« Face aux défis de la protection et de la préservation de l’environnement dans nos villes qui affrontent une pression démographique sans cesse croissante, et fort de l’aspiration des populations à jouir d’un cadre de vie salubre et sain, la commune de Dschang a fait de cet objectif de développement durable une de ses priorités d’actions à travers une initiative originale de la gestion des déchets ménagers. Ceci dans le prolongement de l’activité déjà menée par l’agence municipale de gestion des déchets (AMGED).» Le Ministre de la Décentralisation et du développement local s’exprimait ainsi depuis la Décharge municipale de Siteu, à Dschang, où il est venu inaugurer l’usine modulaire semi-automatique de tri des déchets.
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 25 juin 2021.
L’usine modulaire semi-autonome de tri des déchets acquise en décembre 2020 à 600 millions francs CFA chez le fabricant français Ar-Val a été inaugurée mardi 22 juin 2021 par le ministre de la Décentralisation et du développement local, Georges ELANGA OBAM. Le Val’Box est un don de l’Etat français pour aider la Commune de Dschang à trouver des solutions innovantes pour traiter ses déchets. Il va donc apporter un confort de travail pour augmenter la productivité des opérateurs du tri.
Cette inauguration qui avait pour scène le site de compostage de Siteu a vu la participation de nombreuses personnalités dont l’ambassadeur de France au Cameroun, S.E. Christophe GUILHOU, le représentant de la Délégation de l’Union européenne au Cameroun, Sébastien BERGEON, le ministre délégué auprès du ministre de la Justice, Maitre MOMO Jean De Dieu, le recteur de l’Université de Dschang, Professeur Roger TSAFACK NANFOSSO, le directeur général du Fonds Spécial d’intervention et d’équipement intercommunal (FEICOM), Camille AKOA, du président de la Région de l’Ouest, Dr Hilaire FOCKA FOCKA, et du sénateur Etienne SONKIN, initiateur du projet de gestion des déchets ménagers [2006] alors qu’il était maire de la Commune Urbaine de Dschang.
« Ces présences nous donnent de marquer notre satisfaction quant aux efforts qui sont faits depuis des années à Dschang pour adresser efficacement la problématique de la gestion des déchets. L’Usine que nous inaugurons ce 22 juin 2021 est le fruit non seulement de la révolution technologique mais aussi de la coopération décentralisée pour laquelle la commune de Dschang se déploie depuis plusieurs décennies aujourd’hui », s’est réjoui Jacquis KEMLEU TCHABGOU, maire de la Commune de Dschang.
La Val’Box est une usine de tri des déchets ménagers modulaires assemblée sous la forme de conteneurs démontables et réajustables à souhait. L’autonomie énergétique de cette ligne de tri semi automatisé est assurée grâce à un dispositif de panneaux photovoltaïques.
Dans leurs discours respectifs le maire de Dschang, le directeur commercial d’Ar-Val, le représentant de la délégation de l’Union européenne, l’ambassadeur de France et le ministre de la Décentralisation et du développement durable ont salué l’acquisition de la Commune de Dschang car, ont-ils souligné, ce Val’Box est le tout premier en Afrique Subsaharienne.
« L’Union européenne se réjouit de l’initiative « ville propre » portée par Mme la Ministre qui permet à la fois de sensibiliser les populations et d’inciter les élus locaux à prendre en compte la problématique des déchets sur leur territoire. Nous regrettons cependant que la gestion des déchets au Cameroun rime trop souvent avec enfouissement des déchets. Dans ce cadre, une initiative tel que celle qui nous réunit aujourd’hui, relativement peu couteuse par rapport à des solutions traditionnelles d’enfouissement des déchets, est à applaudir et à reproduire. » Sébastien BERGEON est le Chargé d’Affaires à la Délégation de l’Union européenne en République du Cameroun.
Cette satisfaction doublée d’admiration est fondée. A travers cette acquisition, qui a un impact négatif sur les avantages tirés de la séquestration du carbone, présente un triple avantage : d’abord en terme de renforcement des capacités de production de compost par la plateforme de Siteu, ensuite en terme de création d’emplois, et enfin en termes d’assainissement de l’environnement.
Si la Commune de Dschang a perdu 1 million de Francs de revenu carbone mensuel, il va lui falloir trouver une nouvelle source de revenue pour combler le gap, ou tout simplement renforcer la capacité de production de la plateforme de Ngui afin d’espérer gagner plus dans la séquestration carbone.
Dans tous les cas, la Commune de Dschang est désormais certaine qu’elle peut transformer la totalité de ses déchets ménagers. Etant donné que la capacité de l’usine est de 30 000 tonnes par an, sachant que la production annuelle des déchets de la ville est estimée à 35000 tonnes. Il lui suffira pour ce faire de renforcer son parc automobile spécialisé afin que la collecte des déchets sur les dépôts soit accrue et que l’usine soit ravitaillée de manière optimale.
« Les efforts de la ville en matière de gestion des déchets sont constants et reconnus. Puisque Dschang a été récompensé en 2018 et en 2019 par le Prix FEICOM de Meilleures pratiques communales de développement local pour les initiatives en termes de gestion et de valorisation des déchets. Aujourd’hui Dschang souhaite améliorer son système de gestion des déchets passant notamment du niveau de collecte de 60% en 2021 soit environ 20 000 tonnes déchets collectés par an », se félicite S.E. Christophe GUILHOU, ambassadeur de France au Cameroun.
Il s’agit, en effet, pour la Commune de Dschang de répondre à la demande sans cesse croissante en compost aussi bien par les producteurs agricoles que par les entreprises, voire l’Etat. Si les agriculteurs sont en plein dans l’agriculture biologique grâce au compost, des industriels tels les Plantations du Haut Penja (PHP) ne détournent plus leur attention de cet amendement organique qui permet de redonner vie au sol tout en favorisant des cultures saines. Par ailleurs, relevons-le, les stades de Japoma à Douala et Olembe à Yaoundé ont sollicité le compost de Dschang pour gazonner leurs aires de jeu.
Le Val’Box est l’expression de la volonté de la France à accompagner le Cameroun dans la mise en œuvre de sa politique de décentralisation par le soutien à la réalisation des projets de développement des territoires. Son acquisition symbolise la volonté de la Commune de Dschang de se faire encore plus propre et plus belle. Tout comme elle vient en soutien à la volonté de cette municipalité de booster l’agriculture biologique qui est un facteur de promotion de la santé humaine. Sans oublier les nombreux emplois que sa mise en exploitation a générés.
« Val’Box ce n’est pas un outil qui a été conçu dans un bureau en France. Il a été conçu avec la ville de Dschang, avec l’AMGED que je remercie d’ailleurs puisque nous avons eu l’occasion de travailler énormément avec eux (…) Val’Box c’est bien l’exemple d’un projet co-construit et nous pouvons tous en être fiers. Nous lançons ce jour l’exploitation d’une usine mécanisée de tri des déchets, ce qui marque le début d’une nouvelle ère, ce qui marque le début d’une nouvelle histoire pour la gestion des déchets au Cameroun. Val’Box par sa simplicité, sa modularité, par sa robustesse est parfaitement adapté et permettra d’augmenter la productivité des opérateurs tout en améliorant leurs conditions de travail. Val’Box permettra de trier en vue du recyclage des déchets » : Blaise METANGMO est le directeur commercial de Ar-Val société leader dans la fabrication des solutions pour la gestion des déchets, et par ailleurs le président de l’Association Ensemble pour l’action Nord-Sud (ELANS).
« La Commune de Dschang, à travers la réalisation de cet important projet, envoie un message clair à l’ensemble des collectivités territoriales décentralisées. Vous pouvez en être fiers en même temps qu’eux. Vous devez prendre conscience des responsabilités qui en découlent. Je ne doute pas que vous saurez partager l’expérience de la commune dont vous avez la charge avec ceux de vos collègues désireux de vous emboiter le pas, et pourquoi pas avec les exécutifs régionaux », le ministre Georges ELANGA OBAM.
Une fois l’usine installée et inaugurée, les perspectives sont claires à l’AMGED. Barthélémy NDONGSON LEKANE est le directeur de cette agence municipale, cheville ouvrière de la mairie de Dschang en matière de gestion des déchets : « L’AMGED éprouve en ce moment un immense sentiment de satisfaction. Parce que lorsqu’on s’est engagé dans la voie de la recherche des solutions à un problème et que l’on y parvient il y a de quoi se sentir heureux. Le plus gros bénéfice de cette machine va s’opérer au niveau de la table de tri qui va nous permettre de séparer le carton, le plastique, et d’avoir des ordures triées de bonne qualité. C’est pour cela que nous envisageons de transformer ces cartons en charbon biologique. Ce qui va faire une rentrée financière supplémentaire au projet de compostage. Le plastic quant à lui sera transformé en deux produits : les pavés écologiques et le biocarburant. C’est dans cette perspective et de quelques autres que nous avons déjà identifiées et sur lesquelles nous travaillons que nous envisageons l’autonomisation de la plateforme.»
L’entretien et la maintenance de cette usine ne pose pas aucun problème car, pendant la phase de rodage, un technicien a été recruté et mis à la disposition d’Ar-Val qui l’a formé. Il pourra saisir le fournisseur à tout moment pour des réparations au-dessus de ses compétences.
La cérémonie s’est achevée par la signature de quatre conventions entre la Commune de Dschang et les communes de Pitoa, Mbouda, Batcham et Kaelé. Il s’agit des collectivités territoriales décentralisées qui se sont engagées à bénéficier de l’accompagnement de la commune de Dschang dans le processus de gestion de leurs déchets.
Pour mémoire, l’usine modulaire semi-automatique de tri des déchets de Dschang est le fruit de partenariat entre la commune de Dschang et la société française Ar-Val SAS. Sa construction a bénéficié du soutien du ministère de Finances français via FASEP innovation verte. Cette acquisition vient ceinturer les déploiements faits depuis 2006 date de la mise en place du projet de gestion des déchets ménagers de la ville de Dschang. Projet pour lequel de nombreux acteurs ont participé, chacun à sa manière : ERA–Cameroun, Nantes Métropoles, GEVALOR, Union Européenne, Tockem-Elans, Université de Dschang, Agence Française de Développement (AFD), Association internationale des maires Francophones (AIMF),GoodPlanet et les associations locales (CEPDEL, ADECOTEC, Tockem) qui assurent la précollecte participatives des déchets auprès des ménages.
Augustin Roger MOMOKANA