Le 13 février 2017, afin de préserver la crédibilité de son institution, M. Evariste MABI MULUMBA, professeur à l’école doctorale de la FASE de l’Université Protestante de Kinshasa au Congo donnait spontanément sa démission à son recteur, pour avoir dirigé les travaux d’un doctorant avec quelques irrégularités ; les délais d’un minimum de 3 ans n’étaient pas respectés, ainsi que la composition des membres du jury.
Une année jour pour jour, l’annulation par le recteur de l’Université de Yaoundé II, de la thèse de doctorat du nommé NGOMOU Gilbert, sous la direction du Pr. Magloire ONDOA (Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et Politiques de l’université de Yaoundé II), défraie la chronique, et vient jeter du discrédit sur cette institution.
La décision du recteur M. Adolphe MINKOA SHE a sonné le glas pour tous ces étudiants candidats à ce dit « doctorat professionnel » qui somme toute, est « une première mondiale ». Elle est une première de par son intitulé, et de par la manière dont elle a été menée. 350 est le nombre de candidats qui depuis 2015 a pris part à cette aventure qui, rappelons-le, coûte par année à chaque candidat, la somme de 1500 000 Fcfa, soit un total de 4 500 000 Fcfa par étudiant au bout des trois années de formations qui sont prévues au minimum.
La décision du Recteur, s’appuyant sur les textes régissant les études doctorales tels que la directive « N° 02/06-UEAC-019-CM-14 portant organisation des études universitaires dans l’espace CEMAC dans le cadre du système LMD », fait de la lumière sur l’absence de fondements juridiques suffisamment conséquents pour établir un règlement portant une telle mise en œuvre; ce qui rend caduc la signature de l’ancien recteur M. Oumarou BOUBA qui portait sur le lancement de ce projet.
Il se pose alors une question de fond quant aux moyens investis pour la mise en place de ce doctorat, sachant que le corps enseignant est resté le même que celui affecté au doctorat PhD. Ces enseignants issus de l’agrégation ne sont pas des hommes de terrains pour la plus part, comme ce qui serait attendu dans tous les pays du monde, dans ce type de formation. Le principe d’accumulation des données est donc resté le même; et l’équilibre entre la pratique sur le terrain, et l’acquisition des données théoriques, reste à démontrer. En l’état actuel des faits, il est bien compliqué d’établir des liens sérieux entre le terrain, le contrôle rectoral, et les acteurs qui auraient principalement dû venir du terrain, et être issus des milieux socioprofessionnelles, ou du monde de l’expertise.
Par ailleurs, il difficile de ne pas compatir à la douleur du malheureux candidat ainsi que du manque à gagner pour les familles. Toutefois, les coûts de ce « doctorat professionnel », vu la conjoncture actuelle du pays, donne une certaine lecture des classes sociales de ces candidats, et interroger sur les mobiles d’une telle création en dehors du cadre universitaire prédéfini.
Va-t-on assister comme en République Démocratique du Congo à une démission sur l’honneur de tous ces représentants qui soit par laxisme ou par négligence, ont laissé mener ce projet ? Ceci afin de rétablir la crédibilité de l’université de Yaoundé II ? Où va-t-on continuer à assister impuissant à une bataille digne des cours de récréations ? Tout ceci reste à voir.
Pulchérie MEFENZA