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L’Afrique a un énorme potentiel culturel. Ce sont des éléments identitaires qui, généralement, ne sont pas valorisés parce que appartenant, sans doute, à des groupes humains qui ne perçoivent pas les enjeux du marché mondial de la culture.
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 29 mai 2021.
A l’occasion de la journée internationale de l’Afrique (#JIAF2021), l’Alliance Franco-camerounaise de Dschang a organisé une conférence-débat sur le thème : « Culture africaine à l’ère de la mondialisation ». Pour l’explorer l’AFC a fait appel à deux conférenciers dont les visions du monde sont diamétralement opposées : le kamitologue et président de la Chambre départementale des artisans de la Menoua MBE DONFACK Le Repère et l’historien et chef traditionnel Sa Majesté DEUGA Joseph Magloire (village Bankoh, arrondissement de Bafang).
Ce débat modéré par le blogueur Preston KAMBOU a permis à chaque membre du panel de partager son opinion avec le public très intéressé par cette thématique et dans l’attente d’écouter ces vision dissonantes sur un sujet d’un aussi grand intérêt.
« Il est question de déconnecter le mental des africains aliénés par les paradigmes qu’on nous a infligés et lesquels ont réussi à faire de nous des étrangers chez nous-mêmes. Il est questions pour nous de faire des introspections dans l’objectif que nous revenions à l’identité de l’Afrique initiale. Ils nous ont appris à lire à travers leurs lunettes et non pas les nôtres »: MBE DONFACK Le Repère est une Panafricaniste.

MBE DONFACK Le Repère et Sa Majesté DEUGA Joseph Magloire sont d’avis que l’Afrique est au départ de l’humanité et qu’elle est une mine des cultures inexploitées, à cause de l’aliénation culturelle imposée aux africains par les occidentaux qui, à leur tour, avaient été aliénés par l’Afrique. A la différence des Africains, les occidentaux ont copié les grandes valeurs africaines pour aller les capitaliser. Ce qui a fait d’eux des puissances. Les Africains sont astronautes et n’avaient pas besoin de lunette pour admirer les astres. Les occidentaux non seulement ont fabriqué les lunettes mais ont décidé d’avoir voir les astres là où elles se trouvent.
Le défi africain est énorme. Il s’agit de trouver les voies et moyens pour faire en sorte que les cultures africaines ne disparaissent pas face à un marché mondialisé complexe et exigent. Il s’agit, selon Sa Majesté DEUGA Joseph Magloire, de créer des occasions de valorisation et de promotion notamment à travers des expositions et festivals. Autour de nous quelques peuples ont compris cela et ont leur festival qui font parler d’eux et de ces peuples : le festival Ngouon du peuple Bamoun, le festival Legouoh Lah du peuple Baleveng, le festival Nyan Nyan du peuple Fussep, le Ngondo des Bassa, etc.
« Les Africains doivent véritablement travailler sur les valeurs traditionnelles et culturelles de leurs différents peuples afin de proposer ce qu’il y a de meilleur sur l’espace mondialisé où se rencontrent les cultures et les civilisations du monde entier. Face à l’impérialisme culturel des occidentaux les africains doivent faire ce mélange entre ce qui est bien de la culture africaine et ce qui est bien de la culture occidentale », explique Sa Majesté Docteur DEUGA Joseph Magloire.
La conférence s’est achevée par la projection de trois documentaires réalisés par des lycéens, dans le cadre d’un atelier sur le dynamisme de la femme africaine. S’en est suivi un débat sur le document la reine blanche de la chefferie Bangangté. Les réalisateurs et leur mentor ont ainsi échange avec le public sur le thème qui est la polygamie.
La polygamie doit être vue et comprise non pas comme une unité, mais comme une diversité. Car il y’a autant de catégorie de polygamies qu’il y a de classes sociale. D’ailleurs, n’était pas polygame qui voulait mais qui pouvait. La polygamie nobiliaire (chefs traditionnels, notables) n’est pas comparable à la polygamie cultuelle (les guérisseurs, les marabouts) qui n’est pas comparable à la polygamie sociale (les planteurs) ; la polygamie de prestige (nouveaux riches, hommes d’affaires) n’est pas comparable à celle de l’homme ordinaire. Les réalités semblent identiques, mais les fonctions diffèrent. Et seules les fonctions permettent de mieux appréhender la polygamie.
« Nous ne sommes pas issus de la même école, nous n’avons pas les mêmes objectifs. Pour mieux nous comprendre il serait nécessaire de retourner aux sources pour comprendre les fondements de la vie de nos aïeux », fait valoir le kamitologue MBE DONFACK Le Repère.
Augustin Roger MOMOKANA