
Il semble que les grands artisans des grands fléaux qui ont failli éradiquer l’espèce humaine soit des universitaires. Ceux d’entre eux qui n’ont pas su faire la différence entre la raison et l’animalité.
Léon Mugesera (photo /La Presse) était professeur de lettres et homme politique rwandais, membre de la communauté hutus à laquelle appartenait le président Juvénal Habyarimana. Cette proximité tribale avec le président de la république le rendit tellement zélé qu’il s’est permit de tenir un discours incendiaires dont des extraits seront diffusés en boucle sur les ondes de la Radio Milles Collines.
« Ne sais-tu pas donc ni écouter ni lire ? Moi, je te fais savoir que chez toi, c’est en Éthiopie, que nous vous ferons passer par la Nyabarongo pour que vous parveniez vite là-bas »*
Ainsi donc la cible de Léon Mugesera était les Tutsis. Cette envolée lyrique contre cette communauté minoritaire a été si excitant que de jeunes égarés hutus ont décidé de prendre la machette pour pourchasser ces « indésirables » jusqu’en Ethiopie.
Entre temps, son discours de 1992 prendre une tournure spectaculaire. Le ministre de la justice a émis un mandat d’arrêt contre lui. C’est alors que le professeur Léon Mugesera réussit à prendre l’avion en 1993 pour émigrer au Québec avec toute sa famille. L’année d’après, plus précisément le 6 Avril 1994, l’avion transportant le président Habyarimana a été abattu par un missile au-dessus de Kigali.
La goutte d’eau qui déborde le vase. Armés de machettes un groupe de jeunes Hutus se lancent dans une chasse effroyable contre leurs frères Tutsis. En quelques semaines le bilan est de 800 000 morts, selon l’ONU.
A la fin du génocide, le président Paul Kagame n’a cessé de réclamer l’extradition du professeur. Chose qu’il obtient finalement en 2012. Le professeur Léon Mugesera s’y était réfugié depuis 1993 et enseignait la linguistique à l’université de Laval.
Dès son atterrissage dans le pays, son procès s’ouvre. C’est ainsi qu’en en 2016 le fameux professeur doublé de sa casquette d’homme politique finit par être condamné à vie par le tribunal de Kigali.
Face à la justice, le professeur Léon Mugesera a toujours nié son implication, à quel que niveau que ce soit, de ce qui s’est produit dans son pays ; expliquant avoir vécu l’assassinat du président à la télévision depuis le Canada. « Je rejette formellement et catégoriquement toutes les accusations portées contre moi. Je nie avoir été impliqué dans les tueries, de manière directe ou indirecte », dit-il.
Augustin Roger MOMOKANA
*citation traduite de la langue nationale par le Professeur Thomas Kamanzi