
Momokana Augustin Roger dans son village
Chères mesdames,
Nous sommes rentrés dans la semaine du 8 mars. La semaine qui débouche sur la Journée Internationale de la Femme. C’est votre semaine. C’est votre fête. Vous méritez toute notre attention. Vous méritez toute notre affection. La communauté internationale a voulu mettre à profit cette journée du 8 mars pour dénoncer les violences, les discriminations dont certaines d’entre vous sont victimes ou font face de la part des hommes ; et également pour attirer votre attention sur le rôle qui est le vôtre dans la lutte contre les inégalités entre les genres en particulier, et les inégalités sociales en général.
En tant que femmes, c’est-à-dire filles, épouses, mères, mamans, vous n’êtes plus seulement la marmite de la famille, mais aussi le juge et l’arbitre de notre société.
Chères mamans,
Cette année, alors que le Cameroun s’apprête à célébrer la Journée Internationale de la Femme le 8 mars, sous le thème « Intensifier la lutte contre la discrimination envers les femmes: Renforcer le partenariat pour accélérer le développement durable », je souhaite attirer votre attention sur certains maux qui minent notre Cameroun. Je vais vous parler de la crise anglophone et de l’interpellation il y a quelques jours de plus de 200 enseignants qui demeurent détenus dans les cachots des services de sécurité. Je vous épargne du cas de l’avocat tabassé par la gendarmerie et sous les ordres d’une maman, de tous les autres cas que vous connaissez sans doute.
S’agissant de la crise anglophone, il s’agit vous le savez très bien, d’une grève d’avocats et d’enseignants qui a été maladroitement gérée par les autorités policières et gouvernementales de notre pays. Le peuple entier a été scandalisé de constater que l’armée républicaine peut se transformer en une véritable machine contre le peuple, sans que les dépositaires des pouvoirs présidentiel, parlementaire et judiciaire ne puissent s’en émouvoir aucunement. Sans doute consternés par cette inertie maladive, des individus ont sauté sur l’occasion et depuis ils mettent en péril l’intégrité du territoire national, la sécurité des hommes et de leurs biens, la paix et les libertés publiques. On ne serait pas entrain de déployer des milliers de soldats dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. On ne serait pas entrain de fouiller partout pour essayer de retrouver un sous-préfet et un délégué régional enlevés par des inconnus qui ne revendiquent rien, sauf la reconnaissance d’un État fictif. La crise s’est radicalisée. Les dégâts matériels, humains, psychologiques s’amoncellent et sont effroyables.
L’interpellation et la détention d’enseignants indignés quant à lui, relève de l’erreur d’un groupe d’agents de l’État qui ont cru se rendre à l’esplanade du ministère des Finances pour faire entendre leurs revendications, à savoir le paiement de leurs arriérés de salaires et l’application du statuts particulier de l’Enseignant. Ces enseignants ont été encerclés par la police, neutralisés et dispatchés dans divers commissariats de police de Yaoundé. Ont-ils déclaré leur manifestation, ont-ils introduit un préavis de grève ? Ces questions méritent d’être posées, mais elles ne devraient pas influencer notre conviction que le Cameroun n’avait pas besoin d’arrêter et de jeter en cellule des fonctionnaires qui n’ont fait que manifester leur droit à la parole, leur doit à dénoncer les manquements de notre administration.
Comme nous le constatons, ces deux crises qui touchent détruisent en premier notre école, et en deuxième la jeunesse de notre pays en général. Que vaut un pays d’analphabètes ? Que représenterait un pays sans se propres enfants à son service ? Si rien n’est fait, la situation va s’enfoncer davantage et nous serions obligés de faire recours aux amis pour essayer de sauver ce qui pourrait encore l’être, c’est-à-dire notre souveraineté.
Chères mères,
Pour l’amour de la patrie, il est urgent que vous vous posiez la question : « quel avenir pour nos enfants ? » Bien évidemment il s’agit de reconnaître que notre appareil d’Etat à plus de 95% par les hommes. Ces hommes qui ont tout à gagner si vos enfants devenaient des voyous et des analphabètes. Ces hommes qui se bouchent les oreilles face à la tragédie. Ces hommes qui sont vos maris, vos fils, vous concubins. Ces hommes qui vous promettent le paradis en fermant les yeux sur les calamités qui minent votre pays. Ces hommes qui ont oubliés depuis belle lurettes qu’ils sont avant tout des papas, des pères et des maris.
Je pense que vous pouvez les réveiller. Oui vous pouvez les contraindre à se repositionner sur le droit chemin, à prendre conscience de leur démission devant les devoirs qui sont les leurs. Pour ce faire je vous conseille de porter le pantalon jean pendant toute la semaine, de mettre un peu plus de sel dans leur repas, ou encore de les fermer, de les maintenir bloqués dans le WC s’il le faut. Vous êtes la Première Dame du Cameroun, l’épouse du Chef du Gouvernement, celle d’un membre du gouvernement, vous êtes la conjointe d’un parlementaire ou d’un élu local, votre mari est directeur général d’une société d’Etat ou parapublique, vous êtes leader d’association mobilisez vos membres, vous êtes femme ministre, boycottez la parade du 8 mars. Vous êtes l’épouse d’un homme en tenue, emparez-vous de sa tenue de travail et gardez-là loin. Madame, parlez à Monsieur et mettez votre menace à exécution. Ils doivent libérer les enseignants de nos enfants. Ils doivent convoquer une assemblée pour dialoguer avec nos frères « sécessionnistes ».
Cette semaine c’est notre patrie, nos enfants.
Je vous aime femme de mon pays, mères de l’humanité.
MOMOKANA Augustin Roger