député qui n’a rien foutu de son mandat organise des championnats de vacances pour redorer son blason!
Le football et les institutions qui les dirigent ont du pouvoir. Beaucoup trop de pouvoir! Ils ont tellement du pouvoir qu’ils ont détruits tous les autres contrepouvoirs et les instances de régulation. Ils sont donc devenus antidémocratiques. Le peuple ne les contrôle plus mais les subit! Et c’est le grand danger ! Il faudrait donc redonner un visage plus humain et plus démocratique au football. C’est pour cela que nous formulons les recommandations suivantes :
1. CASSER LES MONOPOLES.
Il faudrait peut-être penser à créer des institutions concurrentes à la FIFA, la CAF, ou mêmes les Fédérations nationales, quitte à modifier subtilement les règles du jeu. Les états et acteurs pourront ainsi moins subir les diktats de ces hautes institutions.
2. MULTIPLIER LES INSTANCES DE RÉGULATION.
En cas de litiges, la seule institution qu’on peut saisir n’est que le TAS (Tribunal arbitral du sport ) à Genève en suisse. Mais son siège est géographiquement et financièrement inaccessible pour des petits acteurs nationaux (au sud du Sahara ). Il faudrait surement créer d’autres instances de régulation continentales, nationales, régionales et locales afin que tout acteur de ce sport ait accès à la justice en cas de besoin.
3. DÉMOCRATISER LE POUVOIR.
Ce sport appartient au peuple. Il est même l’opium du peuple. Pour l’instant les dirigeants de ce sport sont élus par des délégués facilement manipulables et corruptibles. Et si on changeait la donne? Et s’ils se faisaient plutôt élire par les acteurs même du football, à savoir les footballeurs licenciés de sport?
Comme nous le constatons, le football a plus d’impact et de pouvoir dans le monde que les armes, que le dollar, et même le pétrole! Mais un peu de démocratie ne lui fera pas de mal!
Roger ETOA