L’assurance a été faite le 22 mars dernier par l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun. Les consommateurs peuvent dormir tranquille.
La montagne n’aura pas accouché d’une souris cette fois-ci. La proposition de relèvement du prix de cession de l’huile de palme brute de 400 à 600 F faite au ministère du Commerce par la Société camerounaise des palmeraies (Socapalm) le 11 mai 2017, n’est pas à envisager. Lors d’une conférence de presse organisée par l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (ASROC) le jeudi 22 mars dernier à Yaoundé, son secrétaire général s’est voulu ferme à cet effet. « Pendant que le segment de la deuxième transformation s’évertue à produire en quantité, en qualité et à bon prix pour la satisfaction du consommateur, certaines entreprises de la première transformation notamment la Socapalm, continuent à se battre pour le relèvement du prix de cession de l’huile de palme brute en arguant que le prix de cette matière première bloquée depuis dix ans mérite d’être revu à la hausse au regard des charges de production et du coût de cette matière première à l’international. Ce qui est faux », tranche Jacquis Kemleu Tchabgou.
Il soutient son propos par la tenue le 15 novembre 2017 d’une réunion interministérielle présidée personnellement par le Premier ministre chef du gouvernement Philemon Yang, pour réfléchir sur la question. Réunion au cours de laquelle il est ressorti que certaines agro-industries ont dissimulé (volontairement) plus de 20 000 tonnes d’huile de palme pour avoir un gain qualitatif si jamais la proposition de relèvement aboutissait. Comme ce fut le cas en 2008 où, dévoile Jacquis Kemleu Tchabgou, certaines sociétés ont gagné 15 milliards de F juste après le relèvement. « Ce qui fait qu’entre juillet et décembre 2017, les quantités distribuées à 13 entreprises n’atteignaient pas plus de 5000 tonnes. Ce sont les importations qui ont permis de gérer la situation. Subitement, en janvier, on nous fait savoir qu’il y a 14 000 tonnes à partager. En février, 18 000 tonnes et en mars 40 000 tonnes à distribuer. Ces quantités proviennent d’où ? De mémoire, il n’y a jamais eu un mois où on a eu à distribuer 40 000 tonnes au Cameroun », s’offusque le secrétaire général de l’ASROC. Le cap de 450 F a été gardé pour préserver la paix sociale, rassure-t-il.
Des producteurs aux abois
Le 4 janvier 2018, le directeur général des Douanes, Fongod Edwin Nuvaga, a signé une circulaire créant une taxe à l’exportation des produits localement manufacturés, qui une taxe additionnelle sur l’exportation du savon qui va aller de 5 à 25%. Cette décision a fait des vagues, notamment dans la filière des oléagineux. « C’est déraisonnable. On ne peut pas dire que le Cameroun doit trouver des voies et moyens pour réduire le déficit au niveau de sa balance commerciale et pendant que des gens se battent pour travailler dans la réduction de ce déficit en obtenant des devises, ils se voient barrer le chemin de l’exportation. Trop d’impôt tue l’impôt », déplore l’Asroc.
La question du non-remboursement des crédits de TVA n’est pas en reste, dans la mesure ce non-remboursement plombe les trésoreries des entreprises. L’entreprise Azur attend à elle seule plus de 5 milliards de F de TVA depuis trois ans. En 2017, Scs attendait 3 milliards de F. Si l’Etat ne prend pas ce problème au sérieux, la filière risque de voir ses exportations suspendues avec comme conséquences éventuelles des cas de chômage technique ou de licenciement du personnel dans ce secteur qui emploie 50 000 personnes de façon directe pour une enveloppe globale d’investissements chiffrée à 630 milliards de F à ce jour. Actuellement, l’essentiel de la production (près de 33 000 tonnes de savon par exemple) est exporté, contre environ 18 000 tonnes de savon consommées au niveau local.
Didérot Akefack (Collaboration)