La situation est préoccupante. La SCS (Société camerounaise de savonnerie) pourrait faire faillite si rien n’est fait par les pouvoirs publics.
Cette révélation a été faite par Jean II Fotso le Pdg de la société SCS à Bafoussam dans la région de l’Ouest. Une situation créée par la concurrence et un ensemble de manquements dans la filière des entreprises de la filière huile de palme.
Le mal est général et profond. Les raffineurs du secteur des oléagineux sont coincés. Faute d’accès au marché nigérian, ils doivent inventer de nouveaux débouchés pour écouler le surplus de leurs productions d’huiles raffinées et de savon. Par ailleurs, ils doivent faire face à la concurrence déloyale des importateurs clandestins, aux coupures intempestives d’électricité, entre autres.
Le tableau de l’industrie de la filière des oléagineux au Cameroun a été peint à l’issue de la Mission d’évaluation des Capacités techniques des unités de transformation de l’huile de palme brute, du 15 au 20 avril 2019, par le Dr Emmanuel Nkoulou Ada dans les principaux bassins de production des régions du Littoral et de l’Ouest.
Cette descente, après la 4éme Session de Campagne de ce Comité le 02 avril dernier à Yaoundé, aura permis de prévenir les chefs d’entreprises sur la campagne de retrait des huiles en vrac annoncée par le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana. En raison des problèmes économiques, environnementaux et sanitaires qu’elles posent.
Au cours de cette inspection qui l’a conduit à Bafoussam, Dr Emmanuel Nkoulou Ada a pris la mesure de la crise qui menace la filière. A la SCS, par exemple, le personnel des deux savonneries a été mis congé technique à cause des méventes occasionnées par la concurrence d’une entreprise locale qui « a cassé les prix à 15%. Il n’y a pas de problème de conditionnement, nous embouteillons toujours et fortifions avec la Vitamine A. Nos huiles sont de normes internationales, il faut que le gouvernement prenne la responsabilité d’importer d’ici juillet 2019 », a expliqué Jean II Fotso le PDG de la SCS.
Comme conséquences : le taux de stocks invendus ici s’évalue à un milliard deux cents millions de FCFA pour le savon, et huit cents millions pour les huiles raffinées. « Tant que le problème de reconnaissance mutuelle des Normes entre le Cameroun et le Nigeria demeure, les opérations commerciales sont impossibles, pas possible de créer un compte au Nigeria, les clients viennent chercher la marchandise à la frontière » déplore l’industriel Fotso Jean II.
L’autre difficulté, nul ne peut l’occulter, c’est l’impossible retrait des quotas d’huiles en zones anglophones à cause de l’insécurité. Jacquis Kemleu Tchabgou le Secrétaire général de l’ASROC (Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun) ne transige pas : « quand les gens disent que ça marche dans les Sud et le Nord-Ouest…qu’ils arrêtent. Chacun de nous a vu son chiffre d’affaires baisser. Cinq millions de FCFA payés par jour par Supermont depuis six mois aux éléments du BIR [Bataillon d’intervention rapide, ndlr] qui gardent ».
Par ailleurs, il dénonce le que certaines entreprises « conditionnent dans les tuyaux, ce qui n’est pas normal, on viole le prix, la norme NC 04. Le problème c’est d’enlever le vrac des champs visuel des consommateurs ».
Au-delà de tout ce qui précède, il y a ce sempiternel problème de coupure d’électricité. Selon Jacquis Kemleu Tchabgou, « certaines de ces entreprises 2-5 fois par jour vivent le phénomène de coupures d’énergie. Elles fonctionnent grâce au groupe électrogène, la situation énergétique est catastrophique. Dans certaines entreprises, elle constitue 30% de renchérissement de la charge d’exploitation, une société de la place dit dépenser par mois 30 millions de FCFA pour l’achat du carburant, un million six cents mille pour les vidanges. »
Augustin Roger MOMOKANA