Amadou Hampate Ba disait, « nous avons 21 ans pour apprendre. 21 ans pour maitriser ce qu’on a appris. Et 21 ans pour restituer ce qu’on a maîtrisé ; Donc en principe notre vie est faite de 63 ans et le reste n’est que cadeau. Il est allé à 82 ans. Vous conviendrez avec moi qu’il a même défié la bible qui parle de 70 ans. Je mettrais au défi celui qui peut dire exactement qui était le prince Nangué. Parce qu’il avait des facettes aussi nombreuses que ceux qui l’ont connu seront surpris d’apprendre qu’il est mort. Parce qu’on devait aussi penser qu’il avait un tour pour jouer à la mort. Malheureusement son destin a croisé celui du tireur d’élite qu’est la mort».
Décédé le 28 mai dernier des suites de maladie à l’âge de 82 ans l’artiste musicien Santana International Showman a eu droit à des obsèques artistiques et traditionnelles samedi 18 juin 2016 à Foréké-Dschang où il a vu le jour en 1934.
L’inhumation avait suivi le décès, selon les us et coutumes du groupement Foréké-Dschang où le défunt Nangué Maurice était chef de quartier et notable. Il avait succédé à son père Meanfo Lekonsek.
Au cours de sa vie, le musicien avait pris de l’ascendant sur le notable. Le pouvoir a été confié à un représentant. Parce que le musicien étant à la conquête des podiums à travers le monde. Mais, comme l’a dit Mbi Sob Banang Fomethe Anaclet au nom des notables, «Il a beaucoup voyagé, et homme multidimensionnel il est revenu à la source et il a comme tout bon notable, préparé son départ ».
Dans les témoignages, les uns et les autres ont salué en Santana la joie de vivre et l’indépendance du style et la liberté d’entreprendre. Il aurait pu faire bon usage de son DEUG en Marketing il serait devenu l’un des spécialistes les plus influents de la planète. Il a obtenu ce diplôme à l’âge ou le marketing faisait ses premier pas dans le cercle très fermé des nouvelles offres de formation dans les universités européennes.
Il a choisi la musique et vivait pour la musique et de la musique. Son fils, l’unique d’ailleurs, lui sait gré de ne lui avoir pas imposé son obsession. Ce qui était probable, vu que la maison était jonchée partout de guitares, batterie et autres instruments de musique. Un motif pour lui de rendre un hommage appuyé à ce musicien de père, « J’ai grandi parmi les guitares, les batteries, bref dans l’arsenal de musique ; mais il ne m’a jamais contraint à faire ce métier. Il m’a laissé choisir ma voie. Donc il était vraiment libre dans sa tête ».
Unique fils, successeur et héritier de la notabilité laissée par son défunt père. « C’est un lourde charge, mais je pense être bien entouré par des amis notables et certains parents qui ont de l’expérience. Même du temps de papa il était souvent absent et le quartier se portait toujours bien. Je m’emploierais de faire à ma façon pour que les choses se passent bien. »
Santana International Showman se faisait du souci pour la sécurité des siens. Il pouvait aller jusqu’à consentir de sacrifices énormes à cette fin. Sa Majesté Djoumessi III Wamba témoigne : « un jour il est venu me voir pour me dire que nous n’avons plus raison de nous laisser surprendre dans notre maison par qui que ce soit. Il m’a dit que nous devons avoir qui est notre visiteur dès qu’il franchit le périmètre de notre habitation. Et il m’a parlé de la caméra de surveillance. Il avait déjà installé les siennes. Quelque temps plus tard il est venu me remettre un petit appareil en me disant qu’il s’agit d’une caméra de surveillance. Je n’ai pas su par quel bout commencer pour l’installer. Et quand il s’apprêtait pour venir l’installer la maladie s’est attaquée à lui qui a fini par l’emporter ».
Auteur de deux albums dont l’un en hommage à la femme et l’autre en soutien au président Paul Biya, Santana était de toutes les fêtes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à la place des fêtes de Dschang. Sa dernière apparition remonte au 6 novembre 2015, à l’occasion de la célébration du 33ème de l’accession du Président Paul Biya à la tête de l’Etat. Le représentant de ce parti, le Professeur Temgoua Emile, par ailleurs Premier Adjoint au maire de Dschang a salué ma mémoire d’un militant qui savait distiller la gaité et la joie parmi ses camarades.
« La personne la plus noble de la vie, c’est la femme. Nous devons respecter toutes les femmes qui ont gardé leur grossesse pendant neuf mois et accouché», chante l’artiste dans l’une de ses chansons à succès : « Respectons la femme » est une véritable invite au respect de la femme par l’homme. Ce qui faisait de lui, un artiste des plus respectés par les femmes et les féministes.
A côté de son art, Santana se passait pour le musicien le plus habillé. C’est fort de cette conviction qu’il de cesse conseiller ses confrères de mettre un accent particulier sur leur look. Dessy Love ne tarit pas d’éloge pour cet éternel sautilleur : « Santana était un papa stylé. Il disait à ses fils et filles que l’artiste doit avoir look, une personnalité. Et il avait la sienne. Elle était unique. »
Qu’il continue de sautiller là-Haut ; car sautiller était sa vie et à travers ce sautillement il a marqué son époque et inscrit son nom dans les annales de la musique. On ne saurait l’oublier et tant que ces milliers de personnes qui l’ont connu, apprécié et adopté.
Les étrangers, comme la famille étaient très nombreux à se bousculer dans la cour de la résidence de l’artiste. Les obsèques, dit un adage, sont des occasions de retrouvailles, du pardon et de la réconciliation.
Après son apparition dans la cour suivie de sa présentation au public comme successeur et héritier de la chefferie du quartier Touometo, Meanfo Lekonsek Fouegue Thomans a été ovationné par le public. Certains invités ont tenu à immortaliser cet instant de sa vie par une photo.
Une séance photo qui a permis aux uns et aux autres de se congratuler. Les uns saluant l’organisation irréprochable de la cérémonie, les autres salués pour leur élan de solidarité.
Après les cérémonies (témoignages, danses, présentation du successeur-héritier) les invités de marque se sont transporté à l’école d’application de Foréké-Dschang pour un buffet somptueux.
Momokana Augustin Roger
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