
JOURNÉE MONDIALE DU TOURISME
Que répondre à ces enfants engagés dans la filière tourisme et dont les lendemains ne sont que d’épais nuages ? Comment calmer ces enfants qui regrettent d’avoir foncé dans une porte qui ne leur garanti aucun avenir ?
Le 25 septembre dernier, lors d’une table ronde, à l’Alliance franco-camerounaise de Dschang, dans le cadre de la célébration de la 40e journée mondiale du tourisme, les jeunes de la filière tourisme di lycée technique de Dschang ont craché un gros morceau sur le gouvernement.
Visiblement, et à écouter certaines interventions, les jeunes semblent regretter leur choix. La filière tourisme ne leur offre aucune garanti d’emploi après le diplôme de baccalauréat.
Voici le témoignage émouvant d’un bachelier de la première cuvée r en quête d’emploi
« En Seconde on n’avait pas la Première. En Première on n’avait pas la Terminale. On nous a dit qu’après le Bac nous aurons une filière tourisme à l’université. J’ai obtenu le Bac. Je me suis battu pour solliciter du travail dans des hôtels, et à chaque fois on m’a répondu que nous n’avons pas la qualification requise pour travailler dans un hôtel. Pendant que nous étions en Terminale, mes camarades et moi avions décidé de mettre sur pied une association qui va nous permettre de créer une entreprise. Une fois en stage à Bafoussam nous nous sommes rapprochés de la délégation régionale du tourisme pour savoir si nous pourrions alors bénéficier de l’appui du gouvernement. Madame le délégué régional nous a répondu que cela n’était pas automatique.
Nous n’arrivons pas à comprendre cela. Car tous les jours nous observons que le gouvernement finance des projets dans le secteur de l’agriculture. Pourquoi cela n’est-il pas possible dans le tourisme qui est un secteur de grande croissance? Certains pays, nous le constatons, se sont développés grâce au tourisme.
Je déjà sollicité tellement d’emploi qu’actuellement, je ne sais plus où aller. Je suis titulaire d’un Bac en tourisme. Je veux un emploi puisque je n’ai pas les moyens pour m’auto-employer. Je ne peux pas avoir d’emploi. Je devrais donc poursuivre mes études. Mais je n’ai pas la possibilité de débourser 300 000 FCFA, ou 400 000 FCFA dans un institut privé d’enseignement supérieur. Un ami m’a conseillé de m’inscrire en première année Géographie à l’université. Ce qui me permettrait de pouvoir, au terme de mon admission en 3e année de licence, me réorienter en licence professionnelle de Tourisme. C’est pénible et il faut que le gouvernement essaie de revoir sa politique… il faut qu’il essaie de voir comment nous aider. »
Cette situation d’un bachelier de la filière tourisme dans nos lycées techniques traduit une situation générale des enfants engagés dans certaines filières de l’enseignant technique au Cameroun. En toute naïveté ils se sont lancés croyant avoir saisi l’opportunité de réaliser leur rêve. Mal leur en a pris à la découverte des réalités de la formation.
Au lieu de créer des filières professionnelles le gouvernement s’est contenté des filières techniques, où la frontière entre la pratique et la théorie se dessine telle la distance entre la terre et la lune. Notre gouvernement est un grand malade qui, connaissant mieux que quiconque les maux qui minent la société, se donnent malheureusement tous les moyens pour ne pas leur apporter les solutions idoines.
Pourtant si ces enfants avaient été formés pour obtenir un CAP en restauration, ou un BT voyage ou accueil, c’aurait été nettement plus bénéfique qu’un vague probatoire et baccalauréat sans substance. Dans la mesure où, en réalité, les formations offertes devaient viser prioritairement l’auto-emploi, la création d’emploi, et finalement la mise à disposition d’une main d’œuvre qualifiée. Ce dont a besoin notre secteur touristique pour devenir compétitif et créateurs de ressources, générateur de croissance.
Augustin Roger MOMOKANA