La première phase de l’opération de sécurisation de la colline du Signal tant annoncée a démarré effectivement lundi 11 avril avec le lancement du planting de 3000 plans d’arbres. Ilo s’agit de délimiter définitivement la zone habitée de la zone forestière. Cette dernière représente une superficie de 13 hectares. L’opération de sécurisation décidée est l’équation trouvée par la mairie pour stopper l’effet de lotissement par l’autorité administrative de cette colline officiellement réputée réserve forestière.
Pour le démarrage, sans tambour ni trompette, l’Université de Dschang et la Commune de Dschang étaient représentées respectivement par le professeur TCHAMBA Martin, chef de département de Foresterie à la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles (FASA), et le professeur TEMGOUA Emile, 1er Adjoint au Maire et géologue.
Ces deux personnalités ont bénéficié de la présence inopinée de Docteur Jean TSAFACK DJEAGUE, ingénieur agronome de la première promotion de la FASA et président directeur général de Futures Agribusiness basé à Maryland aux États-Unis. Il s’agit d’un spécialise du reboisement à l’échelle nationale, puisqu’il opère dans 9 régions au Cameroun, et internationale pour sa participation à la mise en place de la Grande muraille verte. Elle consiste en la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées en Afrique (du Sénégal à Djibouti), soit sur une bande longue d’environ 7000 km au sud du Sahara.
« Ce matin nous avons reçu l’information selon laquelle on devait lancer le reboisement de la ceinture du Signal. Il s’agit d’un projet que j’avais envisagé de réaliser lorsque j’étais étudiant à la FASA, malheureusement je n’avais pas bénéficié de l’encadrement politique. Je reviens aujourd’hui en tant que partenaire pour voir déjà quelle est le contenu de l’initiative et voir également dans quelle mesure je rejoins l’initiative pour reboiser tout le Signal. »
Après la mise en terre de leur plan d’arbre, les étudiants de niveau I FASA ont pris le relai dans le cadre de leur Pratique Agricole, sous l’encadrement de ATCHOMBOU Borel. Ce qui leur a permis de planter deux variétés de 500 bambous de Chine (le bambusa vulgaris et le Dendrocalamus) en première ligne. Quatre essences ont été retenues pour le reboisement de la colline du Signal. Il s’agit du bambou, du podocarpus, du gmélina et du pin. Il s’agit d’espèces dont la croissance rapide permettra d’atteindre l’objectif fixé par la Mairie de Dschang. Ces essences ont été choisies en fonction du rôle qu’ils pourront jouer, notamment la purification de l’air, la fourniture du bois d’œuvre, la promotion de l’écotourisme, etc.
« Nous sommes dans le concept des changements globaux. Le changement climatique ne concerne pas un seul secteur. Il affecte tout le monde. C’est en tout lieu et en tout temps que nous devons être préoccupés par cette question. Et nous avons très bien compris que la forêt urbaine est une aubaine pour la régulation du climat qui est perturbé par les émanations de ce qui nous vient des maisons. Vous le savez sans doute, en 2016 la ville de Nantes a été désignée la Ville Verte d’Europe en raison de la forêt urbaine, du bois mis sur les différents axes de leur ville. Dschang en tant que partenaire de Nantes ne peut ne pas copier pareille initiative », professeur TEMGOUA Emile.
Mais l’Université de Dschang, tout comme la Commune de Dschang, sont très préoccupées par la protection de ces arbres. Dans la mesure où l’opération a lieu dans un terrain agricole où les cultures de maïs, de haricot, de manioc et même d’arbres fruitiers est constante. La mairie de Dschang compte sur la collaboration de ces agriculteurs de circonstance pour l’entretien et la protection des arbres ainsi mis en terre, et qui en retour tirent profit par leurs récoltes.
« Nous avions deux hypothèses : chasser les cultivatrices qui nourrissent leur familles aussi grâce aux récoltes qu’elles font ici et alourdir le travail de la mairie en termes de désherbage, ou les maintenir sur place, les recenser, les encadrer afin qu’ils cultivent pour nourrir leurs famille, mais en nous accompagnant à entretenir les arbres. Notre vœu est que les populations qui cultivent cet espace, tout en recherchant de quoi nourrir leurs familles nous accompagnent à entretenir ces arbres. Nous allons davantage les regrouper pour les sensibiliser. Egalement, le vœu de la mairie c’est que cette portion reste et demeure la forêt urbaine », précise professeur TEMGOUA Emile.
Dans cette perspective, des campagnes de sensibilisation à l’attention de ces citadins-paysans qui pratiquent une agriculture urbaine dans cet espace forestier sont envisagées afin qu’ils veillent à la fois sur leurs plantes et sur les arbres plantés.
Les arbres plantés non seulement vont contribuer à la bonne qualité de l’aire dans la ville, mais ils vont également constituer, à terme, une source de revenu pour la mairie, et permettre de mettre sur pied un parc de loisir avec des pistes piétonnes pour les amoureux du sport nature.
« Ça peut potentiellement être une zone de promotion de l’écotourisme. Une fois que la forêt sera mise en place il sera possible faire des parcours pédestres. Les visiteurs pourront donc faire du sport. Aussi cette opération joue un rôle important dans la purification de l’air. Mais la question des services est clé. On aura un plan de gestion qui permet de valoriser les différentes espèces. Ce sera une activité génératrice de revenus pour la Commune. Il y aura des moments où on va faire des éclaircis et le bois coupé sera utilisé à quelque chose de précis. Le podocarpus est un très bon bois pour la charpente, par exemple », explique le professeur TCHAMBA Martin.
Pour mémoire, la réserve forestière du Signal, dont plus de la moitié de la surface a été attribuée par l’autorité administrative pour des lotissements, se résume aujourd’hui à 13 hectares. L’opération de sécurisation engagée s’inscrit dans la mise en ligne de la convention Université municipale qui unit la Commune de Dschang à l’Université de Dschang, dans le cadre des services à la communauté (SAC). Convention signée le 27 janvier 2021 en la Salle des Actes de l’Hôtel de ville de Dschang.
Augustin Roger MOMOKANA
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