
Comment des individus, encouragés par l’Alliance franco-camerounaise de Dschang (AFCD) peuvent-ils se réunir pour parler du livre et du droit d’auteur dans un contexte où chaque citoyen ne jure que par son téléphone androïde ou son Smartphone ?
On a célébré le livre jeudi 30 avril 2021 à l’Alliance franco-camerounaise de Dschang. Brice KAMDEM (auteur-éditeur), Félix BETBO (auteur-éditeur), Docteur Ange MENZEPO (Juriste) et Nathan (auteur online) sont croisé leurs regards sous la modération de Preston KAMBOU.
« Nous avons évoqué la place du livre dans notre société parce qu’on a l’impression que le livre n’est pas la chose la plus partagée au Cameroun. Alors que ça devait être au centre de nos attentions. Parce qu’on ne peut pas construire une société sans livre. Alors que nous sommes dans la perspective où on nous annonce que le Cameroun devrait être émergent à l’horizon 2035. Je crois qu’il faudra compter le livre et la lecture dans ce plan gigantesque qui permettra au pays de sortir de sa situation actuelle » : Félix BETBO est le responsable des éditions Muntu.
Ils se sont posés tous types de questions pour aborder cette double problématique autour du livre : qu’est-ce qu’un livre ? Quel est le processus de fabrication d’un livre ? Quels sont les différents genres littéraires ? Naît-on ou devient-on écrivain ? Comment les auteurs ou écrivains sont-ils rémunérés ?
Autant de questions qui ont permis aux panélistes et à l’auditoire de s’accorder sur un fait : « écrire est un don » d’où le respect que la société accorde aux écrivains. Mais pour écrire il faut apprendre à lire. L’activité de lecture procure deux avantages : la découverte des univers inconnus ou méconnus d’une part, la compréhension du processus de création d’une œuvre littéraire autre part.
Ainsi toute personne qui souhaite devenir un « grand » devrait choisir parmi la pléthore son genre littéraire (roman, poésie, théâtre, nouvelle, essai, manuel, biographie, etc.) trouver parmi les auteurs quelques idoles dont il maitriser l’art, et si possible se rapprocher d’eux pour échanger avec eux afin de mieux appréhender leurs vision et leurs techniques d’écriture.
De ce point de vue, l’AFCD offre aux lecteurs plus de 5000 volumes dans divers genres littéraires. En plus, elle a cette facilité d’inviter des auteurs à échanger avec le public sur leurs œuvres dans le but d’animer la scène littéraire et d’encourager l’éclosion du génie littéraire chez les adhérents de sa bibliothèque.
« Le livre est un descendant du papyrus, un descendant des peaux d’animaux, un descendant de ces textes qui étaient anciens. Maintenant c’est à travers le livre que nous devons écrire, consigner notre façon d’être, notre façon de penser. Si nous ne pouvons pas mettre sur du papier notre façon d’être, notre façon de penser, notre façon de manger, qu’est-ce que nous allions donner au cours de ce rendez-vous du donner et du recevoir ? »
D’ailleurs, selon Willy EKOM le directeur de l’AFCD, l’idée d’organiser la journée du livre et du droit d’auteur participe de la volonté de son organisation de montrer la portée qu’a le livre, de parler aussi de l’industrie éditoriale. Le tout pour faire comprendre au public que le tout n’est pas d’écrire, mais qu’il faudrait avant tout être un bon lecteur. Cette recommandation a été reprise par les auteurs et à l’intention de nombreux jeunes qui aspirent au métier d’écrivain.
« Il y a des choses qui sont prévues. Lorsqu’on se rend compte qu’au sein du MINAC il y a un service qui doit promouvoir l’écriture, et que sur le terrain on constate que cela n’est pas fait, il y a des questions qu’on doit se poser. Est-ce un manque de volonté politique de mise en œuvre effective de ce qui avait été pensé ? Est-ce plutôt l’absence de moyens financiers ? Il faille développer des stratégies qui permettront à ce que ce qui est consigné dans les textes puissent être effectif sur le terrain. »
Dr Ange MENZEPO a détaillé le droit d’auteur, de sa place à son importance dans l’industrie éditoriale, à sa structuration au Cameroun où le droit d’auteurs est géré à deux niveaux ; au niveau administratif (avec l’existence du ministère des Arts et de la culture d’une cellule du livre) et au niveau civile avec la création de la Sociladra (Société Civile des Droits de la Littérature et des Arts Dramatiques) et qui collecte et répartie le droit d’auteur aux écrivains affiliés. Le droit d’auteur étant perçu comme le fruit du labeur de l’écrivain.
Augustin Roger MOMOKANA