« Qu’est-ce qu’un musée ? Est-ce un bâtiment, ou un ensemble de savoirs, de signes et de symboles matériels et immatériels que l’on convoque à un moment donné dans un espace précis ? »
Les uns et les autres sont repartis très satisfaits de ce qu’ils ont vu et entendu pendant les 10 jours de l’Exposition-Workshop : « reconnecter les objets, les savoirs et/avec les sujets. »
Exposition – Workshop… reconnecting objects : ce qu’il faut en retenir à l’issue des 10 journées d’activités.#Patrimoine #musée #Dschang #Cameroun
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Parce que les problématiques soulevées et discutées étaient quotidiennes, généralement ignorées ou traitées avec désinvolture, désintérêt, inconscience, arrogance et raillerie.
Que ce soit le musée, les savoirs, les objets et les sujets, se les approprier dans le contexte camerounais et africain nécessite que les décideurs se fassent violence, qu’ils souffrent de ne plus penser des initiatives sans impliquer les populations qui sont les principaux bénéficiaires.
D’ailleurs, dans leurs différents rapports, rapport scientifique et rapport artistique, le professeur Colbert AKIENDJI et l’artiste André TAKOU SAA ont radicalement et pompeusement exprimé leur haut-le-corps face aux politiques nationales et locales en matière culturelle.
Tant et si bien que l’on devrait se faire l’obligation de questionner le conseil municipal de Dschang, par exemple, sur le rôle et la place qu’elle assigne à la culture pour comprendre.
La politique culturelle, ici comme là-bas, se résumerait-elle à inviter des groupes de danses pour des intermèdes lors des cérémonies officielles ? Consisterait-elle à adresser la culture comme secteur d’expression et de développement ?
Rien ne devrait être fait dans l’approximation. Parce que la culture comme le sport sont des vecteurs de l’identité familiale, locale, nationale. De ce point de vue, rien ne doit être fait isolément car il s’agit d’une politique de co-construction pour laquelle les municipalités doivent mettre en place un cadre politique à même de favoriser le génie et la créativité individuelle et collective.
« On a vu un public qui se familiarise, qui n’a pas une barrière qui l’empêche d’aller vers les objets patrimoniaux. C’est une démarche que nous avons engagé à reconceptualiser la question du musée au Cameroun et en Afrique générale. Reconceptualiser parce que finalement est-ce qu’il est nécessaire d’adopter l’approche muséal occidentale ?»
Ainsi travers un échange sur la symbolique du grenier – comment le désigne-t-on dans votre langue maternelle ? En Yemba cela s’appelle n’kin et symbolise l’endroit où l’objet sacré où l’on garde les réserves de la récolte. Cette réserve étant inestimable car destinée pour nourrir la famille en tant de besoin. Le n’kin est synonyme de musée qui est où l’on sauvegarde les objets précieux (masques, pendentifs, bracelets, vêtements sacrificiels, entre autres) qui ne peuvent pas être exposés n’importe où et n’importe comment. Cet espace a été matérialisé par une installation (photo)- André TAKOU SAA a pu démontrer que le musée n’est pas étranger chez les Africains. Le problème réside au niveau de sa conceptualisation à partir du prisme occidental qui, malheureusement n’expérimente pas les mêmes réalités que l’Afrique.
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Contrairement à l’artiste, le professeur Colbert AKIEUDJI a quant à lui partagé avec les festivaliers son constat du volet scientifique – l’intérêt que dégage chaque conférence et table-ronde -. Il apparait que le festival a exploré le champ, les enjeux et les possibilités d’un musée africain, les ressorts nécessaires pour une appropriation de l’art par les Africains. Ainsi la rencontre de Dschang que l’on a évité, à tort ou à raison ( ?) de qualifier de festival, a assumé son rôle comme pôle scientifique porté vers la redéfinition du musée comme espace public de vie des Africains d’abord, puis du reste du monde en suite. Les festivaliers ont pris conscience de ce que les musées africains doivent être conçus pour les africains. Arrêter donc de penser la création d’un musée sur la base de l’argent à collecter auprès des occidentaux. Cela éviterait aux musées à venir les misères des musées actuels qui souffrent de manque de financements, de la sous-fréquentation, etc.
Il s’agit, dit Docteur Lucie MBOGNI NANKENG, « de décloisonner l’art, le patrimoine, les savoirs autours des objets, c’est-à-dire adopter une approche telle que le musée aille vers les populations. »
Et pour boucler le tout, le comité d’organisation a été présenté par docteur Lucie, le professeur Albert GUOUAFFO s’est chargé des remerciements du comité aux experts et aux artistes venus de Berlin, Oxford, Capetown, Dakar, Yaoundé et Dschang. En même temps, les participants ont reçu leur attestation des mains de Dr Lennon Chido Minshi de l’Université d’Oxford et Dr Rossila GOUSSANOU de l’Université Cheik Anta Diop.
Augustin Roger MOMOKANA
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