
HOMMAGES AUX MORTS DE NGOUACHE : LE FIL DE LA DOUBLE CEREMONIE A BAFOUSSAM ET BAMENDOU.
41 personnes ont trouvé la mort dans la catastrophe naturelle de Ngouache, à Bafoussam. Ces victimes sont pour la plupart originaires de la Menoua (30) et des Bamboutos (11).
Un éboulement de terrain survenu dans la nuit du 28 au 29 octobre dernier à Ngouache, quartier du chef-lieu de la région de l’Ouest, a fait non seulement des morts, mais a enseveli près d’une quinzaine de maisons d’habitation.
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La journée du samedi 09 nombre a été décrétée Deuil national. A cette occasion le Premier Ministre Chief Joseph Dion Ngute s’est rendu à Bafoussam où il a présidé, au nom du Chef de l’Etat, la cérémonie d’hommages aux victimes de cette catastrophe naturelle.
Chief Joseph Dion Ngute a entamé son séjour à Bafoussam par la visite du site de la catastrophe. Avant de se rendre à la place de fêtes transformée en foire aux cercueils. Ici, salut aux couleurs, inclinaison devant les morts, installation dans la tribune, prières, condoléances ont constitué le menu de la cérémonie.
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Prière œcuménique par où il a été question pour les différents serviteurs de Dieu – imam, pasteur, prêtre- non simplement d’implorer la pardon de Dieu pour les péchés des personnes décédées, mais aussi d’amener les vivants à s’interroger sur leur relation avec le Créateur. Par ailleurs, il a été demandé à ces personnes qui amassent de l’argent de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.
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Le mea culpa du délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bafoussam.Selon Emmanuel Nzete, la catastrophe de Ngouache vient mettre fin à la tolérance administrative et oblige les autorités municipales à ne plus jamais tolérer des constructions sur des sites classés dangereux.
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« Il est bon que cela soit su de tout le monde. Depuis de très longues années, et avec l’appui financier et technique du gouvernement de la république la communauté urbaine de Bafoussam a doté la ville de deux importants documents d’urbanisme : le plan directeur d’une part, et le plan d’occupation des sols d’autre part. ces deux et précieux documents qui ont été tous approuvés par la tutelle nous ont permis, entre autres, de déterminer avec précision les zones interdites des constructions ou encore les zones dites non constructibles dont la liste exhaustive a fait l’objet d’une large diffusion. Malheureusement certains de nos compatriotes, sans doute par ignorance, y ont réalisé des constructions en toute illégalité c’est-à-dire sans titre foncier et sans permis de construire. Et nous n’avons pas toujours eu l’audace suffisante pour démolir ces constructions. Nous nous sommes, la plupart du temps, limités à la sensibilisation, mais aussi aux sommations. Comme pour le cas de Gouache qui nous intéresse aujourd’hui. Des actions plus audacieuses nous ont valu des poursuites devant les tribunaux par certains de ces occupants sans droit ni titre. Nous pensons qu’avec ce qui nous est arrivé avec son lot de conséquences épouvantables, que chacun a vues, il va falloir désormais être sans pitié. »
Message de condoléance du Chef de l’Etat aux victimes et aux familles endeuillées. Il a été présenté par le gouverneur de l’Ouest Awa Fonka Augustine. Le président de la République a ordonné 200 millions FCFA pour les victimes et les déplacés.
Puis, mots de réconforts du Premier ministre aux victimes et familles des disparus. Le Chef du gouvernement Chief Joseph Dion Ngute accompagné du gouverneur Awa Fonka, des chefs supérieurs Bamougoum et Baleng et Bafoussam s’est arrêté devant chaque famille.
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Remise des dépouilles aux familles. Le groupement Bamendou, dans la commune de Penka-Michel, département de la Menoua, paie le plus grand tribut avec 30 morts sur les 43.
Autre décor, cérémonie similaire : place royale du palais Bamendou. En présence du sous-préfet et du maire de Penka-Michel, du préfet du Boyo, du Représentant résidant de l’IAI, de Madame Ngie Kante, qui seront rejoint par le ministre Momo Jean De Dieu.
Prière pour le repos éternel des âmes disparues. Cette prière œcuménique a été dite par un collège pasteurs de l’église évangélique conduit par le révérend, et un collège de prête dirigé par le père Amédée.
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Discours du maire de Penka-Michel. Sa Majesté Tiaze Fozang Jean Pierre, dans son message de condoléances à la communauté Bamendou en général, et aux familles sinistrées en particuliers, a exprimé la désolation de sa commune face à ce catastrophe qui vient d’endeuiller le groupement.
Le message de condoléance du maire de la commune de Yaoundé 2e, Yannick Martial Ayissi, a été présenté par l’impresario qui, pour sa part, a également lu un texte hommages rédigé par ses soins. Dans ce texte, la catastrophe de Ngouache a été précédée par plusieurs autres toutes aussi meurtrières, à l’instar de celle de Mbanga Pongo, de Nsam, de Wum.
Sa Majesté Tsidie Gabriel, le chef supérieur du groupement Bamendou, en présentant le bilan détaillé de la catastrophe en ce qui concerne les familles victimes, a écrasé neuf grosses larmes. Il a remarqué que les Bamendou sont réputés s’établir sur des terres dangereuses. Makepe, Mbocko à Douala, Ngouache à Bafoussam, etc. Il faut que cela cesse.
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« Globalement nous avons payé le plus lourd tribut de cette catastrophe dont le bilan officiel fait état de 42 morts desquels nous dénombrons 30 comme ils gisent sur cette esplanade, deux fœtus, 12 blessés encore à l’hôpital régional de Bafoussam, et 14 familles à déplacer. Cette grave situation qui s’est abattue sur nos têtes comme un couperet a emporté à la fois la famille de Nanfack Romain (43 ans), son épouse Kengmo Odette (37ans) enceinte, tous leurs trois enfants (Tsolefack Feulekack Joanito 11ans, Nkuika Frichenelle 8 ans, Bagdouet Bravel 05 ans), sans oublier le fœtus que portait la mère (…) quelle peine ! quel triste sort pour un seul peuple! Hélas ! L’irréparable s’est produit. Nous ne pouvons rendre grâce qu’à Dieu qui dans son infinie miséricorde saura essuyer nos larmes et nous doter des forces nécessaires pour être à l’abri de tels événement dans le futur.
C’est aussi vrai qu’un pan entier de notre avenir s’est effondré par le décès de ces 30 hommes, femmes et enfants à travers lesquels Bamendou pouvait un jour s’enorgueillir de compter parmi eux des valeurs certaines de notre société. L’immuable destin en a décidé autrement, peut-être pour le bonheur divin de chacun et de chacune d’entre nous. C’est la raison pour laquelle à événement spécial nous avons consacré une réaction spéciale en organisant une cérémonie spéciale d’hommages digne des têtes couronnées de ce royaume sur cette place mythique des fêtes (…) en cogitant sur les raisons profondes de cette catastrophes qui a coupé le souffle de vie à plusieurs d’entre nous, on tenterait d’avouer que les pouvoirs publics n’ont pas été pro actifs quant à a responsabilité que leur revenait certes. Les populations qui prennent le risque de s’installer dans les zones dangereuses s’exposent plus que quiconque à de pertes incommensurables. Comme celles que nous déplorons actuellement. A dire vrai, parler de catastrophe de Gouache relève d’une tautologie. Parce que Ngouache signifie étymologiquement zone de rebus où sont déversés les mauvais esprits et parias de Bamougoum. A ce titre personne de respectée ou d’avisée ne devrait y vivre sans peur. Hors mis ce conteste traditionnel, la constitution géophysique de ce terrain le classait comme dangereux à l’habitation. Y avoir une majorité de Bamendou décédés n’appellent-il pas à une profonde réflexion ou interrogation ? La réponse à cette grande problématique dépendra des avis très diversifiés des uns et des autres. Mais ce qui demeure constant c’est que nous reconnaissons tous que Bamendou n’est pas enclin au seul risque de Ngouache qui se trouve dans l’arrondissement de Bafoussam. D’autres zones à risque réputées dangereuses à l’habitation regorgent substantiellement une forte colonie des nôtres à Douala. Je veux parler de Mbocko, de Makepe par exemple. A Yaoundé et dans bien d’autres localités de notre pays. C’est le moment de soumettre ceux qui résident dans ces zones douteuses à une profonde introspection pour activement participer à éloigner de notre groupement une cérémonie aussi triste que celle qui nous réunit présentement. »
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Danse des mègni. Elle a vocation à adoucir les cœurs durement touché, à implorer le Seigneur afin que cette première soit la dernière. Elles ont clôturé par un tour du deuil. Debout, les milliers de personnes présentes ont repris en chœur le deuil.
La purification. Des notables ont procédé au rite de purification du village. Il s’agit de répandre sur le village leur potion magique, pour expier le malheur et assurer la protection à sa population et aux personnes présentes à la cérémonie. Le livre de condoléances est présenté aux autorités pour la signature. Le Ministre Momo Jean De Dieu, le Sous-préfet de Penka-Michel, le Maire et bien d’autres personnalités vont y consigner ce qui restera comme le témoin écrit de cette douloureuse page de l’histoire de Bamendou.
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La nuit est presque tombée sur la place royale, lorsque les familles sont priées de retirer leurs corps. Bamendou sera dimanche le théâtre d’au moins huit cérémonies d’enterrement.
Augustin Roger MOMOKANA