
Félix Roland Moumié fait partie des figures historiques du Cameroun. D’ailleurs, il a sa place dans le panthéon des héros nationaux en vertu de la loi du 16 décembre 1991.
Félix Roland Moumié est le Président de l’UPC (Union des populations du Cameroun). Né le 1er Novembre 1952 à Njissé dans le département du Noun, il est décédé le 03 Novembre 1960 d’empoisonnement à Genève, Suisse.
Docteur Félix Roland Moumié, héros de la libération nationale, de l’indépendance et de l’unité du Cameroun est donc décédé à Genève, « très probablement par le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage ».
Après de brillantes études à l’École supérieure Édouard-Renard de Brazzaville, puis à l’école professionnelle William-Ponty à Dakar, Félix Roland Moumié revient au Cameroun en 1947 nanti du titre de médecin. Ce qui lui vaut d’être affecté à Kribi.
Dans la ville côtière, Dr Félix Roland Moumié fera la rencontre, grâce à Gabriel d’Arboussier, la connaissance de Ruben Um Nyobe. Un an après, le médecin est muté à Lolordof où il séjournera deux ans. C’est d’ailleurs dans cette localité que le couple Moumié donne au monde son premier enfant.
Le 10 avril 1950, au Congrès de l’UPC au palais royal de Foréké-Dschang, Félix Roland Moumié est élu vice-président de l’UPC. La même année il est élu comme vice-président de la « conférence des partisans pour la paix ». Ce qui attire la curiosité des Français. Alors commencent pour lui le cycle des affectations disciplinaires. Ainsi Bétaré-Oya, Mora, Maroua vont l’accueillir comme médecin. Ces nombreux déplacements sont mis à profit pour implanter l’UPC et semer le patriotisme et dénoncer le colonialisme.
« Nous invitons M. André-Marie Mbida et ses collaborateurs à comprendre que le « tribalisme » n’est pas valable en politique et que l’intérêt du Kamerun n’est pas dans la politique de corruption et des oppositions africaines. (…) Nous leur demandons de placer l’intérêt du Kamerun au-dessus des luttes d’influence et des problèmes de personnes, », extrait du rapport de l’intervention de Ruben Um Nyobe au Congrès de l’UPC à Kumba, du14 au17 décembre 1951.
« Il faut comprendre que l’espoir des colonialistes ne reste accroché que dans le Nord. […] Ils essayeront d’utiliser le prétexte de la religion et des coutumes. Tu as une assez riche argumentation pour leur faire comprendre qu’aucune tribu du Cameroun ne menace une autre, aucune religion ne menace une autre. […] Nos frères du Nord ne sont pas imperméables aux questions nationales de notre pays », écrit pour sa part Félix Roland Moumié à un ami.
En 1952, à Eséka, malgré son absence liée aux raisons professionnelles, Félix Roland Moumié est élu président de l’UPC, en remplacement de sa majesté Djoumessi Mathias. Le nouveau leader a pour feuille de route la « Résolution des problèmes fonciers, l’encouragement des cultures de rente, la revitalisation de l’art bamoun ». Il s’agit, en vérité, d’un programme politique pour briguer des sièges à l’ATCAM (Assemblée territoriale du Cameroun).
Deux ans plus tard, précisément le 25 novembre 1954, Ruben Um Nyobe prend la parole aux Nations Unies. La France qui hésitait encore prend une décision ferme, en envoyant Roland Pré comme son nouveau gouverneur d’Outre-Mer au Cameroun. Il sera installé dans ses fonctions le 2 décembre. Aussitôt, il prend la décision de faire ramener les leaders de l’UPC à Douala. Afin de pouvoir garder un œil permanant sur eux. Félix Roland Moumié est ainsi affecté à Laquintinie en 1955.
Deux faits majeurs sont à signaler, qui s’insèrent dans l’histoire du Cameroun : d’abord ce texte de Roland Pré, signé le 9 février 1955, qui donne le droit « à toute autorité, de requérir la force publique pour disperser toute réunion suspecte de plus de deux personnes », ensuite la signature par l’UPC d’un texte exigeant la fin du régime de tutelle et l’indépendance immédiate du Cameroun.
Le 25 mai Roland Pré donne une conférence de presse où il met en accusation l’UPC. Félix Roland Moumié ne se fait pas prier pour répondre. Il organise une réunion publique pour démentir le gouverneur Roland Pré. Face à l’affluence de la foule à cette réunion, l’armée intervient. La répression est sanglante et meurtrière dans une dizaine de villes pays. Le bilan demeure inconnu, mais l’on parle de 5000 morts.
« le 13 juillet 1955, l’UPC, l’Union démocratique des femmes camerounaises (UDEFEC) et la Jeunesse démocratique du Cameroun (JDC) sont interdits. Le siège de l’UPC est saccagé ». Des arrestations massives sont opérées dans les rangs de ce parti. Les principaux dirigeants s’enfuient. Ruben Um Nyobè passe dans la clandestinité, tandis que Félix Roland Moumié rejoint le Cameroun britannique en traversant le fleuve Moungo. C’est ainsi qu’il se retrouvera en Égypte, puis au Ghana et en Guinée, avant d’être accueilli à Conakry par le président Ahmed Sékou Touré.
En 1960, alors que Félix Roland Moumié est à Genève pour négocier l’achat des armes avec des amis chinois, William Bechtel un agent de renseignement est envoyé de Paris par le premier ministre français Michel Debré, à la demande de Jacques Foccard, pour empoisonner au thallium celui qui le prend pour un journaliste.
Augustin Roger MOMOKANA