
Dschang est une ville exceptionnelle au Cameroun. «Ville de la fraternité », elle a exprimé son sens d’accueil et de l’hospitalité à divers degré. D’abord aux colons (allemands, anglais, français), puis aux étrangers de toutes origines, et aujourd’hui aux déplacés internes de la crise anglophone.
A une certaine époque récente de l’histoire du Cameroun, une bataille diplomatique a opposé les grandes puissances pour le contrôle de Dschang. Les Russes ont cet effet construit l’Institut des Techniques Agricoles (ITA) de Dschang, les Américains ont à travers l’USAID financé les laboratoires de recherches de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie (ENSA), tandis que les Français mis sur pied la Bibliothèque de Dschang devenue Alliance Franco-Camerounaise de Dschang.
Ceux qui se demandent pourquoi l’URSS (Aujourd’hui Russie) et les USA se sont retrouvés à Dschang devraient savoir que le contrôle de la formation agricole était au centre de leur déploiement qui, en réalité, était une guerre de conquête moderne. Après que l’Allemagne avait jeté à la fin de la première décennie des années 1900 (1908) les bases pour faire de Dschang un territoire agricole. Une entreprise que viendront consolider les français René Coste et Marcel Lagarde qui transforment la Station Expérimentale de Dschang mise sur pied par les Allemands en SEMCA (Secteur de Modernisation des Cultures d’Altitude qui comprend, entre autres, La Station Expérimentale de Quinquina ) dont les plantations de vulgarisation furent créées à Bafou Pastoral (Compagnie Pastorale), Penka-Michel, Balatchi, Fondonera et à Baré.
L’Italie a tenté un passage de force à travers la Faculté de médecine qu’elle se proposait de construire et d’équiper. Cette volonté avait été affichée à deux niveaux. D’abord lors d’une visite de 5 recteurs des plus grandes universités italiennes à l’Université de Dschang à l’occasion des journées de la Langue et de la culture italiennes au Cameroun, ensuite aux obsèques de madame Françoise FONING lorsque le professeur Vittorio COLIZZI avait pris la parole pour rendre hommage à la défunte. Un centre culturel italien existe au sein de l’université de Dschang. La coopération interuniversitaire ne fait plus parler d’elle. Bien sûr que la coopération entre Dschang et Vasanello, aujourd’hui matérialisée par Radio Nkwalah au Cameroun et la maison du Cameroun en Italie, poursuit son chemin malgré le passage à vide observé depuis quelques années.
A un moment donné, l’Allemagne a voulu aussi entrer en scène. Un élu local a été reçu par le maire MOMO Bernard. Il était question de voir comment nouer des relations d’échanges qui débouchent sur une coopération entre leurs deux communes. On dirait qu’au Cameroun chaque responsable quitte les affaires avec les dossiers qu’il a initiés. Les successeurs de consultent pas les archives, ou ils le font très peu. Dans la même perspective, des fils de la Menoua en Allemagne ont initié des liens entre leur ville d’accueil et ville de Dschang, à travers la santé.
Dans le cadre de la célébration du Centenaire de la ville de Dschang par l’association Taste Cameroon International codirigée par Jean Noel JEUKENG (de regretté mémoire) et Carole ADAMS il avait été envisagé une coopération entre le Cameroun et le pays de Galle avec comme point de fixation la ville de Dschang et Cardiff. Des habitants de cette ville ont effectué un séjour à Dschang et son repartie avec un amour fou pour les épices, l’idée de développer le rubby à Dschang, entre autres. C’est dans cette perspective qu’il avait été envisagé un axe Nantes-Dschang- Cardiff, espérant qu’on finira par recevoir un partenaire allemand. Un ambassadeur de l’Allemagne en visite à l’Alliance franco-camerounaise de Dschang avait souhaité que l’on rebaptise cette institution Alliance Franco-Cameroun-Allemande de Dschang. Il souhaitait qu’un rayon Allemand soit ouvert à la bibliothèque qu’il se chargera de fournir. Il le disait dans un humour que beaucoup n’avaient pas pris au sérieux.
Si tout allait bien Dschang aurait réunis sous le sceau de la coopération décentralisée une collectivité française, une anglaise et une allemande ; ce dans la perspective réunir les anciens administrations coloniales afin qu’ensemble elles contribuent à un dialogue où chacun apporte ce qu’il possède de spécifique. Ce n’est pas une dette, mais une façon de vivre ensemble en se regardant dans les yeux.
Fort de son histoire Dschang doit avoir une vision qui brise toute tentative de musellement. C’est sa capacité d’ouverture qui lui permettra de pouvoir s’inscrire durablement sur le paysage internationale des villes inspirante.
Augustin Roger MOMOKANA