Ce n’est plus un secret. L’image de Dschang ville cinématographie en construction s’enracine dans les mémoires ici et ailleurs. Dès ce 1er février, la cité sera remplie de réalisateurs et de producteurs venus des quatre coins du Cameroun et de l’étranger. Pour l’étranger, certains sont déjà dans la place : Dr Armand Nghemkap, Selavie, etc.
Le côté sale et maffieux du cinéma est ce que les Camerounais affectionnent le plus. Ils sont aidés et encouragés en cela par les chaines de télévision présentent sur le territoire national. Ces télévisions sont prêtes à se coucher sous les pieds de leurs banquiers afin d’aller payer la dernière des séries dites novelas.
Martial Kouamo, Selavie et Dr Armand Nghemkap n’ont pas constaté le contraire mercredi dernier, lors de la conférence de presse en prélude à la 4ème édition du festival Komane dont le clap d’ouverture sera donné jeudi 1er février. Seize films sont en compétition et le jury est présidé par Joseph Moutcho.
L’objectif recherché par le Festival Komane est tout autre. Lutter contre le côté roublard et renégat du film camerounais. Parce que le cinéma est le seul moyen efficace pour lutter contre l’érosion de notre société. En ceci qu’il est à la fois une bibliothèque, un disque dur et un livre accessible à tous les esprits.
Le cinéma camerounais doit viser la valorisation des traditions africaines et non de la culture occidentale. Ce sont deux contextes, deux visions du monde diamétralement opposés. Jeter leur dévolu sur les telenovelas c’est tuer la culture africaine. Pourtant, l’argument de la mondialisation ne tient pas. Car pour aller à la rencontre de l’autre il faut avoir une identité à lui proposer. La mondialisation devient alors un « dialogue interculturel ».
Dans tous les cas, le festival de Dschang a comme objectif de proposer aux camerounais des films qui ne les éloignent pas de l’objectif éducation, prise de conscience et remise en question, promotion des valeurs identitaires. Selavie plaide pour la lutte contre le phagocytage de nos valeurs par celles importées. Pour que cela soit fait les télévisions devraient se mettre à disposition des cinéastes camerounais. « Il faut qu’à la sortie les gens aient retenu quelque chose, se poser la question qu’est-ce que ce film m’a apportée », dit-elle.
Augustin Roger MOMOKANA