
feu vert européen pour Biktarvy® pour le traitement de l’infection par le VIH-1
Selon Dr Jean Michel Tezano, développement d’un médicament se fait d’abord in vitro avec des cellules, puis in vivo sur des animaux (études précliniques) ; avant de nécessiter la participation de l’homme. Tel est l’objet de sa chronique du mois.
Le mois passé, nous avons ensemble donné une définition générale de la chronologie du développement d’un médicament. Sachant que celle-ci se fait d’abord in vitro avec des cellules puis in vivo sur des animaux (études précliniques) avant de nécessiter la participation de l’homme comme sujet, le tableau ci-dessous nous donne un détail bien précis sur les différentes phase d’essais cliniques, leurs buts, leurs objectifs et la taille des sujets volontaires ou des patients pour leur réalisation.
Phase I : menée sur un petit nombre (10 à 40) de volontaires sains ou sur des patients en phase terminal, ces essais visent principalement à étudier la tolérance au médicament et à définir la dose et la fréquence d’administration qui seront recommandées pour les phases suivantes. Elle dure habituellement entre un et deux ans. Seuls certains services de cancérologie sont habilités à les mettre en place. Je comprends que certain lecteurs de cette chronique soient à ce stade scandalisé par cette pratique mais Georges Bernanos ne disait-il pas lors de la Conférence aux étudiants brésiliens à Rio de Janeiro le 22 décembre 1944 que « l’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques » ? Lorsqu’on est déjà certain de tout perdre, il est sûr qu’on est prêt à tout risquer. Notre santé est donc le fruit du fait que celui qui n’avait plus rien à perdre a accepté de courir aisément tous les risques.
Phase II : un nombre limité de malades est inclus dans ces essais (40 à 80 en moyenne). Certains essais de phase II comparent deux traitements ou encore le traitement expérimental peut être comparé à un placebo. La durée d’une phase II est généralement de deux à trois ans, dépendant de la pathologie sélectionnée et du nombre de malades. Nous reviendrons très prochainement avec plus de détails sur la méthodologie des essais.
Phase III : ces essais sont destinés à comparer le nouveau médicament à un traitement standard afin de déterminer son efficacité. Ils incluent plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de malades, et durent d’ordinaire au moins quatre à cinq ans, selon la pathologie et l’effet attendu. En fonction des résultats, le promoteur pourra faire une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) qui permettra plus tard la commercialisation du nouveau produit.
Phase IV : Après leur commercialisation, les médicaments continuent à faire l’objet d’un suivi strict à long terme, dit post-AMM, afin d’identifier tout effet secondaire grave et/ou inattendu dû à son administration. On parle de pharmacovigilance. Les essais de phase IV peuvent aussi être destinés à évaluer ce nouveau médicament approuvé dans des conditions d’administration différentes, par exemple la fréquence d’administration, le nombre de cures, la durée de la perfusion…
En règle générale, la première fois qu’on essaye un avion, il y a quelqu’un qui l’essai. On prévoie que l’avion vole, mais parfois – rarement – il s’écroule”. “L’idée des essais cliniques, c’est qu’on établit un équilibre entre le risque pris et le bénéfice étendu.
In vitro : Se dit des réactions chimiques, physiques, immunologiques ou de toutes les expériences et recherches pratiquées au laboratoire, en dehors d’un organisme vivant. (On réalise in vitro des cultures de tissus, la synthèse d’hormones, etc.)
In vivo : (en latin : « au sein du vivant ») est une expression latine qualifiant des recherches ou des examens pratiqués sur un organisme vivant, par opposition à in vitro ou ex vivo. Les essais cliniques sont une forme de recherche in vivo, en l’occurrence sur des humains.
La pharmacocinétique est comme la pharmacodynamie une sous-discipline de la pharmacologie. Un aphorisme la définit comme « ce que fait l’organisme à un médicament’, tandis que la pharmacodynamique est définie comme ‘ce que le médicament fait à l’organisme. »
Prise en charge normal du patient : Principaux actes médicaux dont profitent en général un patient dans le cadre spécifique d’une maladie (diagnostique, examens médicaux, soins, traitements, conseils…).
La pharmacovigilance est l’activité consistant à enregistrer et évaluer les effets secondaires (en particulier les effets indésirables) résultant de l’utilisation des médicaments.
Promoteur : Individu, entreprise institution ou organisme qui prend la responsabilité de mettre en place, de gérer et / ou de financer un essai clinique/biomédicale sur l’être humain, qui en assure la gestion et vérifie que le financement de la recherche est prévu”
Un placebo (du latin placebō : « je plairai », de placeō : « je plais ») est un traitement d’efficacité pharmacologique propre nulle mais agissant, lorsque le sujet pense recevoir un traitement actif, par un mécanisme psychologique ou physiologique.
Actualités :
lL’EMA valide la demande d’AMM pour l’association fixe bictégravir/emtricitabine/ténofovir alafénamide dans le VIH
La demande d’AMM de Gilead Sciences pour son traitement en développement à prise unique quotidienne pour le traitement de l’infection par le VIH-1 chez l’adulte a été validée dans son intégralité et va être maintenant évalué par l’Agence Européenne du Médicament (EMA). Ce traitement a démontré des taux élevés de réponse virologique, sans apparition de résistance au traitement, au cours des 48 semaines qu’ont duré les essais cliniques de phase III chez des adultes naïfs de traitement ainsi que chez des adultes contrôlés en succès virologique qui suivaient auparavant un autre traitement. Il est cependant à noter que mit sur le marché, une boite de 30 comprimés coutera environ 700 Euros (428.500 Fr CFA). Inaccessible pour les pays du sud !!!
Diabète : Defymed développe un nouveau dispositif innovant de délivrance d’insuline
La société de technologies médicales strasbourgeoise Defymed développe un nouveau dispositif de délivrance d’insuline : ExOlin®. Destiné aux personnes atteintes de diabète (de type 1 et une partie de type 2), ce dispositif médical innovant devrait entrer en phase clinique en 2018 et être mis sur le marché à l’horizon 2020. Le diabète est une maladie caractérisée par une élévation anormale du taux de sucre dans le sang. Considérée comme une des épidémies majeures du 21e siècle, le diabète risque de concerner 592 millions de personnes dans le monde d’ici 2035 et nous n’en sommes pas épargné (Notre rédacteur en Chef Monsieur Momo Kana vient de perdre son papa de suite de complication dû à cette maladie). L’ExOlin® est constitué d’une membrane biocompatible, non biodégradable, perméable à l’insuline. Il sera implanté dans l’abdomen du patient et permettra de délivrer l’insuline dans un site physiologique par simple injection de celle-ci à travers la peau. Il représente donc un avantage considérable pour les patients, qui peuvent conserver leurs modes d’injection habituels (seringue, stylo, pompe, etc.) et espérer une meilleure stabilisation de leur glycémie à long terme car l’insuline sera délivrée dans un endroit bien plus physiologique grâce.
Guy Michel TEZANO