
EBOULEMENT DE TERRAIN A BAFOUSSAM
42 corps ont été déjà extraits des décombres mardi 28 octobre 2019 à Ngouache, un quartier de Bafoussam construit sur un flan de colline particulièrement abrupte. Les fouilles, interrompues par la pluie, devraient reprendre ce mercredi matin.
Des fortes pluies sur l’ensemble de la région de l’Ouest ont donc largué leur voile de deuil sur Ngouache. Elles y ont provoqué un éboulement de terrain lundi soir, aux environs de 22heures.Le bilan est connu de tous. Près de 50 morts dont toute une famille de 07 personnes. Politique d’urbanisme et protection civile ?
Ce drame, un énième, interpelle les populations, les municipalités, et le gouvernement de la République. Chacun à son niveau. Parce que les responsabilités sont partagées. Elles le sont, mais les pouvoirs publics assument en tant que décideurs. Car elles ont laissé les gens se construire et s’établir sur un terrain accidentogène. La Municipalité de Bafoussam 3e et le gouvernement présentent, à travers cette catastrophe, un visage de coupable. Ils ont brillé par leur manque d’esprit d’anticipation.
Disons-le, la protection civile ne sert à rien. Elle n’a aucun sens chez nous. Car on n’en serait- pas là. 42 vies humaines perdues dans une catastrophe qu’on aurait pu éviter. Les pouvoirs publics avaient conscience du danger qu’il y a construire sur ce flanc de montagne-là. Idem pour les populations. Les seconds voulaient juste avoir un logement. Les premiers ont pour mission la gestion des domaines de l’Etat, d’assurer un logement décent à tous. La plupart des collectivités locales sont dotées de service de la protection civile. Sans formation, sans expérience. Un service dont la mission se résume à mobiliser les forces après une catastrophe.
Ngouache regarde. Ngouache nous voit. Ngouache parle à l’Etat du Cameroun. Ngouache nous rappelle des manquements dans notre organisation sociale. Des municipalités plutôt politisées que citoyennes. Ne se souciant guère de la qualité de logement de leurs habitants. Un gouvernement qui brille par le laxisme de ses responsables, par sa politique sociale surannée. A qui sert la direction de la Protection civile au Ministère de l’administration territoriale ? A quoi sert le ministère de l’Habitat et du développement urbain ? A quoi sert le ministère des Domaines, du cadastre et des affaires foncières ? A quoi sert le ministère de l’Environnement ? A quoi sert le ministère de la Décentralisation ? Autant de départements ministériels qui n’ont rien à faire sinon croquer la vie ! Et ce sont les citoyens sans moyens, sans savoirs, qui se mobilisent pour fouiller la terre, pour retrouver et sortir les corps des terres. Attendre les catastrophes et déployer des cylindrées pour parader sur les tombes des victimes, c’est ce que le Cameroun mérite de mieux, n’est-ce pas ?
Des nombreux membres du gouvernement -près d’une demi-dizaine (MINSANTE, MINADER, et le SGA des Services du PM)- sont attendus ce mercredi à Bafoussam. Ils y retrouveront leurs collègues de l’Habitat et du développement urbain, de la décentralisation et du développement local déjà sur les lieux.
Ces représentants de l’Etat viennent pour, avec les populations riveraines, plancher sur un sujet qui aurait pu être évité si chacun avait accompli son mission. Près d’une cinquantaine de personne, dont toute une famille de huit personnes, ont perdu la vie dans cet éboulement survenu à Ngouache.
Bilan à 20 heures mardi soir, au moment où les fouilles sont interrompues pour causes de pluies.
– 42 décès dont
– 6 hommes adultes
– 10 femmes adultes
– 4 enceintes
– 11 enfants garçons
– 15 enfants filles
– 1 homme et 1 femme décédés avec leurs enfants
– 36 corps formellement identifiés
« Le but de cette rencontre sera non seulement d’arrêter les mesures urgentes à prendre pour l’aménagement de la zone sinistré, mais aussi et surtout d’examiner les voies et moyens pour faire respecter les prescriptions d’urbanisme et les règles de construction édictées dans cette zone par le Plan Directeur d’Urbanisme de la ville de Bafoussam et le plan d’occupation des sols des Communes d’Arrondissement de Bafoussam 3e, ceci afin d’éviter que de telles catastrophes se reproduisent dans le futur », indique un communiqué signé de Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du développement urbain.
Pour rappel, outre les pertes en vies humaines, le bilan provisoire fait état de 13 maisons d’habitation ensevelies du fait de cette pluie diluvienne qui a causé des inondations dans d’autres localités de la région de l’Ouest, notamment à Dschang où des habitants du quartier Régie passé la nuit à la belle étoile.
Augustin Roger MOMOKANA