
Alors que les commerçants des marchés A, B, et Tsinfem ont rouvert leurs boutiques, en attendant la conduite à tenir par rapport au règlement du bail le maire de Dschang, Jacquis KEMLEU TCHABGOU donne sa part de vérité sur un mouvement d’humeur qui a paralysé les marchés de sa ville pendant près d’une semaine.
« Dans un pays de droit les gens ont le droit de manifester. De dire ce qui les embête. C’est ce qui s’est passé. Il y a eu, comme vous l’avez si bien relevé, un mouvement d’humeur, mais mal alimenté. Parce qu’il était pour nous question de savoir où se trouvait le problème. Au regard de tout ce que nous avons entendu. Après avoir fait des échanges nous sommes arrivés au fait qu’il y avait effectivement des occupants qui estimaient que le coût de leur loyer allait exploser du fait de la mairie. Que ça allait passer au double, au triple, voire au quadruple pour certains ; et ce du fait de la mairie.
Nous avons tenu déjà à faire des précisions. Il fallait que les gens sachent que ceux qui leur ont dit qu’ils étaient propriétaires ne l’étaient pas. Le premier point était de faire savoir aux populations, et plus particulièrement à ces occupants que les boutiques appartiennent à la mairie. Par conséquent tout ce qui viennent les solliciter ne sont que les locataires et le maire le bailleur.
La deuxième chose était de préciser, cela était important, que les ventes-cessions sont illégales. Parce qu’on dit en droit qu’on ne peut céder plus de droits qu’on en a. Vous ne pouvez pas être un preneur et vous vendez à un autre preneur.
La troisième chose était que le sous location qui a court dans ce marché est interdite suivant les texte Ohada en matière de bail commercial. C’était important de faire savoir aux occupants qu’en fait ils étaient des sous locataires, mais que la mairie n’avait jamais eu l’intention de déloger quelqu’un. Il était question de clarifier des situations prises individuellement. Lorsqu’on parle d’augmentation il n’y en a jamais eue. C’est toujours bon de le faire savoir.
La plus petite boutique au Marché A mesure 7,13m². Quand vous regardez la délibération qui a été prise en 2010. Lorsque vous occupez une boutique de cette surface vous êtes redevable de 15000 francs mensuellement. Qui a demandé 15000 francs à quelqu’un ? Personne !
Et il était bon de faire savoir à tout le monde que les loyers allaient de 2000 à 6000 francs. Il n’y a aucun loyer au Marché A qui coûte plus de 6000 francs. Et c’était extrêmement important de le faire savoir. Du coup les gens ont commencé à se poser la question :
– Qui dit donc qu’on a augmenté les loyers ?
On a eu la chance, pendant les échanges, que ceux qui sous louaient ont fait des révélations. Une dame m’a dit : « je suis déjà à 50 000 francs. Quand vous allez augmenter… » On lui a demandé : « vous parlez de quoi ? »
Vous rendez compte qu’il y a un ensemble de personnes qui n’ont rien à faire avec cette question de loyer. Ils sont alignés. Une question simple leur a été posée : qu’est-ce que vous faites ici ? Il répond : je suis au marché B. On m’a demandé de fermer sinon on brûle ma boutique. Pendant que nous demandons aux gens de s’exprimer nous comprenons que le problème est ailleurs. Quelqu’un paie un loyer à 2000 francs dans la ville de Dschang. Est-ce que c’est possible ? Est-ce que c’est acceptable ? Quand un loyer qu’on paie à 2000, 3000, 4000, 5000, 6000 francs est sous loué à 30 000 francs, est-ce que c’est juste ?
La mairie ne peut pas avoir consenti des efforts pour aider les populations, céder elle-même, mais des gens tapis dans l’ombre détenant 5, 6 voire 10 boutiques se permettent de pratiquer des taux que la mairie ne peut jamais oser pratiquer. Ça montre quel est le niveau de la ville ; et c’est à ce niveau que c’est intéressant. Parce que si les gens paient 30, 40 et 50 000 francs, cela voudrait dire que la ville a atteint un niveau… Chacun de nous sait que lorsqu’on fait des affaires le bail à un certain moment donné est quelque chose de fondamental. Et lorsqu’à un moment vous vous sentez dans l’incapacité de payer, ce que vous faites c’est de négocier. Vous proposez ce que vous pouvez payer.
Nous disons dans les prochains jours nous allons nous retrouver. On prendra chacun individuellement. Il prendra son ticket d’occupation. S’il n’en a pas, la mairie va le lui donner. Parce que chaque contrat est en cinq exemplaires. Pour quoi la mairie a récupéré votre exemplaire alors qu’elle en a encore quatre exemplaires ? Il y a quelque chose qui ne va pas. Venez ont vous remettra une copie et ensemble on verra ce qui est écrit dessus. Et chacun va dont décliner son identité. Est-ce qu’il est simplement occupant ? Est-ce qu’il est preneur à la mairie ? Vous verrez que tout va redevenir clair.
Nous nous réjouissons aujourd’hui parce que nous avons pris la peine d’échanger avec les commerçants et ils ont fini par comprendre la supercherie. Même ceux qui n’ont rien à faire avec le marché disent que cette situation a trop durée. Vous n’étiez même pas au courant de cette situation qui dure depuis 15-20 ans. Ceux qui sont anciens dans le marché nous disent que c’était un réel problème auquel les gens n’ont pas voulu s’attaquer. « Nous vous soutenons parce que vous recherchez l’équité. » Et l’équité va prévaloir. Nous n’allons chasser personne. Nous n’avons pas des boutiques que nous recherchons. D’ailleurs que nous allons en construire pour ceux qui en ont éventuellement besoin. Que les gens se tranquillisent. Ceux qui sont dans leurs droits vont rester dans leurs droits. Rien ne sera excessif.
S’agissant du marché de Tsinfem. Ceux qui avaient dit que le maire est arrivé et il demande 180 mois de loyer…est-ce que c’est possible ? Le maire a plutôt fait un constat. Et quand le communiqué a été commis tout le monde s’est calmé. Vous avez vu qu’en fait il y a des gens redevables à la mairie de 15 ans de loyer. Pour un montant global de 12 millions 400 mille francs CFA. A l’heure actuelle, après les échanges, je puis vous dire que nous avons déjà recouvré plus de 5 millions. Sans pression. Les gens reconnaissent, ils viennent régulariser leur situation. Ce que nous voulons…on veut des échanges. On laisse des moratoires. Ce que nous ne voulons plus c’est qu’on ait des boutiques comme au Marché A qui n’ont même pas d’identifiants. Plus d’une dizaine de boutiques exploitées et dont on ne sait même pas qui était derrière. On vous donnera les numéros de ces boutiques. Vous voyez que des situations comme celle-ci apportent des éclairages. On vous donnera les numéros de ces boutiques, parce qu’on a fini un compte rendu. Avec toutes les boutiques bien identifiées et cela ne plait pas à certains. Ça devait plaire à tout le monde.
Voilà l’éclairage qu’il fallait partager pour que les gens sachent qu’il y a eu trop de non-dits dans cette histoire. »
Propos recueillis et retranscrits par Augustin Roger MOMOKANA