
Madame Njoua répond aux questions de Sinotables
La femme se mobilise pour la célébration de la Journée internationale de la femme (JIF). Madame Njoua Annette est la présidente du Réseau des femmes de la Menoua. Elle rappelle dévoile les activités de la célébration dans le département de la Menoua.
Quelle est le message que vous souhaitez passer à la femme qui est en fête le 8 mars ?
Je vous remercie de me donner la parole. Permettez-moi de saluer, avant tout, mes sœurs, mes mamans et mes filles. Cela dit, je voudrais dire à la femme du département de la Menoua que nous avons eu, avec Monsieur le préfet, des séances de travail en vue d’une Journée Internationale de la femme réussie dans la Menoua.
Qu’est-ce que la Journée Internationale de la Femme ?
La journée internationale de la femme n’est pas uniquement la parade du 8 mars. Il y a un ensemble d’activités prévues au cours de la semaine. Il s’agit d’activités d’éducation, de formation de la femme et du renforcement du leadership féminin. La Journée internationale de la femme n’est pas une journée de dérapages, comme l’on a souvent malheureusement déploré.
Il est arrivé que certaines femmes menacent de divorcer à cause du pagne du 8 mars, quand bien même elles sont convaincues que leur époux n’a pas les moyens pour nourrir leur famille, pour assurer la scolarité des enfants, pour acheter des médicaments en cas de maladie. Il faut presque 10 000FCFA pour avoir sa tenue du 8 mars. Ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Je ne souhaite pas que cette édition de la fête expose la famille dans la Menoua.
Quelles sont les activités prévues à cette occasion ?
Il est prévu, le 06 mars en matinée, une marche sportive de lancement des activités de la Journée internationale de la femme dans la Menoua. Dans l’après-midi on se retrouvera à l’Université de Dschang pour une table-ronde.
Cette table-ronde sera l’occasion pour nous d’exposer nos problèmes, d’échanger autour, de recevoir des conseils avisés. Aucune femme ne devrait se dire que comme ça se passe à l’université ça ne concerne que la femme de l’université de Dschang. Je dis qu’autour de la table vous aurez même une bayam sallam, une cultivatrice, etc.
De quoi allez-vous parler exactement au cours de cette table ronde ?
La table –ronde portera sur le thème de la célébration. Comme vous le savez, la JIF 2018 a pour thème « Intensifier la lutte contre la discrimination envers les femmes: Renforcer le partenariat pour accélérer le développement durable ». En tout cas, il sera question d’appeler les femmes et les hommes à vivre en harmonie, dans la paix ; à préserver leur foyer. Cela demande que chaque partie soit tolérante.
Pour la femme c’est toujours l’homme le problème. Vous pensez que les femmes sont saintes ?
Les responsabilités sont partagées. Chacun a sa part de responsabilité lorsqu’il y a un conflit ou une crise. On ne doit pas seulement accuser l’homme. Vivre en harmonie demande l’implication de chacun et de tous. Ça demande que chacun essaie de se dire que l’autre est faillible.
Vous avez parlé des formations. En quoi consistent-elles ?
Nous allons former les femmes à la conservation de la tomate, par exemple. Cela va permettre à nos ménagères de garder leurs tomates pendant trois voire cinq ans sans qu’elles ne pourrissent. Elles n’auront pas besoin du frigo pour ce faire. En plus, nous avons beaucoup de fruits dans notre département. Pour cela un autre axe de la formation portera sur la transformation de fruits en confitures. Nous allons leur montrer comment faire des confitures à base de l’ananas, de la pastèque, de la mangue, etc. On peut le faire pour nos enfants, ce qui nous permettrait de réaliser des économies sur notre budget. Ce sera le 6 mars à partir de 8heures, à la Maison de la Femme et de la famille, en face de la préfecture ou de la sous-préfecture.
Et quoi d’autre ?
Il y aura également une campagne de dépistage du cancer de sein, du cancer du col de l’utérus, du sida, de l’hépatite. On leur apprendra à contrôler leur tension artérielle. Ce sont des maladies qui font des ravages dans notre société. Pour cela nous devons en avoir des connaissances essentielles enfin de minimiser les risques d’attaque ou toute surprise de dernière minute.
Quel est l’objectif précis de ces formations ?
Celle [Carol Adams] qui nous a transmis ce savoir-faire avait commencé pour nourrir sa propre famille. Progressivement est née une demande de proximité. Et aujourd’hui dans son pays, aux Royaumes Unis, elle est devenue un grand fournisseur de confitures et de sirop. Ceci pour dire que ces formations visent à doter les bénéficiaires de savoir-faire devant les aider à nourrir leur famille et à envisager des possibilités de création d’entreprise.
Y a-t-il des recommandations particulières pour la parade du 8 mars?
Je demande à chaque femme de venir avec son arbre de paix. Nous voulons saisir l’opportunité de cette fête pour faire passer le message de la Femme dans la Menoua : nous ne sommes pas pour le désordre dans notre pays. En tout cas cela ne passera pas avec la complicité de la femme. Tout ce que nous demandons, c’est la paix dans notre pays.
S’agissant de la tenue, puisque c’est la grande attraction, nous ne voulons pas voir des femmes avec le dos ou le vendre dehors. La femme est un être précieux. Les hauts talons ne sont pas conseillés.
Mais je tiens déjà à rendre hommage à la femme de la Menoua car, l’année dernière, les dames ont respecté les consignes. En plus elles étaient disciplinées. Nous souhaitons que ce soit le cas cette année également. Mais comme on a l’habitude de dire, la répétition est mère de l’éducation.
Qui peut prendre part à la parade du 8 mars ?
Toutes les femmes peuvent prendre part au défilé du 8 mars. Mais elles doivent appartenir à des associations de femmes. Pour celles qui n’appartiennent pas aux associations ou qui n’ont pas de tenue de fête, le Préfet de la Menoua a demandé qu’elles soient de la fête. Voilà pourquoi nous allons former leur carré afin qu’elles défilent comme toutes les autres femmes.
Les femmes savent comment ça se passe. Chaque association, pour prendre part au défilé, doit au préalable se faire enregistrer à la délégation de la femme et de la famille. Nous demandons à ces associations de mettre la main dans la poche en vue d’une parfaite organisation.
Quelle place attribuez –vous au pagne du 8 mars ?
La tenue c’est bien. Mais j’ai dit qu’il n’est pas admissible qu’une femme détruise son foyer à cause du pagne du 8 mars. Aucune femme ne peut me dire que son mari ne lui a jamais acheté une belle tenue. Voilà pourquoi je demande à celle qui n’a pas eu la possibilité de s’offrir le précieux pagne du 8 mars de se mettre tout simplement dans sa tenue du dimanche pour venir à la fête. Avant le 8 mars je leur donne rendez-vous le 6 mars, pour les activités citées plus haut.
Je voudrais également dire que le 8 mars n’est pas la journée de la débauche. C’est la journée de mise en valeur de la femme. Nous ne pouvons pas pendant qu’on parle de notre mise en valeur sombrer dans la dépravation des mœurs. Avant d’aller à la fête, chaque femme devra s’assurer que son mari et les enfants auront à manger. En suite et après la fête, si notre association a prévu un repas on y va. Une fois le repas terminé, chaque femme doit rentrer à la maison.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA