Pourquoi les journées Portes ouvertes, organisées les 31 mars et 1er avril 2022 sur l’étendue du département de la Menoua ne font pas courir les investisseurs ? Leur présence aurait été suffisante pour galvaniser ces jeunes innovateurs et inventeurs en herbe que sont les élèves. Le préfet du département de la Menoua n’a pas raté de leur faire un clin d’œil : « Je prie les différents partenaires, chefs d’entreprise de continuer à être coopératifs, de donner la chance à nos élèves d’allier la théorie à la pratique, d’accueillir et encadrer ces jeunes en ayant avant tout le souci d’apporter votre pierre à l’édifice de leur formation », leur a-t-il dit, poursuivant « vous êtes les premiers bénéficiaires de leur formation. Mieux ils sont formés mieux vos entreprises se porteront. »
Ces occasion au cours desquelles les élèves de l’enseignement technique et certains de l’enseignement générale (Technologies de l’information) sont de véritables foires aux prouesses.
« Journées Portes Ouvertes entrepreneuriales : Expression des compétences développées aux enseignements secondaires pour une réponse efficace aux défis industriels, technologiques et environnementaux au Cameroun » : thème des JPO 2022.
A cette occasion, au Lycée technique de Dschang, pôle accueillant le lycée technique de Foréké-Dschang, le Collège Albert Camus, l’Institut Privé Polyvalent la Réforme, le Lycée Classique de Dschang, les autorités administratives et la presse se sont régalées des prouesses de nos enfants.
De la topographie à l’électricité auto, en passant par la mécanique, l’électrotechnique, l’électronique, la mode, le bâtiment, tout y était pour assouvir la curiosité du visiteur et embarrasser le potentiel investisseur quant au choix à faire.
Comment ne pas être séduit par ces jeunes gens qui, à peine entrés en contact avec la topographie ont déjà la maitrise des procédures en matière d’achat et de sécurisation foncière ? Comment ne pas être subjugué par cet incubateur hybride capable de fonctionner avec du courant électrique comme du biogaz ? Comment ne pas admirer ces enfants qui ont réussi à mettre au point un dispositif de sécurité gérable à partir de son téléphone portable ? Comment oublier cet électrocardiogramme ? Comment ne pas tomber sous le charme de cette maison intelligente qui faciliterait la vie au handicapé ?
S’agissant par exemple de l’incubateur hybride, « il permet d’éclore les œufs après 21 jours. Cet incubateur à cette particularité qu’il est hybride, c’est-à-dire qu’il peut utiliser l’énergie électrique comme l’énergie fournie à partir de la lampe tempête ou du biogaz. Egalement nous avons la possibilité de modifier la température selon le type d’œuf ». Voilà donc une création qui permet de lutter contre la pénurie du poulet sur le marché. Cet incubateur a été mis au point par huit élèves de Terminale F3 du Lycée technique de Dschang sous la supervision de leur enseignant, Docteur NOULA.
« J’invite ceux qui n’étaient pas là aujourd’hui, qu’ils viennent découvrir les merveilles que leurs enfants préparent. D’ici peu, avec de la volonté et les moyens nous deviendrons plus que les Chinois », insiste MBA Joseph, proviseur du Lycée Technique de Dschang.
Curieusement, toutes ces prouesses exposées n’ont pas de clients, à l’exception des enseignants, des autorités administratives et des élèves eux-mêmes. Comment expliquer ce désintérêt de la population alors que ces enfants font preuve d’une ingéniosité spectaculaire ?
Le constat devrait amener les pouvoirs publics à repenser ces journées portes ouvertes afin qu’elles servent à développer l’économie nationale, à poser les jalons d’une industrie locale véritable. Pour cela il suffira d’en instituer des prix par département, d’inviter formellement des investisseurs dont des chefs d’entreprise pour animer des causeries avec les élèves et les investisseurs pour, éventuellement, signer des contrats d’appui à la fabrication des prototypes.
Ce sera donner à ces journées portes ouvertes une fonction à la fois didactique et d’émulation. Nos élèves en ont besoin pour croire davantage à l’école comme outil destiné à la construction d’un futur citoyen sur qui le Cameroun peut fonder son rêve.
L’importance pédagogique de ces Journées Portes Ouvertes n’est plus à démontrer, tant pour les apprenants que pour l’Etat. Il s’agit, explique MBA Joseph : « C’est un cursus. Lorsqu’on entre en première année, on leur donne les éléments nécessaires pour conduire leur vie et, le temps passant, ils se forment, ils acquièrent de l’expérience au point de faire ces réalisations que vous avez vues. C’est vrai que tous les niveaux étaient représentés parce qu’il fallait présenter ce que chaque niveau peut déjà avoir comme connaissances. »
Rappelons que cette édition des Journées Portes Ouvertes s’est tenue dans un contexte marqué par la crise qui vient de secouer le secteur éducatif camerounais. Le débrayage des enseignants sous le sceau de « On a Trop Souffert » (OTS) ou encore opération « Craie Morte » aurait certainement handicapé la parfaite organisation de cet rendez-vous annuel avec le génie des élèves.
Augustin Roger MOMOKANA
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