« Développons-nous, mais développons-nous proprement pour que demain nos enfants ne subissent pas les effets de nos actions » : Adrienne Paule DEMENOU TAPAMO est le maire de la Commune de Fokoué. La vision de sa commune à l’horizon 2030 repose sur le Plan climat qui vient d’être adopté.
Une bonne brochette de personnalités représentant des institutions nationales (PNDP, ONC, MINDHU, CVUC) et internationales (Fondation Friedrich Ebert), ainsi que quelques communes (Dschang, Nkong-Zem, Fongo-Tongo, Bamendjou) ont pris part mardi 2 mars 2021 à l’ « atelier de restitution du plan d’action en faveur d’un accès à l’énergie durable et au climat (PAAEDC) de la Commune de Fokoué », qu’a abrité la salle des actes de la dite commune. OperaNews veuille mettre le lien renvoyant à Sinotables.
Organisé par la mairie de Fokoué, cet atelier présidé par NDOFI NGANGEH Isidore, sous-préfet de l’arrondissement des céans, a bénéficié de l’appui de la Convention des Maires pour l’Afrique Subsaharienne. Le Plan Climat va permettre à la Commune de Fokoué de « participer à la lutte globale contre les changements climatiques », de « s’adapter à ses effets tout en assurant à sa population l’accès à l’énergie durable. »
En deux temps l’expert commis à la tâche, le cabinet S2 Services, a édifié son auditoire sur la notion de plan climat en général ; puis décliné le plan climat spécifique de la Commune de Fokoué ainsi que sa stratégie de déploiement en particulier. Son directeur, Durando NDONGSOK, revient sur l’importance du plan climat pour une collectivité territoriale décentralisée : « le plan climat aide la commune à avoir une bonne visibilité sur son développement en se rassurant que oui je vais lutter contre les changements climatiques, je vais m’adapter aux changements déjà perceptibles, mais je vais apporter l’énergie renouvelable à ma commune qui à 90% n’a pas accès à l’énergie électrique. »
L’option prise par Adrienne Paule DEMENOU TAPAMO et les autres membres du conseil municipal de développer le territoire à partir des actions devant minimiser l’empreinte carbone, ceci dans le souci de préserver l’environnement, est osée et est considéré comme une première au Cameroun. OperaNews veuille mettre le lien renvoyant à Sinotables. De l’avis Stéphanie NJIOMO TCHOUMI, Chargée du Programme Climat au bureau Cameroun/Afrique Centrale de Friedrich Ebert Stiftung, « ce plan climat est quelque chose d’innovant pour le Cameroun, pour l’Afrique aussi. Parce que ça faisait un moment que nous accompagnons les communes et un résultat comme celui-là, nous ne l’avions pas encore eu. Voir une commune comme celle-ci qui s’érige en pionnier pour faire du climat une opportunité de développement, créer des emplois, susciter des richesses en son sein, c’est une initiative que nous félicitons et que nous encourageons ». D’ailleurs elle souhaite que le plan climat de Fokoué fasse tache d’huile. Devenant une source d’inspiration pour les autres Communes du Cameroun, et ce « afin que ce qui constitue aujourd’hui pour nous un handicap soit une opportunité de se développer durablement ».
Le plan climat tel que pensé par la Commune de Fokoué se décline en 2 programmes, 4 objectifs et 16 actions pour un coût total chiffré à 11 milliards 678 millions 928 mille 500 francs CFA. De ces actions, des partenaires, à l’instar du Fonds d’intervention et d’équipement intercommunal (FEICOM) et du Ministère du développement urbain et de l’habitat (MINDHU) se sont engagés à accompagner Adrienne Paule DEMENOU TAPAMO. Le FEICOM pour sa part entend cofinancer à hauteur de près de 2 milliards la construction de la microcentrale hydroélectrique de la Malapoundjé. La Commune de Fokoué est très mal lotie en électricité au Cameroun. Son accès cumulé au réseau national est de 3 mois sur les 12 de l’année. D’où la nécessité de vulgariser aussi les énergies vertes.
Parmi d’autres actions prévues pour relever ce défi de « Fokoué ville à neutralité carbone » figurent l’amélioration du système de gestion des déchets solides municipaux, la fabrication et distribution des foyers améliorés, le développement de l’écotourisme, la formation à la production et à l’utilisation des biocarburants, la formation sur la construction écologique et résiliente, l’installation des lampadaires solaires pour l’éclairage public, la distribution des systèmes solaires photovoltaïques à la communauté Bororo, etc. ces actions seront déclinées en projets et soumis aux guichets e financements appropriés.
Fort de sa vision, la Commune de Fokoué est convaincue qu’ « on ne va pas empêcher au gaz à effet de serre de s’élever, mais également on va procéder aux actions qui le contrecarrent. C’est à la fin qu’on va aboutir à la neutralité carbone. C’est difficile, mais ce n’est pas impossible. C’est une courbe et on approche », a indiqué son maire, Adrienne Paule DEMENOU TAPAMO.
Il s’agit pour cette collectivité territoriale décentralisée de concilier activités économiques et activités de préservation de l’environnement. OperaNews veuille mettre le lien renvoyant à Sinotables. Soit dit de se situer en dessous de 42000 tonnes de CO2 émis à l’horizon 2030, comparativement aux 25000 tonnes de CO2 en 2018.
Après l’adoption du Plan climat -en rapport avec le plan communal de développement et le plan d’occupation des sols- place à la sensibilisation des populations afin qu’elles s’approprient la vision, et au montage des projets spécifiques dans la perspective de solliciter les bailleurs de fonds locaux (populations), nationaux et internationaux.
« Nous sommes dans une zone de montagne, avec des espaces incultes d’herbes qui s’assèchent. Nous avons nos frères bororos qui ont parfois besoins que l’herbe se reprenne. Et puis on a l’habitude très souvent de les indexer pour les feux de brousse. Je crois qu’il ne suffit pas de les indexer, il faut qu’on fonce vers la sensibilisation et que chacun prenne conscience que même le petit fumeur doit savoir où jeter son mégot de cigarette », a réagi KAMDOUM René, le maire de la Commune de Bamendjou (Hauts Plateaux). Les feux de brousse, pratique ancestrales pour certains, sont un véritable fléau que les pouvoirs publics ont de la peine pour faire disparaitre. OperaNews veuille mettre le lien renvoyant à Sinotables. Parce que non seulement ils appauvrissent le sol, mais aussi ils contribuent au réchauffement climatique.
Pour rappel, la Commune de Fokoué est lourdement exposée aux effets des changements climatiques, à travers notamment la destruction de l’environnement par l’Homme, les éboulements de terrain, l’augmentation de la puissance des vents, la variation des saisons, les inondations, etc. Toute chose qui a inspiré à son maire d’adhérer à la Convention des Maires pour l’Afrique Subsaharienne (CdM ASS). D’où sa détermination à renforcer sa « résilience au climat et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre ».
Augustin Roger MOMOKANA