Les premières Rencontres d’échanges, de découvertes et d’exhibition de l’Ouest (REDEO) se tenues à Bafoussam l’année dernière, précisément du 11 au 17 décembre. Sous le thème « à la conquête de l’Ouest, terre d’opportunités ». Ainsi, le conseil régional a finalement tenu le pari de sa première plateforme de lobbying. Cela était incontournable après l’adoption du plan de développement chiffré à 6000 milliards FCFA.
Comme son nom l’indique, les REDEO a donc pour objet d’ouvrir la porte et les fenêtres de la région du soleil couchant aux touristes, aux investisseurs, aux curieux et finalement aux porteurs d’affaires. De leur présenter le potentiel et toutes les opportunités qui se présentent à eux pour devenir des partenaires de la région de l’ouest en tant qu’investisseurs ou apporteurs d’affaires.
Parmi les collectivités territoriales décentralisées qui ont fait entendre leur voix lors ce rendez-vous figure la commune de Dschang. Elle a marqué cette forte présente à travers le thème : « l’ordure pourrait l’or dure pour le développement de la région de l’ouest. »
Qui mieux que le professeur TEMGOUA Émile, spécialiste des sols et enseignant à la faculté d’Agronomie et des sciences agricoles (FASA) de l’Université de Dschang et ci-devant 1er Adjoint au maire de la Commune de Dschang pour mieux adresser le thème?
« Plus de 100 emplois créés, 4.000 tonnes de compost vendus par an, 10 000 tonnes de déchets collectés par camions et par jour »
Il ne s’est pas arrêté à faire l’éloge de Dschang, pionnier et référence en matière de gestion des déchets au Cameroun, le professeur TEMGOUA Émile a démontré comment il est possible de faire de l’ordure une richesse au service du développement économique, sociale, culturelle et touristique de la région de l’Ouest. Une unité centralisée de valorisation de ces déchets pourrait produire soit du biogaz soit de l’électricité, soit du compost pour l’atteinte des objectifs que se fixe le conseil régional de l’ouest en ce moment.
Les ordures ne seraient pas que de l’or dur, elles sont sources de nuisances par leur caractère polluant. Ainsi les nuisances peuvent être environnementales, sanitaires, économiques.
« La mauvaise gestion des déchets contribue au changement climatique et à la pollution atmosphérique car lorsqu’ils sont laissés dans ces conditions se décomposent et produisent du méthane, l’un des gaz à effet de serre les plus sévères. Ce gaz affecte directement de nombreux écosystèmes et de nombreuses espèces, la pollution de l’air, et accélère ainsi le changement climatique, la contamination du sol et de l’eau », explique le professeur TEMGOUA Émile.
Si l’on s’en tient à l’expérience de la Commune de Dschang dont la gestion des déchets est assurée par l’AMGED (Agence municipale de gestion des déchets), le recyclage des déchets – par compostage – peut être une opportunité sur plusieurs plans, notamment l’assainissement de l’environnement, la création des emplois, la génération des finances, le développement de l’agriculture biologique, etc.
Ainsi, Dschang est devenu, en l’espace de 20 ans de recyclage des déchets organiques, une référence dont les leçons valent de l’or aussi bien au Cameroun que dans plusieurs pays africain. Cela est le fruit de la coopération avec plusieurs acteurs institutionnels et associatifs. Les plus cités sont Nantes, Nantes Métropoles, l’Association internationale des maires francophones, l’Union européenne, ERA Cameroun, TOCKEM, CEPDEL, ADECOTEC, et plus récemment la Fondation Bill et Melinda Gate, DECENTAS.
Non seulement Dschang assure un environnement approprié à ses citoyens, mais il se fait de l’argent à travers la vente du compost et de la séquestration du crédit carbone. Cette gestion durable des déchets a comme atout d’avoir mis en application-même si le bilan est mitigé- le principe de « pollueur-payeur » (l’article 9 alinéa (c) Loi-Cadre relative à la Gestion de l’Environnement.). Cela consiste pour chaque ménage de contribuer au ramassage des déchets. Ainsi 3289 abonnés ont participé pour un somme totale de « 4 millions de FCFA recouvrés en terme de participation citoyenne chaque année », selon le professeur TEMGOUA Émile.
Rappelons que, selon la présentation du 1er Adjoint au Maire de Dschang, la région de l’Ouest a produit 203171 tonnes de déchets domestiques en 2022. Les trios des grandes villes productrices sont Bafoussam (76 650 T), Foumban (30 210 T) et Dschang (25 550 T). A ceux-ci l’on devra ajouter les déchets non domestiques (issus des commerces) dont l’importance n’est pas des moindres. La ville de Mbouda produit annuellement 2 818 T déchets non domestiques.
Augustin Roger MOMOKANA