Ecrit par Augustin Roger MOMOKANA
Nathalie Yamba, panafricaniste, a dressé et publié sur X (anciennement Twitter) l’arbre généalogique de sa lignée paternelle. Il s’en est découlée une vague de commentaires dont les plus utiles invitent à adopter sa portée. Du tamisage des matériaux a été créé le texte «Connaître ses origines est le signe de l’authenticité identitaire. »
Les griots sont africains. Ils ont leurs lignées dans le sang. Ecoutez-les, lorsqu’ils se présentent au public :
Je suis Nathalie Yamb,
fille de Yamb Étienne,
lui-même fils de Yamb Adalbert,
lui-même fils de Etendi
Etendi, fils de Mongo
Mongo, fils de Njock
Njock, fils de Kôp
Kôp, fils de Titi
Titi, fils de Ntômb
Ntômb, fils de Bataa,
Bataa, fils de Ntèp
Ntèp, fils de Biock
Biock, fils de Nlet
Nlet, fils de Djoi
Djoi, fils de Ngii Ngom
Ngii Ngom, fils de Bassèmlack
Bassèmlack, fils de Ngôô bôt.
Je suis la facture de mes ancêtres!
C’est ainsi qu’on se présente chez nous, preuve qu’on vient de quelque part et qu’on est souche.
L’arbre généalogique familial. Des africains qui se prennent pour des gaulois. Pour parler des autres, il faut d’abord se connaître. Connaître ses origines est le signe de l’authenticité identitaire. Chacun de nous a une lignée maternelle et une lignée paternelle. Mais notre culture est basée sur le matriarcat.
Assurez-vous de passer l’héritage de la mémoire à votre descendance. Parlez-leur de ce que vous savez de votre ascendance. Qui suis-je ? C’est un bel exercice que nous propose la Dame de Sotchi. Pouvoir remonter ses ancêtres de cette manière ce n’est pas donner à tout le monde.
Nous Djiboutiens avant les parents enseignaient cet héritage mémoriel à leurs enfants. Mais les occidentaux sont venus, ils nous ont détruit, nous ont traités des bédouins qui racontent que de bagatelles. Pourtant lorsque les Gaulois rappellent à nos enfants qu’ils sont français d’origine, car né en France, et non des gaulois, ils sont perdus.
Ceux qui sont sensé nous transmettre les informations nécessaires sur nos arrières arrières-grands parents sont trop concentrés dans les mosquées et les églises à proclamer les ancêtres des autres peuples. Les familles vont reprendre cette tradition…
En plus de notre héritage mémoriel, questionnons le système alphabétique que nous utilisions avant l’arrivée des “nkwa”. Notre tradition orale est-elle transcrite sur la base de l’alphabet allemand puis français ou avons-nous les noms non caractérisés ? Considérons cela comme un devoir. Ce qui est important, c’est de passer cet héritage mémoriel à nos enfants…
Transmettons cette nouvelle vision du monde à nos enfants afin qu’ils le transmettent à chaque personne rencontrée de façon à ce que nous puissions nous souvenir toujours de ceux qui ont disparus. Le souvenir du sang ne s’arrête pas aux grands parents… éclairer des millions de personnes sur le néocolonialisme occidentaux fait partie des combats nobles que doit mener notre Afrique en vue de briser les chaines de la soumission.
Après l’avoir fait dans les langues des nkwa, il faudra le refaire dans nos langues nationales. C’est le plus grand défis dans la marche vers la souveraineté de l’Afrique. Cela nous permettrait forcément d’apprendre à écrire et à compter dans nos propres langues. Creusons nos souches ancestrales.
Qu’elle est puissante la tradition orale au Cameroun! 90% de gens ne connaissent pas au-delà de la 3e génération. Aujourd’hui, savoir qui nous sommes et d’où nous venons prend tout son sens. Connaître son ascendance est une bénédiction divine. Savoir d’où l’on vient, ses origines, sa culture, son histoire et la vraie, tout ceci renforce notre estime de soi.
Un proverbe malien dit : « Se connaître soi-même, vaut mille fois mieux que de connaître l’eau et le cheval ». Il faut vraiment garder le contact avec nos ancêtres. On va se mettre au travail sérieusement.
Dans la présentation de Nathalie Yamb, deux observations se dégagent : la première observation c’est que les noms Ngom sont aussi au présent au Sénégal ; la deuxième observation, c’est que Mongo est un nom de la tribu Lunda dans l’Ouest de la république démocratique du Congo. Nous les africains avons les mêmes ancêtres.
Augustin Roger MOMOKANA