Personne parmi les participants à la réunion du mercredi n’a constaté le moindre signe d’une journée exceptionnelle pour Dschang Fête ses 100 ans. C’est que les rois sont des sacs insondables. En quelques minutes, Sa Majesté Djoumessi III Wamba a bouleversé le temps et les attitudes présentes.
« J’ai un petit message pour Carol Adams. Juste un petit message comme ça avant que l’assise ne se referme », a indiqué discrètement sa Majesté qui a laissé sa place sur la table pour prendre la direction d’une pièce de l’appartement.
Lorsqu’il réapparaît la salle comprend que quelque chose de spécial va se produire. Les habitués des palais royaux sont convaincus que quelqu’un va être honoré. Mais qui donc parmi tout ce beau monde. Ce sont des personnes et des personnalités qui peuvent mériter des encouragements de sa majesté.
Aucun doute, l’heureuse élue c’est Carol Adams. La « Fille de la Menoua » va être ennoblie par le troisième successeur de Djoumessi Mathias. La salle se reconfigure tel un éclair. Un geste de de la tête et le professeur Fomethe par ailleurs Président de Taste Cameroon –Dschang, le professeur Emile Temgoua, Adjoint au Maire de Dschang, Madame Njua la présidente des réseaux des femmes de la Menoua se mettent debout, Carol Adams copie.
Nous autres étions déjà debout, mais simplement parce que de tradition nous devons être debout au passage de nos rois. Nous avions nos regards grands ouverts et dressés tel des canons en face, sur la scène dirigée personnellement par sa Majesté. Il sort une boite en bambous de chine de son sac blanc en peau de zébu, l’ouvre, sort une poudre blanche qu’il lèche d’abord ; puis donne une petite quantité à Madame Njua alors la marraine de Carol Adams comme j’interprète. Carol Adams va exactement faire ce que lui demande madame Njua, c’est-à-dire qu’elle va lécher la poudre reçue dans sa paume de main. Puis sa Majesté va donner l’onction sur le front à Carol Adams ; Cette femme traine plus de chance que d’autres personnes. Je n’avais pas encore vu un roi le faire personnellement.
Puis Madame Njua gère la suite, c’est-à-dire la remis successive des attributs : d’abord le chapeau à billes symbole de la fécondité, de la fructification et l’épanouissement ; le sac en fibres de raphia colorées à l’aide de pigment naturels ; la corne de zébu pour boire du bon vin d’ici ou d’ailleurs, et enfin la queue de cheval dorée. Carol Adams a encore du travail devant elle pour avoir droit à la queue blanche.
Sa Majesté Djoumessi III Wamba Mathias interviendra enfin pour dévoiler le nom de celle qui entre dans le collège des privilégiés de la Cour royale Foréké-Dschang. Un geste et c’est au professeur Fomethe de se prendre le stylo pour l’écrire de façon à ce que les uns et les autres aient l’orthographe exacte. Puis de déclarer solennellement « Votre nom est désormais Mafo Aguehebong ». Il a déjà fini et il revient à son notable de donner la traduction vers le français et l’anglais. Il signifie Mafo la Bienfaitrice. Queen of good deeds. Mafo signifie mère de sa majesté.
Avant de prendre congé de ses hôtes, sa majesté a dit à Carol Adams : « Vous êtes ici vraiment à la maison. Dans votre village. Désormais vous pourriez avoir accès aux cercles des notables de Foréké-Dschang ».
L’heureuse récipiendaire n’a véritablement pas pu s’exprimer clairement. Des larmes coulaient, de vraies larmes, mais des larmes de joie. « Je suis vraiment chez moi ici. Mes ancêtres m’ont amenée ici » a-t-elle laissé entendre à peine.
Foréké-Dschang a parlé. Mais la Menoua entière attend Carol Adams au front. Certainement que d’autres grosses surprises se trament quelque part. Leurs majestés sont comme des mers. On les découvre quand personne ne les attend.
La séance photos avec la a clôturé la cérémonie. Celui qui n’a pas bu sa part de bière d’arrosage est celui qui au sortie est vite partie comme le vent.
Augustin Roger MOMOKANA