Depuis novembre 2016, notre pays est entré dans ce qu’on a appelé la crise anglophone.
En quelques mots, c’est un bras de fer que le régime de Yaoundé a engagé avec les syndicats et les populations du Nord-ouest et du Sud-ouest qui se sentent marginalisées, notamment dans l’enseignement, la magistrature ou encore la répartition des richesses nationales. C’est un problème politique qui nécessitait simplement l’apport de solutions politiques. Mais face au refus du Gouvernement d’engager l’essentiel des réformes qu’imposait la situation dans ces régions, on est vite passé de revendications corporatistes et socioculturelles à l’avènement de groupes armés d’obédience sécessionniste.
Moi, futur président de la République du Cameroun, je ne m’autoriserai aucun répit alors qu’un seul km2 du territoire national est à feu et à sang comme c’est le cas actuellement dans les régions dites anglophones. Élu au lendemain du 07 octobre prochain, je me donne un maximum de 100 jours pour que le conflit qui embrase le Sud-Ouest et le Nord-ouest soit réglé. Non pas que tous les aspects institutionnels de la crise seront solutionnés mais au moins, les violences, elles, auront toutes cessé.
Pour y arriver, je commencerai par cantonner dans les casernes les troupes présentes dans ces régions, et engagerai un exercice de désarmement et de réinsertion des activistes anglophones radicalisés. Cette campagne de réinsertion concernera également les personnes détenues du fait de cette crise. Je les libèrerai sous des conditions à définir de façon consensuelle. Ce sera, pour nos concitoyens en colère, un message d’amour et de paix, qui contraste nettement avec l’arrogance et le mépris à l’origine du durcissement de la situation.
Dans la même lancée, je convoquerai une conférence nationale pour la réconciliation, la vérité et la réparation. Car notre tissu social aura été profondément éprouvé par ces troubles, au point que notre identité nationale tout comme notre histoire commune, ont été fortement remises en question. Pourtant, tout ça aurait pu être évité, si nous avions eu à la tête de notre pays, un leadership à la hauteur de la complexité de l’histoire et des attentes profondes du peuple camerounais. Cette conférence nationale sera donc l’occasion de panser les blessures, d’essuyer les larmes et de tourner définitivement la page de plusieurs décennies d’arnaque juridico-politique et de filouterie institutionnelle.
J’organiserai par la suite une conférence constitutionnelle. Sa mission sera de mettre en place de nouvelles institutions garantissant le pouvoir au peuple, le renforcement de l’unité nationale par la promotion de notre diversité et la protection de nos deux systèmes juridiques, ainsi que notre bilinguisme. Je veillerai aussi à ce que le bilinguisme constitue notre véritable force et devienne un critère obligatoire d’accès à la fonction publique.
Etant moi-même originaire du Sud-ouest Cameroun, je vis avec beaucoup de douleur les combats qui s’y déroulent, désormais quasiment tous les jours. J’ai perdu plusieurs proches dans cette guerre qui refuse encore officiellement de dire son véritable nom. Mais au moins, l’avènement de la crise dite anglophone est une leçon adressée au peuple camerounais tout entier. Et cette leçon, c’est qu’on peut éliminer des Hommes avec des armes, mais on ne peut pas tuer leurs idées. L’armée peut calmer une insurrection, mais une crise politique se résout avec des moyens essentiellement politiques. Au nom de la paix, du travail et de la patrie, les Camerounais ont le devoir d’élire quelqu’un qui comprend cette crise et qui a la volonté d’y mettre un terme de façon définitive.
Pour moi, la solution à ce problème au départ très simple, est connue depuis le 26 mai 1990: c’est le fédéralisme. Le scrutin du 07 octobre est donc l’occasion pour le Cameroun de résoudre une équation : élire un président dont le programme politique repose sur la réparation des erreurs du passé et l’attachement à sa diversité. Et ça, chers compatriotes, vous en êtes capables.
JOSHUA OSIH